Ce site n'est plus actualisé, toute l'ACTU dela LCR31 est maintenant sur ce site:

GREVE DES SALARIES METRO DE LA BRINK'S:

Aujourd'hui 7e jour de grève.
Grève dure, trés majoritairement suivie, beaucoup de jeunes (avec aussi de jeunes étudiants salariés qui sont en grève), trés remontés car trés méprisés; grève dans une période creuse (vacances) et qui a besoin de solidarité; grève qui pose tous les problèmes que la LCR porte aujourd'hui (salaires, heures sup non payées, arrogance d'un patronnat qui refuse' même de ceder une miette).

Les salariés de la Brink's ont décidé de faire de la journée de demain,

LUNDI 31/12, une grande journée de lutte et mobilisation
à partir de 10h au métro Jean Jaures ( Le temps fort sera sûrement vers 15h ):


- passez nombreuses et nombreux les soutenir

- transmettez l'appel à solidarité par tous vos réseaux.
Un appel à solidarité financière est lancé par l'UL CGT Mirail: argent à apporter sur place (c'est le mieux) ou à envoyer à l'UL CGT Mirail 37 Av de la Reynerie 31100 Toulouse (mention dos chèque: "solidarité Brink's).

Pour plus d'info:
http//ulcgtmirail.over-blog.com/

Si besoin contact: xavier.claret4@libertysurf.fr

Ci-dessous le message de soutien de la LCR :

Toulouse, le 29 décembre 2007
Chers camarades,

La LCR 31 affirme son soutien total à votre lutte. Vos
revendications sont complètement légitimes face à un
patronat qui exprime ici comme partout sa rapacité en niant
les besoins les plus élémentaires pour augmenter toujours
plus ses marges. Votre lutte est salutaire parce qu’elle
permet aussi une nouvelle démonstration de l’entourloupe qui
consiste à faire croire que c’est en faisant des heures
supplémentaires que l’on gagnera davantage.
Entamée en pleine période de fête, votre lutte est
courageuse et mérite que le soutien s’élargisse encore. Nous
sommes disponibles pour participer à un comité de soutien
pluraliste afin de relayer la solidarité avec votre
mouvement dès que vous le jugerez utile.
Enfin, nous vous prions de bien vouloir recevoir ce modeste
don pour la caisse de solidarité des grévistes.
Tous nos voeux vous accompagnent notamment bien entendu pour
un dénouement le plus rapide possible, c’est à dire la
satisfaction totale de vos revendications.
Recevez, chers camarades, nos plus fraternelles salutations.

Pour la LCR 31,
Frédéric Borras

Edito: Le Père Noël est une ordure

Pancarte sur l'augmentation de Sarkozy Copyright : Photothèque Rouge/JR

Paraît-il que le Père Noël Sarkozy n’avait rien dans sa hotte lorsqu’il est venu, une fois de plus, encombrer les ondes des chaînes de télé jeudi 29 novembre. Paroles de journalistes. Vous parlez d’un scoop ! Face à la première préoccupation des Français, en particulier des salariés, à savoir la baisse du pouvoir d’achat, le président n’avait rien à dire de sonnant et trébuchant, si ce n’est son sempiternel « travaillez plus pour gagner plus ». Que pouvait-on attendre de celui qui multiplie les cadeaux fiscaux aux plus riches, exonère toujours plus les patrons et s’octroie sans honte 172 % d’augmentation de salaire?

Et comme bien entendu, pour ne plus parler de ce qui fâche une majorité de travailleurs, nous avons eu droit au couplet sur l’insécurité avec un Sarkozy pourfendeur des voyous, stigmatisant encore et encore les habitants des quartiers populaires et les jeunes en particulier. La recette est éculée mais elle a eu le malheur de fonctionner bien des fois : aux préoccupations sociales, légitimes, la droite arrogante et démago répond discours sécuritaires. Jusqu’à la nausée.
Et quand le thème de l’insécurité a été largement épuisé le président Sarkozy passe à un autre couplet dont on connaît par cœur la chanson : celui des salariés nantis et égoïstes qui refusent les réformes et qui ne veulent pas aller de l’avant ! Vous avez bien compris de qui il s’agissait : des cheminots, des travailleurs de la RATP qui ont eu le toupet mais surtout le courage de refuser le passage en force du gouvernement.

Mais là il faut bien le dire le chef de l’État a été bien secondé durant des semaines entières : jamais les médias, en particulier les JT, ne s’étaient à ce point déchaînés sur les grévistes. En boucle on nous a ressassé « la galère » des usagers, « la prise en otage » de tout un pays, rien que ça. Et si cela va mal dans notre beau pays, ça serait à cause des cheminots ! Un cap a même été franchi puisqu’aux grévistes cheminots a été associé le terme de « sabotage » ! C’est tout naturellement que cette rhétorique nauséabonde a fini dans la bouche de Sarkozy.
Mais qui peut parler de galère aujourd’hui, si ce n’est les millions de salariés qui ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois, à payer leur loyer.

Non, les prix ne baissent pas ! Surtout pas ceux des produits de première nécessité et on ne nourrit pas les gosses avec des téléphones portables ni avec la hot line, services paraît-il plus abordables, info qui doit faire plaisir à des centaines de milliers de smicards !
Et qui « est pris en otage » à l’heure actuelle, si ce n’est les millions de travailleurs entre les mesures ultralibérales et brutales de la droite et l’offensive du Medef et de sa patronne, Laurence Parisot ? C’est le moment de dire quelques mots de cette dernière et des exigences de l’organisation patronale.

Le moins qu’on puisse dire c’est que la patronne des patrons n’y va pas avec le dos de la cuillère : dans un article de la Tribune du 21 novembre dernier, Laurence Parisot préconise purement et simplement de supprimer la durée légale du travail ! Elle rajoute sans rire dans le même article que « la vraie question n’est pas comment contribuer à ce qu’il y ait plus de pouvoir d’achat mais : comment contribuer à ce qu’il y ait plus de croissance ». La réponse coule de source, toujours sans rire : « Pour moi [Laurence Parisot], il y a deux axes principaux à travailler, comment on fait pour baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises, c’est prioritaire, et deuxième chose, accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail. » Pour le premier axe, les exonérations, c’est déjà gagné pour le Medef. Manque plus que mettre en chantier le deuxième. Et Parisot peut compter, sans problème, sur Sarkozy !
Les salariés, eux, ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et sur les militants révolutionnaires de la Ligue notamment, stigmatisés à leur tour par la droite, comme fauteurs de trouble.

Eh bien ! pour une fois on est d’accord avec la droite : la LCR, elle s’oppose, et se bat aux côtés de ceux et celles qui ont compris décidément que le Père Noël est une ordure, et qui savent que pour gagner sur les salaires et le pouvoir d’achat, il faut lutter et se mettre en grève. Pour que, comme le dit la chanson, le voleur rende gorge.


Myriam Martin,
le 5 décembre 2007

NOUVEAU PARTI ANTICAPITALISTE: Haute-Garonne : c’est parti !

Le débat sur le nouveau parti anticapitaliste (NPA) a démarré. Les sections LCR de la Haute-Garonne organisent une série de réunions publiques dans plusieurs villes, moyennes et grandes, du département. Elles permettent à la fois de tester la possibilité de rassembler des militants et celle de monter des listes aux municipales dans les communes concernées. Chaque réunion est l’objet d’une préparation minutieuse : distributions de tracts dans les boîtes aux lettres, présence sur les marchés concernés pendant plusieurs semaines, communiqués d’annonce dans la presse locale, invitations des contacts accumulés ces derniers temps.

Une première initiative a ainsi eu lieu à Labège le 11 octobre, rassemblant une quinzaine de personnes, dont douze extérieurs à la LCR, en présence de Myriam Martin, porte-parole de la LCR Haute-Garonne. De même, à l’initiative de la section Santé, dix-sept salariés de ce secteur se sont réunis mi-octobre, dont une dizaine non-membres de la LCR. Les deux fois, de riches débats multiformes, portant pêle-mêle sur le clivage antilibéralisme/anticapitalisme, sur la possibilité pratique de faire massivement entrer en politique de nouveaux militants, sur certains aspects du programme, notamment l’écologie, qui tiennent à cœur, sur les relations avec le reste de la gauche.

Le coup d’envoi, au plan départemental, a eu lieu à l’occasion de la fête de la LCR (700 personnes), les 19 et 20 octobre, point d’orgue de la rentrée politique de notre organisation dans le département.

La discussion a permis un échange nourri, chacune et chacun reconnaissant l’intérêt de l’initiative de la LCR. Les intervenants – des jeunes, des militants syndicaux, mais aussi des représentants de mouvements politiques, comme la fraction l’Étincelle (minorité de LO), les Communistes unitaires ou le Collectif antilibéral de Toulouse-centre – ont permis un tour d’horizon des problèmes posés.

Quels partenaires pour la LCR, afin de mener à bien un projet salué par toutes et tous comme positif ? Quelle place pour l’écologie dans le programme du NPA après l’échec des Verts ? Le NPA doit-il être antilibéral, anticapitaliste ou également révolutionnaire ? Faut-il refuser la cogestion des institutions ? Peut-on continuer à se revendiquer du communisme, tant la confusion avec le stalinisme est forte ? Quelle articulation entre la lutte au quotidien, le travail syndical et l’action politique ?

Dans la salle, un public studieux, jeune et populaire, composé pour une moitié de nouvelles et de nouveaux.

Dans l’ensemble la démarche de la Ligue rencontre à la fois écho et sympathie.

Échos des réunions récentes

Colomiers. Réunion de quinze personnes à la librairie La Préface, le 27 novembre. Après la diffusion du film Le nouveau parti, dans la rue (micro-trottoir fait à Toulouse, disponible sur notre site lcr31.org ), Julien Terrié a présenté le projet de la LCR faisant deux constats : la violence de la politique de la droite au service d’un projet très clair idéologiquement… très patronal… et l’absence d’opposition notamment du PS. La discussion a montré que notre projet a de l’écho dans cette situation politique même s’il y a encore des questions. Nous allons continuer le débat à Colomiers où nous avons annoncé publiquement notre intention de constituer une liste aux municipales de 2008.

Grenade. Dans la foulée de la précédente réunion, la section LCR de Colomiers a organisé une réunion publique à Grenade. Une dizaine de personnes ont fait le déplacement. Débat très riche et intéressant avec vraie prise de parole des non-militants non seulement pour poser des questions précises (comment fonctionne la Ligue, quelle est la cible pour le NPA, comment en sera le fonctionnement, quel projet de société, quels réseaux actuels d’individus investis dans des luttes ponctuelles pourront en faire partie, quels réseaux internationaux, quelles expériences internationales…) mais aussi pour faire partager leur analyse de la situation actuelle (souvent pessimiste : « luttes trop centrées sur des intérêts particuliers », « trahison complète du PS » qui n’est « plus à gauche » ou « de notre côté », « il ne faut plus compter sur eux »). Une attention soutenue aux réponses données par l’ensemble des militants. La soirée s’est terminée dans le café-restau-spectacle associatif de Burgaud, le village à côté où se retrouvaient côte à côte habitants du village et tous ceux qui venus de plus loin partagent l’espoir d’autres mondes possibles.

Villeneuve-Tolosane. Une quinzaine de personnes étaient présentes le 4 décembre. Après un premier débat sur la Ligue, ses propositions et ses projets sur le NPA, une bonne partie des participant-e-s ont échangé sur ce que feraient des élus 100 % à gauche dans une municipalité, en rupture avec la traditionnelle gestion libérale ou sociale-libérale. D’autres initiatives suivront dans les semaines à venir : présence sur les marchés, nouvelles réunions…

Ramonville. Le 4 décembre aussi, douze participants, dont un sympathisant de LO faisant part de son désaccord avec la tactique d’alliance ici ou là avec le PS au premier tour des municipales de l’organisation d’Arlette Laguiller. L’occasion aussi d’aller au fond des choses avec une conseillère municipale, ex-PCF, sur l’échec de la candidature unitaire à la présidentielle, de rencontrer deux adhérents de Place publique, association de gauche de Castanet, venus expliquer leurs raisons de présenter une liste aux municipales indépendante de celle du PS, et de (re)nouer contact avec des électeurs ramonvillois d’Olivier Besancenot pour envisager la constitution d’une liste anticapitaliste sur la ville.

Saint-Orens. Six personnes seulement le 11 décembre, mais une discussion fort intéressante sur l’inattendue alliance électorale de Lutte ouvrière avec le PS et sur les enjeux locaux des prochaines municipales d’où il ressort que l’accord PS-PCF Haute-Garonne est un marché de dupes pour le PCF, dont le seul maire sortant du département, Christian Sempé, s’il est réélu, devra passer sous les Fourches caudines du PS pour gérer social-libéralement la municipalité – mais n’est-ce pas le cas depuis six ans ? –, le PS ayant exigé et obtenu la majorité des futurs conseillers de gauche. Tout reste à faire pour les anticapitalistes saint-orennais 100 % à gauche s’ils veulent vraiment arracher la distribution de l’eau à la Lyonnaise.

la Rédaction du Piment

ÉLECTIONS MUNICIPALES 2008: Nos vi(ll)es valent plus que leurs profits

À l’occasion des élections municipales qui vont se dérouler en mars prochain, les travailleurs et la jeunesse doivent se voir offrir, dans le maximum de villes, la possibilité d’émettre un vote clair, à la fois pour rejeter radicalement la politique de Sarkozy et se prononcer en faveur d’un plan de mesures d’urgence sociale, répondant aux exigences exprimées par les luttes. Un vote dans la lignée de celui qui s’est exprimé en faveur d’Olivier Besancenot à la présidentielle.

