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CONSEIL REGIONAL MIDI-PYRENEES : L’EXPERIENCE DES ELUS 100% A GAUCHE

Par Lucien SANCHEZ

Le 15 mars 1998, la liste 100% à gauche présentée en Haute-Garonne par la LCR réalisait 5,51% et obtenait deux élus, Lucien Sanchez et Eliane Assanelli. Pour rappel, signalons que LO obtenait 23 élus, et que les élus haut-garonnais étaient alors les seuls de la LCR (1). On rappellera également que les scores des listes LCR ont été supérieurs à celui de la Haute-Garonne dans plusieurs départements, mais sans avoir d’élus vu le petit nombre de sieges à pourvoir (dans la Creuse par exemple).

Une surface politique considérablement élargie

Ce succès électoral, totalement inattendu, a eu pour premier effet un quasi doublement des effectifs de la fédération 31 de la LCR en l’espace de quelques mois. La crédibilité électorale et institutionnelle – des bons scores sans élus ne peuvent produire les mêmes effets – a compté pour beaucoup dans le retour à la LCR d’anciens militants sans compter l’afflux de sang neuf des nouvelles générations.

A cela s’est ajouté un renforcement considérable de nos moyens dans la mesure où nous avons pu constituer un groupe politique, bénéficiant ainsi de locaux et de l’embauche d’un attaché de groupe. Pour la petite histoire, cet avantage a résulté non de notre poids politique, mais tout simplement du fait que les Verts n’ont eu que deux élus, tout comme CPNT. La majorité gauche plurielle s’est empressée de modifier le règlement intérieur en abaissant le seuil des groupes de trois à deux élus.

D’une certaine façon, tous ces succès ne constituaient qu’un juste retour des choses dans la mesure où la fédération 31 menait depuis plusieurs années, en avance sur la politique nationale de la LCR, une politique de présence systématique aux élections. Ainsi, pour les législatives de 1997, à l’exception d’une circonscription où nous avions fait le choix de souyenir un candidat Vert (issu dela LCR), nous étions présents avec des scores honorables, dans les sept autres circonscriptions, cas unique en France pour un département aussi important.

La question clé : indépendance vis-à-vis de l’exécutif

Il est incontestable que notre action a été favorisée par le fait que la région était dirigée par la gauche plurielle. Et comme celle-ci ne disposait que d’une majorité relative, les deux voix 100% à gauche avaient leur importance, en particulier au moment crucial du vote du budget. De ce fait seulement, nous n’avons jamais été en situation de marginalité politique. Encore fallait-il se positionner correctement. Nous avons fait le choix de nous déterminer en permanence sur le fond des dossiers, en dehors de toute considétation tacticienne, en considérant que ce n’est pas nécessairement en votant systématiquement contre la gauche plurielle que nous dégagerions le mieux une orientation 100% à gauche, ou du moins que nous en donnerions la meilleure lisibilité.

Ainsi, alors que, dans le prolongement de la mobilisation des syndicats et associations, nous avions été à l’origine de la mise en oeuvre de la gratuité des transports pour les chômeurs et précaires sur le réseau TER (2), nous avons été amenés à nous abstenir sur le budget 1999 qui mettait en oeuvre cette mesure. C’est pour des raisons similaires que nous nous sommes abstenus sur deux autres budgets (investissements massifs pour les lycées et les transports), mais nous avons voté contre les trois autres budgets de la législature.

Nous avons le sentiment que cette tactique a été bien comprise par les acteurs du mouvement social, et nous a permis de mieux nous faire entendre sur les dossiers importants, ou du moins pour lesquels nous voulions illustrer notre orientation politique générale : subventions aux entreprises (Fortech, Péchiney et le plan concernant la Haute-Ariège, Aéroconstellation, etc), formation professionnelle (Phone consulting), Contrat de plan (budget des routes par rapport aux transports en commun) et certains dossiers spécifiques sur la culture et l’environnement.

Un lien renforcé avec les syndicats et associations

Cette indépendance vis-à-vis de l’exécutif nous a en particulier permis de nouer des rapports de confiance avec plusieurs associations et syndicats. Sans entrer dans les détails, disons que plusieurs associations ou syndicats dont les principaux animateurs étaient notoirement liés aux Verts ou au PCF préféraient discuter avec les élus 100% à gauche de la tactique à suivre pour faire avancer tel dossier qu’avec certains élus de la gauche plurielle. Bien évidemment ils rencontraient aussi tous les autres groupes de gauche, et c’est bien normal puisqu’il leur fallait bien s’adresser à l’exécutif pour présenter leurs revendications. Mais le contact avec notre groupe comportait deux avantages très précieux: la garantie qu’il n’y aurait aucune rétention d’information (sur le contenu des dossiers, sur la tactique à suivre), et l’assurance que, pour autant que nous étions d’accord avec la revendication, nous la défendrions jusqu’au bout, sans faux-fuyant, et sans cette hypocrisie dont est coutumière la social-démocratie et que nous avons pu observer de près.

La connaissance de nouveaux terrains de lutte

Notre expérience a permis aussi à la LCR, localement mais aussi nationalement, d’enrichir sa réflexion, et tout simplement sa connaissance, de sujets et de terrains de lutte desquels elle était le plus souvent absente du fait de sa surface sociale encore réduite et de son extériorité aux institutions. Avant d’entrer au conseil régional, nous n’avions aucune idée de ce que pouvait représenter un Contrat de plan, ce qu’était un SDAGE ou la loi PMPOA (3). Cela n’a pas été facile et face à l’abondance des dossiers, il a fallu sélectionner ce qui était important et ne pas prétendre tout traiter. Mais devant les demandes des associations, il a bien fallu répondre et se former sur des dossiers, je pense en particulier sur certains d’entre eux concernant la culture, l’environnement ou la formation professionnelle. Au final, il est incontestable que notre réflexion collective s’est considérablement enrichie en plusieurs domaines : transports, aménagement du territoire, aides aux entreprises, culture, environnement. Cela nous a permis, au moment des élections régionales de 2004, de sortir un 4 pages transports bien documenté et qui reste encore d’actualité.
Le fait de ne pas avoir d’élus en 2004 (4) a certes donné un coup d’arrêt à cette expérience, mais le capital accumulé pendant six ans reste un acquis précieux pour la fédération et au-delà pour la LCR.

Le poids réel des élus 100% à gauche

On touche là à l’une des principales questions concernant la place des révolutionnaires au sein des institutions. Tout le monde s’accorde à reconnaître la qualité du travail accompli, mais on nous a souvent demandé si nous n’aurions pas été plus efficace en rentrant dans la majorité gauche plurielle du conseil régional. C’était l’argument essentiel des Verts pour justifier leur participation à l’exécutif. La comparaison est intéressante dans la mesure où les Verts disposaient comme nous de deux élus. Certes, ils ont eu accès à davantage d’informations que notre groupe sur les dossiers et sur les orientations de l’exécutif. Mais ce maigre avantage, comme l’avantage dérisoire d’occuper des postes de vice-présidente ou de président de commission (avec de nombreuses contraintes de représentation officielle de l’exécutif) a un prix politique à payer très élevé: l’absence d’indépendance politique et la solidarité de gestion. Les Verts (et le PCF aussi) ont eu à avaler des couleuvres, et non des moindres, qu’il s’agisse de certains budgets ou pour les Verts, le vote du Contrat de plan qui a été désavoué par les adhérents.
Plus concrètement, même avec seulement deux élus sur 91, et par une présence assidue dans le travail des commissions, nous avons le sentiment d’avoir marqué des points et d’avoir réellement pesé sur un certain nombre de dossiers : transports pour les chômeurs, formation professionnelle (dans les critères d’attribution des subventions et le contrôle des créations d’emplois), plusieurs dossiers en culture et environnement, aides aux entreprises, interventions au CTP (mise en place des 35h), adoption de certains voeux en plénière correspondant aux demandes des associations (aménagements de la RN 20).
Au final, on ne voit comment on pourrait prétendre contribuer à la construction d’une alternative politique au social-libéralisme sans préserver comme condition première une totale indépendance vis-à-vis du PS. C’est d’ailleurs ce point qui a fait débat avec l’ A.M.P.(5). Dans les négociations avec le PS entre les deux tours de 2004, cette liste a demandé des vice-présidences et des présidences de commissions tout en revendiquant une non-solidarité systématique de gestion. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, et comme l’AMP n’avait pas un rapport de forces suffisant avec ses 8% face aux plus de 40% de la liste PS-PCF-PRG, l’accord ne s’est pas fait. Et les imprécations vengeresses de l’AMP (au point de sortir un tract appelant à ne pas voter pour le PS au second tour!) ne changent rien au problème politique de fond: l’indépendance politique est incompatible avec la solidarité de gestion.

