GRANDE DISTRIBUTION: Au royaume de la précarité, les serfs se rebiffent
Le commerce regroupe 636000 salariés, pour l’essentiel payé au SMIC. La hausse des prix y est immédiatement palpable vu la proximité des rayons, la misère des salaires aussi. Le patronat y est un des plus inflexibles et la chasse aux syndicalistes et aux fortes têtes est le sport favori de cette bourgeoisie qui compte parmi les plus grosses fortunes françaises. La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) organise ces dirigeants et en veut encore plus : obtenir du Parlement l’ouverture le dimanche. Mais à force de brimades et de fiches de paye dérisoires les salariés agissent et s’organisent.
Pour la première fois dans le commerce, FO, CGT et CFDT appelaient l’ensemble des salariés de toutes les enseignes à se mobiliser le 1er février 2008. Cette journée était organisée pour faire pression sur la négociation nationale de la branche commerce concernant la grille des salaires qui n’a pas bougée depuis cinq ans. Il faut savoir que dans les trente et une branches de ce secteur, vingt-quatre sont en dessous du SMIC! Les revendications portaient aussi sur la possibilité pour les temps partiels de passer à plein temps et contre le travail dominical.
La mobilisation est allé bien au-delà des espérances. De nombreux magasins se sont retrouvés avec une ou deux caissières sur la ligne. Des chaînes comme Carrefour ou Auchan ont été massivement touchées par cette grève. Dans notre région, le point d’orgue a été atteint à Portet-sur-Garonne. Près de 500 grévistes y ont manifesté dans la galerie marchande et dans les magasins aux alentours, entraînant des débrayages spontanés.
Du côté du patronat, Michel Édouard Leclerc proposait une augmentation des salaires si l’État prenait en charge le peu de cotisations sociales encore payées par l’employeur. Jérôme Bédier, le président de la FDC, déclarait «ne pas comprendre ces grèves», il apportait aussi une solution pour en finir avec le temps partiel des caissières : le recours aux caisses automatiques! Mais il évoquait aussi un mouvement plus «politique». Justement la force du thème du pouvoir d’achat, la proximité des élections municipales et le succès de la grève appelaient à continuer
à battre le fer avant qu’il ne soit aussi dur qu’une fin de mois de caissière.
Malheureusement ce front syndical uni s’est immédiatement fissuré. Quelques jours après cette grève historique, FO acceptait les propositions patronales sous prétexte «de véritables négociations sur les temps partiels» et d’«un engagement formel à ouvrir une négociation si le
SMIC venait à augmenter plus tôt que prévu». Dans le même temps les autres directions syndicales tentaient de proposer aux salariés une journée d’action pour le lundi de Pâques, un des rares jours fériés respectés dans le commerce.
Cela sous prétexte de la difficulté à mobiliser. Après la journée du 1er février, on croit rêver. Finalement les salariés syndiqués et non syndiqués ont réussi à imposer des actions pour la semaine avant Pâques. Malgré l’éparpillement syndical et l’éloignement du 1er février on a compté cette semaine-là des grèves qui regroupaient de 15 à 30 % du personnel de la grande distribution, avec des pointes dès que des actions de soutien avaient lieu devant ces magasins.
Souvent le pessimisme était de mise sur les capacités à se mobiliser d’un salariat qui réunissait tous les facteurs pour rester docile : éclaté, précarisé,jeune, féminisé et sans syndicats implantés. Mais quand les salaires ne permettent plus de payer le loyer ou l’essence pour aller travailler, quand les heures de travail empêchent de voir sa famille ou ses amis, le travailleur
aussi précarisé qu’il soit est amené à se battre. L’intérêt de ces journées à été de montrer à ces salariés qu’ils n’étaient pas seuls à se sentir exploités et harcelés pour des clopinettes, que malgré la peur ils pouvaient ensemble peser sur les propriétaires et les actionnaires. Et cela se ressent immédiatement.
De nouvelles sections syndicales se sont ouvertes dans la région, de nouveaux délégués syndicaux ont été nommés, des contacts à la base se nouent avec les petites unités de quelques salariés, des grèves pour les salaires ou les conditions de travail se déroulent en permanence.
La situation semble favorable pour préparer les prochains rendez-vous qui auront lieu en mai quand le projet de loi de modernisation de l’économie sera examiné au Parlement. Projet qui prévoit entre autres l’ouverture des magasins le dimanche, proposition qui fait l’unanimité
des employés du commerce contre elle. Le royaume de la précarité a encore quelques jours devant lui, mais les damnés de la distribution ont commencé à se lever… et ça fait beaucoup de monde!
