AFGHANISTAN Dehors les troupes impérialistes

Fillon a eu beau jeu d’ironiser contre François Hollande, en rappelant que c’était Jospin, avec Chirac, qui avait engagé, en 2001, la France en Afghanistan après les attentats du 11 Septembre. Hollande et le PS disent avoir voulu condamner «le changement de nature de notre engagement
en Afghanistan». Une façon de ne pas condamner leur propre politique passée, mais la seule chose qui ait changé, c’est qu’il est devenu bien difficile de prétendre intervenir au nom de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme, alors que la situation connaît la même dégradation qu’en Irak.
Les talibans sont loin d’être vaincus. La guerre a fait, l’an dernier, 8 000 morts, dont 230 militaires de l’OTAN, et plus de 160 attentats suicides ont eu lieu. Et les statistiques officielles sont loin de rendre compte des souffrances de la population, en particulier des femmes sur lesquelles pèse particulièrement le poids de la guerre. La production d’opium n’a jamais été aussi élevée. Sur les 25 milliards de dollars d’aide internationale promis depuis 2001, seuls 15 sont parvenus à Kaboul.
Sarkozy poursuit un double objectif : gagner les faveurs des États-Unis et, en réintégrant officiellement l’OTAN, se mettre en position offensive pour entamer la présidence française de l’Union européenne. Son alignement sur les États-Unis vise à monnayer une place pour la France dans le cadre d’une future défense européenne.
Le PS n’y est pas réellement opposé. «Je ne suis pas hostile à ce que l’on en discute, mais là encore, il ne faut pas rentrer dans l’OTAN pour rentrer dans l’OTAN, sans la possibilité d’exercer le moindre contrôle politique et militaire», a déclaré Jean-Marc Ayrault. Une opposition pour le moins complaisante.
Il ne faut pas oublier non plus que «l’Afghanistan, avec la grâce de Dieu, est le plus riche pays de la région en minéraux», selon les propos de son ministre des Mines. Son territoire, un peu plus
grand que la France, recèle du cuivre, du pétrole, du gaz, du minerai de fer, ou encore de l’or et des pierres précieuses. Ce qui lui donne non seulement une position stratégique, mais un attrait
pour les capitaux au moment où les prix des matières premières flambent.
Nous avons, nous, toute raison de combattre les ambitions personnelles de Sarkozy autant que celle des financiers. C’est dans ce but que nous avons adressé une proposition de rencontre à l’ensemble des partis de gauche. À Paris, une réunion a eu lieu la semaine dernière à l’initiative du Mouvement de la paix, à laquelle ni le PS ni le PCF n’étaient présents. Une nouvelle réunion est prévue le 22 avril, pour associer le plus largement possible à la mobilisation nécessaire sur les trois mots d’ordre : troupes françaises hors d’Afghanistan, la France hors de
l’OTAN, pas un euro pour la guerre!
Yvan Lemaitre
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