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siemens VDO-TOULOUSE

Une grève exemplaire… qui a gagné !

Du 21 au 24 novembre 2006 les salariés de l’usine Siemens VDO de Toulouse, rejoints ensuite par les salariés de Siemens Boussens, ce sont mis en grève et ont réclamé une augmentation de salaire prise sur les bénéfices de 65 millions d’euros de l’entreprise. La revendication de départ était de 150 E pour tous. 40 E ont été obtenus. Le Piment Rouge, qui a rendu compte de cette lutte exemplaire dans son dernier numéro, a rencontré Luc Sénéchal et Olivier Grimoux, deux des élus syndicaux qui ont mené ce combat avec les salariés. Interview…

Le Piment. Quelles ont été les causes du mécontentement ?

Luc Sénéchal. Cela a commencé par les négociations salariales où nous n’avions obtenu que 2 % d’augmentation. Il y avait eu une assemblée générale, mais pas une grosse mobilisation des salariés pour peser sur les négociations. On nous avait alors présenté une situation alarmiste. Nous avons donc 2 % d’augmentation, les salariés sont insatisfaits, mais ils attendent tous les augmentations individuelles, car tout le monde n’a pas 2 % une fois que c’est redistribué. Arrive ensuite la redistribution individuelle, les salariés espéraient avoir plus que les 2 %, mais beaucoup d’entre eux ont moins que 2 % voire même aucune augmentation et cela commence à gronder dans l’entreprise. Alors que les bénéfices annoncés lors des négociations salariales étaient de 40 millions d’euros, les chiffres annoncés en fin d’exercice étaient de 65 millions d’euros.

Le Piment. Ces bénéfices concernent-ils Siemens France ?

Olivier Grimoux. Non, seulement Siemens Toulouse, Foix, Boussens. Et pour donner une comparaison la masse salariale de l’entreprise représente 130 millions d’euros. Ils font donc de gros bénéfices et il y a donc eu conjonction entre les faibles augmentations et les bénéfices importants réalisés par l’entreprise. Voilà donc la cause du mécontentement.

Le Piment. Comment s’est donc déroulée la grève ?

Luc Sénéchal. Suite à cela nous [la CGT] avons fait un tract appelant à une assemblée générale pour discuter avec les salariés de cette situation. À cette première AG (le 16 novembre) il y avait une très bonne participation, environ 350 salariés sur 1200 présents sur site. Les salariés expriment leur mécontentement et l’AG décide d’écrire une motion présentée lors d’un comité d’entreprise [CE] le 20 novembre. Cette motion demandait au vu des résultats obtenus finalement par l’entreprise (65 millions d’euros au lieu de 40 millions) une augmentation plus conséquente et ainsi récupérer une part du gâteau.

Olivier Grimoux. Suite à cette AG nous avons fait un tract pour prévenir les salariés que nous allions présenter la motion au CE du lundi et annoncer qu’il y aurait le lendemain du CE un compte rendu de cette présentation lors d’une deuxième AG (le 21 novembre.) À cette deuxième AG il y avait 450 salariés (100 de plus qu’à la première). Nous avons fait le compte rendu de la réponse de la direction à la motion proposée par la première AG. La direction nous renvoyait à une hypothétique négociation avec l’ensemble des syndicats une semaine plus tard. L’AG a trouvé la réponse de la direction insatisfaisante et les salariés voulaient une réponse immédiate et ont donc décidé un débrayage de 2 heures et d’apporter cette revendication à la direction et l’on a aussi voté la revendication de 150 E pour tous. C’est donc une représentation élue de l’AG et les élus CGT qui sont allés porter cette revendication à la direction. Deux heures plus tard la réponse de la direction a été apportée par cette délégation aux salariés. Elle a été jugée non satisfaisante et donc rejetée. Et l’AG a voté la grève reconductible. À partir de là, la reconduction de la grève était votée à chaque changement d’équipe (6 h, 14 h, 22 h). Le deuxième jour a été voté le paiement des jours de grève.

Le deuxième jour ont aussi commencé les négociations avec la direction qui faisait la proposition d’une augmentation de 22 E pour tous ou bien une prime de 1100 E. Après un débat, la prime a été refusée et tout le monde a été d’accord pour réclamer une augmentation uniforme pour tous. Cette revendication a été chaque fois débattue en AG et chaque fois maintenue. Le troisième jour la direction nous a proposé 40 E mais elle ne payait toujours pas les heures de grèves ; donc la grève a été maintenue une demi-journée supplémentaire pour obtenir un jour de congé et des aménagements pour que les salariés puissent récupérer les heures de grève sur six mois sans que cela ne pèse sur leurs salaires.

Le Piment. Quelle a été l’ampleur de la mobilisation ?

Olivier Grimoux. Sur Toulouse, la fabrication a été totalement arrêtée, c’est-à-dire que tous les ouvriers étaient en grève (sur 330 ouvriers, il y en avait 300 en grève), mais les AG étaient suivies par 800 personnes, ce qui veut dire qu’il y avait des personnels des bureaux d’études et des labos (ingénieurs et techniciens) et c’est la présence de cette catégorie de personnel qui a donné le moral aux salariés de la fabrication pour tenir et rester trois jours et demi en grève.

Le Piment. Quelle a été l’attitude de la direction et est-ce qu’il y a eu des tentatives d’intimidation ?

Olivier Grimoux. Innombrables.

Luc Sénéchal. La direction disait que l’on truquait les votes. Ils nous regardaient de leurs fenêtres lorsque l’on faisait voter une équipe alors que d’autres salariés étaient présents en disant que l’on avait fait voter la continuité de la grève alors qu’il y avait que 70 votants sur l’ensemble. Ils ont aussi donné ordre à la société qui alimente les distributeurs de sandwiches et de café de ne pas venir approvisionner la cafét ou se réunissaient les AG, ils ont donc essayé d’affamer les grévistes. Je n’y croyais pas, mais j’en ai eu la confirmation par un salarié de cette entreprise. Et ils ont aussi envoyé un huissier pour faire constater des éventuelles dégradations : la seule chose constatée c’était la présence de Scotch sur les vitres.

Olivier Grimoux. La direction a demandé à des techniciens qui connaissent les machines de remplacer les grévistes sur les chaînes de production. La majorité d’entre eux a refusé et certains se sont même mis en grève après cela.

Luc Sénéchal. Et à la dernière AG du vendredi où se pose la possibilité de continuer la grève et de passer le week-end, majoritairement on sentait que les salariés été prêts à céder sur les 40 E d’augmentation. Cela était mesurable, mais il fallait le voter et, coup de théâtre, on voit arriver plein de chefs de services accompagnés de non-grévistes pour venir noyauter l’AG et voter la reprise. Le résultat a été à l’opposé de calmer les esprits, les salariés se sont sentis agressés par ces méthodes. Olivier a réussi à calmer les esprits et a permis aux directeurs de s’exprimer, mais ensuite de laisser les grévistes voter la suite du mouvement, et cela a été à deux doigts de durcir le mouvement, mais la reprise a été votée majoritairement.

Le Piment. Quelles étaient les organisations syndicales dans la lutte ?

Olivier Grimoux. La CGT, rejointe le deuxième jour par la CFDT. Les autres organisations syndicales (FO, CGC, CFTC) n’ont pas pris position ni sur le mouvement, ni par tracts, et se sont tenues à l’écart.

Le Piment. Et les adhérents de ces syndicats étaient-ils en grève ?

Olivier Grimoux. Oui, il y avait des adhérents et des sympathisants de ces syndicats qui étaient en grève. Mais ce n’était pas notre position dans les AG de condamner les autres syndicats. Nous voulions que les salariés prennent en charge l’organisation de la grève ; ce qu’ils ont d’ailleurs fait en prenant en charge la presse et quantité d’aspects de la vie de la grève, comme l’organisation de manifestations dans le site, et, une fois le mouvement lancé, les salariés n’ont pas besoin de syndicats pour organiser la grève.

Luc Sénéchal. D’ailleurs au cours des trois jours et demi de grève, il n’y a pas eu de mauvais gestes et tout s’est passé dans une bonne ambiance y compris vis-à-vis des non-grévistes.

Olivier Grimoux. Il y avait 800 salariés aux AG, ce qui est beaucoup. En 2002, nous avions fait grève, surtout le personnel de la fabrication, et nous étions à l’époque 400 salariés en AG. Cette année, nous étions le double, ce qui est énorme et massif. Nous étions même soutenus par les non-grévistes ; tous ceux qui n’étaient pas en grève soutenaient le mouvement malgré tout.

Luc Sénéchal. Les jeunes ingénieurs souffrent aussi à l’embauche, ils ont des salaires très bas, avec parfois aucune augmentation, ils ont besoin de se loger, et ils voient bien que leur pouvoir d’achat baisse. Ils sont coincés, ce qui explique aussi pourquoi ils se sont mobilisés si massivement.

Le Piment. Pouvez-vous, déjà, jugez de l’impact de votre mouvement sur les autres usines Siemens ou sur la région ?

Olivier Grimoux. Non, pour le moment on ne peut pas, mais on peut voir l’impact dans l’usine, car il y une satisfaction qui a été exprimée par les salariés depuis. Ils sont très satisfaits du mouvement, d’avoir fait grève. Il y a eu une petite insatisfaction d’une centaine de personnes qui voulaient continuer le mouvement jusqu’à l’obtention des 150 E et elles avaient raison, mais il a fallu voir si on pouvait ou non continuer le mouvement. Il y a eu débat pour mesurer la force que l’on avait, donc une partie des salariés est prête à d’autres combats, car les 150 E c’était juste de les demander et que 40 E ce n’était pas suffisant, mais une autre partie des salariés était satisfaite des 40 E et c’est ce qui est sorti des AG.

Luc Sénéchal. Même les non-grévistes, car certains salariés ont peur des pressions et n’osent pas se mettre en grève, mais ils ont exprimé à leur façon leur soutien, par exemple en refusant de remplacer les grévistes sur leurs postes ou en participant financièrement au soutien de la grève. Au-delà des 40 E, nous avons gagné une solidarité et une cohésion entre les salariés avec beaucoup de discussions partout dans l’usine et tous les salariés vont bénéficier de ça dans les prochaines luttes.

Propos recueillis par

Julien T. et Patrice C.

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