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FRANÇAFRIQUE: Stratégie en question

Par Paul Martial

En 40 ans, la France a procédé à plus d’une trentaine d’interventions militaires en Afrique, où elle maintient une présence armée permanente. Depuis les années 1990, la France s’oriente vers une nouvelle stratégie visant à l’émergence de forces africaines censées garantir la paix.

La présence militaire française en Afrique ne se résume pas uniquement aux forces, qu’elles soient prépositionnées, comme au Gabon (1000 hommes), à Djibouti (3000) et au Sénégal (1200), ou qu’elles s’inscrivent dans le cadre des opérations extérieures (Opex), comme au Tchad (1100) – opération Épervier –, au Togo – opération Detair –, en golfe de Guinée (300) – opération Corimbe –, en République centrafricaine (200). Elle intègre l’animation d’un réseau, celui des écoles nationales à vocation régionale (ENVR), centres de formation militaire spécialisés dans des domaines allant du perfectionnement du maintien de l’ordre, à l’école d’Awaé au Cameroun, à la formation des membres d’états-majors, à l’école Koulikoro au Mali. Ces écoles, implantées dans les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, sont au nombre de quatorze. Les stages, eux, ont bénéficié, en 2006, à plus de 750 militaires africains, pour la plupart des officiers.

Enfin, il convient d’ajouter les missions de coopération militaire et de défense, présentes dans chaque ambassade. Pour l’Afrique, cela mobilise plus de 300 officiers des différents corps de l’armée française, sans compter les services de coopération technique internationale de police (STCIP). Nous n’évoquons que l’officiel, le légal, et laissons de côté les mercenaires et autres conseillers spéciaux à la sécurité des présidents africains ou des grandes entreprises françaises, qui sont souvent des anciens de la DGSE ou des militaires relevant du commandement des opérations spéciales (COS).

Tout ce dispositif, présenté comme de la coopération, sert surtout à formater les armées du « pré carré » africain de la France, à développer des liens formels et informels entre « frères d’armes » permettant d’affermir un contrôle de l’ancienne puissance coloniale sur les États africains. La France, qui se veut le garant de la stabilité de la région, devient surtout le garant de la stabilité des pouvoirs en place. Un environnement particulièrement propice à la réalisation de juteux profits pour les grandes entreprises hexagonales.

Bases militaires

Si cette situation perdure, c’est parce qu’existe, dans la classe politique, un véritable consensus sur la politique africaine de la France. Consensus pour que ces affaires relèvent du président de la République et, plus précisément, de la cellule africaine ; consensus pour que certaines clauses des contrats liant les pays africains et la France demeurent confidentielles ; consensus pour que les interventions de l’armée puissent s’effectuer en dehors de toute décision – et même information – du Parlement, avec des risques d’autonomisation de l’armée française sur le terrain. Cette situation a permis à l’armée française d’être complice du dernier génocide du xxe siècle, celui du Rwanda. Mais, même cette terrible tragédie n’a pas provoqué de choc salutaire parmi les états-majors des partis gouvernementaux, de droite ou de gauche.

Ainsi, depuis des mois, les troupes françaises combattent directement les rebelles au Tchad, dans le seul but de maintenir le dictateur Idriss Déby empêchant, de fait, toute solution politique. Cette intervention est aussi un facteur de conflit au Darfour, puisque le Tchad soutient les rebelles opposés au gouvernement soudanais. Intervention également en République centrafricaine, où les hommes de la 11e brigade parachutiste encadrent les Forces armées centrafricaines (Faca), coupables de pillages, d’exécutions sommaires et de viols, et bombardent régulièrement la région de Birao. Cette politique est menée en l’absence de tout vote, de tout contrôle, de tout débat, de toute information, sans qu’aucun parti de l’Assemblée nationale s’en offusque vraiment. En fait, c’est assez simple. En France, pour faire la guerre en Afrique, il suffit de dire que l’on défend la paix.

Depuis 1994, la France a opté pour une nouvelle stratégie, baptisée Recamp1. L’idée est de former des bataillons militaires, dans différents pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, capables d’intervenir pour maintenir la paix. Il ne s’agit pas de former une structure permanente, mais seulement de faire intervenir conjointement les différents acteurs.

Cette situation est diversement appréciée par les organisations anticolonialistes. Ainsi, Survie, qui par ailleurs fait un travail tout à fait remarquable et courageux de dénonciation de la politique néocoloniale française, se prononce pour le retrait des troupes françaises d’Afrique, à l’exception de celles qui participent à Recamp. En effet, dans « Les huit propositions de Survie pour une réforme de la politique de la France en Afrique », on peut lire, dans le chapitre « Encadrer strictement la coopération militaire et contrôler les transferts d’armements » : « Fermeture des bases militaires permanentes en Afrique, hormis celles prévues dans le cadre du programme de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp) ».

Déstabilisation

Il convient de noter que, dans l’essentiel des affrontements infra-étatiques en Afrique, les États voisins sont souvent partie prenante, comme c’est le cas au Darfour, où Tchad et Soudan soutiennent chacun les rebelles du voisin, ou au Burkina Faso, soutenant les rebelles du nord de la Côte-d’Ivoire. On voit donc mal des pays fournir des troupes neutres dans des conflits où ils sont impliqués, même marginalement. D’ailleurs, en quinze ans d’existence, si on fait un bilan, le dispositif Recamp est intervenu cinq fois, dont trois de manière marginale. En revanche, là où il a eu un rôle central, il a été totalement inféodé aux exigences de la politique française. Sa première intervention date de février 1997, pour remplacer les troupes françaises qui étaient aux côtés de la garde présidentielle. Son rôle était de protéger le dictateur Ange-Félix Patassé, coupable de crimes de guerre. La seconde intervention a eu lieu en Guinée-Bissau, en 1999, afin remplacer les forces sénégalaises et guinéennes en soutien à la dictature de João Bernardo Vieira.

Recamp ne représente qu’un élément parmi d’autres dans la stratégie colonialiste de la France. Elle s’en sert, soit pour sous-traiter le soutien à des dictatures, soit pour légitimer la présence des militaires français en Afrique, sous prétexte de coopération. Comment peut-on faire confiance à la hiérarchie militaire française, qui a formé toutes les armées africaines et autres gardes présidentielles de son « pré carré », véritable menace pour la démocratie et pour les peuples ? Les exemples récents de la Guinée, du Togo, de la Centrafrique – sans parler du Rwanda –, sont tragiquement éloquents. Plus généralement, ne laissons pas croire que la France, sur le continent africain, soit source de paix ou de défense de la démocratie. Bien au contraire, la France reste un élément majeur de déstabilisation et une source récurrente de guerre.

1. Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix.

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