Conformément à la politique décidée par la direction nationale de la LCR, la coordination Midi-Pyrénées de la LCR, qui rassemble des délégations des directions de toutes les sections et fédérations de notre région, s’est réunie le 1er décembre et a examiné les possibilités qui apparaissent.

En 2001, nous avions présenté ou soutenu quatre listes, à Toulouse, Tarbes, Aureilhan dans les Hautes-Pyrénees et Millau. Nous avions obtenu des élus dans ces deux dernières municipalités. Pour 2008, il s’agit d’augmenter le nombre de listes de façon sensible. Des difficultés objectives existent. Financières d’abord, car comme chacun le sait, nos possibilités en la matière ne sont pas infinies et, de ce point de vue, la réussite de la souscription annuelle est très importante (voir page 20). Militantes aussi, car les élections municipales sont « gourmandes » en candidates et candidats. Nous ne le cachons pas : dans de nombreuses villes petites ou moyennes, le nombre de candidatures nécessaires dépasse, parfois de beaucoup, le nombre de militants ou de sympathisants prêts à s’inscrire sur les listes. Alors l’effort que nous avons engagé est considérable. Dans le cadre de la campagne pour un nouveau parti anticapitatiste, de nombreuses réunions sont organisées et à chaque fois nous posons également la question du lancement d’une liste dans la ville concernée.

À cette étape, des listes sont envisagée ou décidées à Pamiers, Millau, Albi, Montauban, Moissac, Tarbes, Aureilhan, Villeneuve-Tolosane, Cugnaux, Muret, Colomiers, Saint-Orens, Castelginest et dans d’autres localités parfois plus petites.

À Toulouse, les militantes et les militants de la LCR ont désigné notre camarade Myriam Martin pour les conduire dans cette campagne. Des rencontres unitaires sont en cours pour permettre le rassemblement de toute la gauche anticapitaliste notamment avec le collectif antilibéral de Toulouse-centre et les Motivé-e-s. Une réunion unitaire a aussi eu lieu avec une délégation de la direction de LO qui n’a débouché sur rien. En effet, conformément à la politique décidée par leur congrès national, les camarades de LO ont indiqué qu’ils ne pouvaient envisager aucune liste avec notre organisation, dans la mesure où ils ne veulent pas cautionner notre politique de nouveau parti anticapitaliste jugée comme s’émancipant trop de la tradition trotskyste. Pourtant, il est évident que nous ne comptons nullement imposer ni à LO, ni d’ailleurs à quiconque accepterait une collaboration unitaire aux municipales, d’épouser la conception du parti que nous voulons. Mais le plus surprenant, c’est que cette intransigeance affichée à notre égard contraste grandement avec la souplesse dont LO fait preuve vis-à-vis du PS ou du PCF en envisageant de participer dès le premier tour à des listes conduites par ces partis. Comprenne qui pourra.

Pour notre part nous souhaitons un accord unitaire de toutes les forces possibles qui se situent sur le terrain de la défense intransigeante des intérêts des travailleurs et de la jeunesse, qui entendent incarner une opposition radicale à la liste UMP de la mairie sortante mais en toute indépendance de la liste rassemblant le PS, le PRG, le PCF et les Verts.

Frédéric Borras

Démocratie !

Le « mini » TCE que Sarkozy veut nous faire passer ressemble à s’y méprendre à celui qui fut rejeté massivement le 29 mai 2005. À Toulouse, un comité unitaire s’est remis en place, composé de nombreux partis et associations pour rejeter le nouveau traité et exiger que se tienne un nouveau référendum. Ce comité organise deux initiatives :
— le mercredi 13 décembre, salle des allées de Barcelone, à 20 h 30 ;
— le lundi 21 janvier, salle Mermoz, à 20 h 30 avec notamment la participation de Francis Wurtz (PCF), Aurélie Trouvé (Attac), Jean-Luc Mélenchon (PRS) et Alain Krivine (LCR).