Lemmy Melt
Infos sur le commerce et services dans la région toulousaine sur le blog de l’UL CGT du Mirail, en pointe dans cette branche : ulcgtmirail.over-blog.com
Pour la première fois dans le commerce, FO, CGT et CFDT appelaient l’ensemble des salariés de toutes les enseignes à se mobiliser le 1er février 2008. Cette journée était organisée pour faire pression sur la négociation nationale de la branche commerce concernant la grille des salaires qui n’a pas bougée depuis cinq ans. Il faut savoir que dans les trente et une branches de ce secteur, vingt-quatre sont en dessous du SMIC! Les revendications portaient aussi sur la possibilité pour les temps partiels de passer à plein temps et contre le travail dominical.
La mobilisation est allé bien au-delà des espérances. De nombreux magasins se sont retrouvés avec une ou deux caissières sur la ligne. Des chaînes comme Carrefour ou Auchan ont été massivement touchées par cette grève. Dans notre région, le point d’orgue a été atteint à Portet-sur-Garonne. Près de 500 grévistes y ont manifesté dans la galerie marchande et dans les magasins aux alentours, entraînant des débrayages spontanés.
Du côté du patronat, Michel Édouard Leclerc proposait une augmentation des salaires si l’État prenait en charge le peu de cotisations sociales encore payées par l’employeur. Jérôme Bédier, le président de la FDC, déclarait «ne pas comprendre ces grèves», il apportait aussi une solution pour en finir avec le temps partiel des caissières : le recours aux caisses automatiques! Mais il évoquait aussi un mouvement plus «politique». Justement la force du thème du pouvoir d’achat, la proximité des élections municipales et le succès de la grève appelaient à continuer
à battre le fer avant qu’il ne soit aussi dur qu’une fin de mois de caissière.
Malheureusement ce front syndical uni s’est immédiatement fissuré. Quelques jours après cette grève historique, FO acceptait les propositions patronales sous prétexte «de véritables négociations sur les temps partiels» et d’«un engagement formel à ouvrir une négociation si le
SMIC venait à augmenter plus tôt que prévu». Dans le même temps les autres directions syndicales tentaient de proposer aux salariés une journée d’action pour le lundi de Pâques, un des rares jours fériés respectés dans le commerce.
Cela sous prétexte de la difficulté à mobiliser. Après la journée du 1er février, on croit rêver. Finalement les salariés syndiqués et non syndiqués ont réussi à imposer des actions pour la semaine avant Pâques. Malgré l’éparpillement syndical et l’éloignement du 1er février on a compté cette semaine-là des grèves qui regroupaient de 15 à 30 % du personnel de la grande distribution, avec des pointes dès que des actions de soutien avaient lieu devant ces magasins.
Souvent le pessimisme était de mise sur les capacités à se mobiliser d’un salariat qui réunissait tous les facteurs pour rester docile : éclaté, précarisé,jeune, féminisé et sans syndicats implantés. Mais quand les salaires ne permettent plus de payer le loyer ou l’essence pour aller travailler, quand les heures de travail empêchent de voir sa famille ou ses amis, le travailleur
aussi précarisé qu’il soit est amené à se battre. L’intérêt de ces journées à été de montrer à ces salariés qu’ils n’étaient pas seuls à se sentir exploités et harcelés pour des clopinettes, que malgré la peur ils pouvaient ensemble peser sur les propriétaires et les actionnaires. Et cela se ressent immédiatement.
De nouvelles sections syndicales se sont ouvertes dans la région, de nouveaux délégués syndicaux ont été nommés, des contacts à la base se nouent avec les petites unités de quelques salariés, des grèves pour les salaires ou les conditions de travail se déroulent en permanence.
La situation semble favorable pour préparer les prochains rendez-vous qui auront lieu en mai quand le projet de loi de modernisation de l’économie sera examiné au Parlement. Projet qui prévoit entre autres l’ouverture des magasins le dimanche, proposition qui fait l’unanimité
des employés du commerce contre elle. Le royaume de la précarité a encore quelques jours devant lui, mais les damnés de la distribution ont commencé à se lever… et ça fait beaucoup de monde!
Lemmy Melt
Infos sur le commerce et services dans la région toulousaine sur le blog de l’UL CGT du Mirail, en pointe dans cette branche : ulcgtmirail.over-blog.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire