Pyrénées: Non à la traversée centrale !
Ainsi il n’a pas fallu attendre longtemps après l’élection présidentielle pour que le masque tombe : en prenant position pour la traversée centrale des Pyrénées (TCP), Sarkozy confirme qu’il est le représentant politique des patrons, du transport dans ce cas-là ! Or, il suffit de se poser quelques questions pour comprendre qu’il y a, derrière le projet, un choix de société.
On nous dit : mieux vaut le train que la route. C’est effectivement ce que nous pensons avec les populations alpines qui subissent un trafic de poids lourds insupportable. C’est également pour cette raison que nous avons soutenu les opposants au tunnel routier du Somport qui n’ont guère été entendus par les gouvernements d’aujourd’hui ou d’hier.
Commençons donc par soulager les deux extrémités de la chaîne pyrénéenne en développant les voies maritimes et ferrées et en les imposant au trafic qui ne fait que traverser la France (plus de la moitié du trafic terrestre actuel) plutôt que de réserver tous les fonds pour un tunnel au centre de la chaîne. D’autant que ce tunnel ne détournerait pas le trafic actuel et que le débouché de la voie ferrée, s’il était à Tarbes, se traduirait par une saturation de la plaine tarbaise par les poids lourds ! Ce tunnel serait, nous dit-on, indispensable pour absorber l’équivalent de ce qui transite actuellement aux deux bouts de la chaîne : un doublement du trafic de marchandises à travers les Pyrénées est annoncé comme inéluctable dans les vingt ans à venir !
Les populations de Bayonne et de Perpignan devraient-elles donc se résigner à subir les camions, celle de Tarbes a en faire l’expérience ?
Défendre et étendre le service public
De plus, quand nous jugeons le rail préférable à la route, c’est aussi en pensant au service public, à la SNCF. Nous connaissons les dégâts provoqués par la privatisation des chemins de fer britanniques. Cela n’a pas pour autant empêché les élus du PS au Parlement européen de voter récemment une accélération de l’ouverture des transports ferrés à la concurrence. Est-ce le bon choix ? Nous ne le pensons pas.
Analysons enfin cet accroissement démesuré du trafic des marchandises. Est-il inéluctable ? Est-ce un progrès qui profite à l’ensemble de l’humanité ? Il apparaît, comme dans bien d’autres domaines, qu’il s’agit pour l’essentiel de renforcer la rentabilité du capital au détriment des travailleurs et des populations : il faut réduire les stocks, c’est du capital qui ne travaille pas, mais surtout organiser la circulation des marchandises entre des zones de production où la main-d’œuvre est surexploitée et les marchés solvables qui restent dans les métropoles capitalistes. Les conséquences sont le chômage dans nos pays et la misère dans les pays dominés mais aussi un environnement de plus en plus malmené. Dans cet ordre d’idées, quel est le plus probable : que des entreprises se délocalisant vers Tarbes ? ou que des entreprises tarbaises et régionales profitent du tunnel pour se délocaliser vers le Sud ? Celui qui connaît la vallée des gaves, imaginera facilement aussi ce qu’elle deviendra.
Il est compréhensible que le débat autour de la TCP se focalise sur la défense des vallées et de l’environnement. Cependant, il s’agit, pour nous, de s’opposer à la TCP au nom d’une autre conception des transports, et de la société. En effet, aujourd’hui, la priorité va au tout-camion, et au tout-voiture, générant des coûts sociaux et environnementaux insupportables.
Le transport des marchandises s’est développé trois fois plus vite que la croissance de la production. Le capital financier exige des entreprises des rentabilités à deux chiffres, entraînant filialisations, délocalisations, flexibilité accrue de l’organisation de la production et extension de celle-ci à flux tendu avec le zéro stock qui est en fait un stockage externalisé dans les camions. Et les transports routiers sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre qui entraînent réchauffement de la planète et dérèglements climatiques.
Il faut arrêter cette folie !
Le projet de TCP, porté par les députés des Hautes-Pyrénées, la majorité du conseil régional, le gouvernement de l’État espagnol et maintenant, officiellement, Sarkozy, doit être combattu, dans le cadre d’une autre logique des transports, au service de l’humanité et non des intérêts de quelques-uns.
Christian Zueras,
le 3 juin 2007
le 3 juin 2007
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