Un problème de centre de gravité

La participation des révolutionnaires aux institutions de la démocratie élective est toujours problématique. Encore plus dans une institution comme le conseil régional qui ne bénéficie pas d’une légitimité démocratique comparable à celle d’ une municipalité. La plupart de nos concitoyens n’ont pas la moindre idée des compétences d’un conseil régional et ne savent pas du tout ce qui s’y passe. Dans les organes de presse locaux, le compte-rendu d’une séance du conseil municipal d’une ville de 20 000 habitants tient plus de place que celui de la session budgétaire du conseil régional. Dans ces conditions, il n’est pas facile de donner une visiblité publique à l’action des élus au sein du conseil régional. Et on s’ennuie souvent dans des réunions soporifiques, ou à essayer de comprendre quelque chose à tel dossier particulièrement technique. Mais deux éléments ont joué un rôle décisif pour nous permettre de résister, de ne pas se laisser “bouffer” par l’institution :
- la LCR a une orientation politique. C’est cette orientation qui nous a permis de faire la part des choses, de choisir nos terrains de bataille, de ne pas se perdre dans des dossiers secondaires, et de donner ainsi la meilleure visibilité politique avec seulement deux élus.
- mais surtout le centre de gravité de l’activité de la LCR ne réside pas dans les institutions, et l’ensemble de notre travail ne prenait sens que par rapport à l’activité générale de la LCR.

« Et pour en revenir à un débat local, ce sont bien ces deux éléments qui rendent compte des limites de l’expérience des Motivé-e-s. Malgré un score de 14%, quatre élus, une large médiatisation, et l’engouement initial, l’intervention du groupe a manqué de relai, de lisibilité, au point que La Dépêche du Midi a pu titrer, un peu excessivement certes, il y a déjà deux ans: « Mais où sont passes les Motivé-e-s ? ».

De telles listes locales, non adossées à un projet politique national, peuvent connaître des succès conjoncturels, mais ont du mal à trouver leur fonctionnalité et à faire vivre un mouvement politique stable autour du groupe des élus sur la durée. Nous en débattons fraternellement, sans sous estimer le travail accompli, avec les élus de ce groupe au conseil municipal.. Pour notre part, avec seulement deux élus sur 91, nous avons le sentiment d’avoir accompli un travail qui, combiné avec l’intervention générale de la LCR, constitue une référence et un acquis non seulement pour la LCR mais aussi pour tous ceux qui cherchent à construire une alternative au capitalisme et au social-libéralisme. »



Notes:

(1) Rejoints plus tard par deux autres élus dans le Nord et le Finistère.
(2) C’est Eliane Assanelli qui présenta, au nom de tous les groupes de gauche, le voeu initial conduisant à la délibération de fin 1998.
(3) Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux; Plan de maîtrise des pollutions d’origine agricole.
(4) Dont la raison principale, faut-il le rappeler, tient à la modification de la loi électorale.
(5) Alternative en Midi-Pyrénées, liste régionale pour les elections de 2004, regroupant les Verts et l’essentiel de la mouvance qui s’est retrouvée ensuite dans la candidature Bové

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Souscription 2007 / 150000 €
récoltés 94000 €/ manquent 56000 €

Non, la LCR ne sort pas ruinée de l’élection présidentielle : nous avons construit notre budget de campagne de manière à ce qu’il soit couvert, pour l’essentiel, par le forfait de 800000euros accordé par l’État à chaque candidat. D’autres partis ont été moins prudents… Renforcée, non seulement par le nombre de voix qui se sont portées sur Olivier Besancenot, mais aussi par l’écho de la campagne, pour la première fois, la LCR a présenté ou soutenu plus de 500 candidatures aux élections législatives, beaucoup plus que ce que nous avions prévu et budgétisé. Et là, pas de remboursement de l’État.

Mais les activités de la LCR ne s’arrêtent pas à cela :
– Nous voulons que de nombreux jeunes, chômeurs, salarié-e-s précaires puissent participer à notre Université d’été, au-delà des contraintes financières.

– Nous voulons pouvoir être présents, dès maintenant, avec des affiches, des tracts contre la politique de Sarkozy et sa bande de tueurs des droits sociaux et démocratiques.

– Nous voulons que notre hebdomadaire, Rouge, puisse vivre.
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