Analyses et contre-propositions sur le site national de la LCR : www.lcr-rouge.org

TASER GUN: Une arme qui peut être mortelle

En 2008, notre camarade Olivier Besancenot ainsi que l’association Réseau d'alerte et d’intervention pour les droits de l'Homme (RAID-H) 1 passeront en procès, assignés par la société SMP Technologies, distributeur exclusif du pistolet Taser en France. Il est reproché à Olivier Besancenot d’avoir déclaré sur Canal + lors de la campagne électorale : « Ce petit pistolet, qui a l’air d’un jouet, tout simple et très sympathique, a causé des dizaines de morts aux États-Unis. » Cette société réclame 50000 euros au titre de dommages et intérêts.

La mort d’un ressortissant polonais à l’aéroport de Vancouver (Canada) le 14 octobre 2007 a provoqué un débat d’une grande vigueur. Il faut dire que la vidéo, filmée par un amateur, et où l’on voit la victime, touchée par deux décharges de 50000 volts poussant des cris déchirants, a permis de rompre le mythe de l’arme non létale2 pour ce qui concerne le Taser. La section canadienne francophone d’Amnistie internationale 3 déclare : « Amnesty International a relevé ces dernières années au moins 16 autres affaires de personnes mortes après avoir été immobilisées par des policiers armés de pistolets Taser au Canada. Presque toutes avaient été touchées à de multiples reprises et maîtrisées par la force. »

Amnistie relève qu’« aux États-Unis, plus de 280 personnes sont décédées après avoir reçu des décharges tirées par des policiers armés de Taser. Même si les coroners [officiers de justice chargés de faire une enquête en cas de mort violente, subite ou suspecte] ont attribué la plupart de ces morts à d’autres causes, le Taser aurait été reconnu comme cause de la mort ou facteur pouvant avoir contribué à la mort d’au moins trente personnes ».

Cette association internationale réclame un moratoire sur l’utilisation du Taser4.

Le Comité contre la torture de l’ONU est entré dans la danse. Lors d’un avis donné sur le Portugal, le Comité a déclaré être « vivement préoccupé par l’acquisition récente par l’État partie d’armes électriques TaserX26 devant être distribuées au Commandement métropolitain de Lisbonne, au Corps d’intervention, au Groupe d’opérations spéciales et au Corps de sécurité personnelle. Le Comité s’inquiète de ce que l’usage de ces armes provoque une douleur aiguë, constituant une forme de torture, et que dans certains cas, il peut même causer la mort, ainsi que l’ont révélé des études fiables et des faits récents survenus dans la pratique ». Et le comité indique donc qu’au Portugal « l’État partie devrait envisager de renoncer à l’usage des armes électriques TaserX26 dont les conséquences sur l’état physique et mental des personnes ciblées serait de nature à violer les articles premier et 16 de la Convention »5.

C’est une certitude, cette arme est donc dangereuse. Certes elle ne tue pas à tous les coups. Mais sa présentation comme arme non létale représente un véritable danger pour les populations6. En effet, en banalisant ses conséquences pour la santé, ses zélateurs banalisent son utilisation par l’appareil de répression. C’est ce qui explique ses utilisations pour le moins contestables. Allez faire un tour sur le site Internet Dailymotion et vous y trouverez pêle-mêle de la propagande de Taser (utilisation sur des policiers7 ou des journalistes8 qui bien sûr n’en meurent pas), des abus manifestes (utilisation par la police contre un étudiant posant des questions gênantes à John Kerry aux États-Unis, arrestation d’une jeune à Lyon…).

Et en France ?

La police nationale est déjà équipée, dont la police toulousaine. Et, non contente de vouloir généraliser son utilisation par les forces répressives de l’État, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, veut l’étendre aux polices municipales.

Pour notre part, nous exigeons un arrêt immédiat de l’utilisation de cette arme qui n’a rien de non létal, mais qui peut tuer. Et nous serons aux côtés de notre camarade Olivier Besancenot ainsi que de l’association RAID-H pour les soutenir dans le procès qui s’annonce.

Stéphane Borras

1. http://www.raidh.org/
2. Une arme non létale est une arme conçue pour que la cible ne soit pas tuée ou blessée lourdement (sic).
3. http://www.amnistie.ca/content/view/11082/1/
4. Une campagne unitaire pour un moratoire sur l’utilisation du Taser a vu le jour au Québec.
5. Vous trouverez ce rapport à : http://www. raidh.org/Taser-X26-Conclusions-et.html
6. Il en va de même pour d’autres armes « non létales » comme le flashball.
7. http://www.dailymotion.com/relevance/search/taser/video/x1i1oc_taser_extreme
8. http://www.dailymotion.com/relevance/search/taser/video/x272wc_les-journalistes-de-metro-ont-teste_events

Oui… mais

1 / Oui, le PS est pour l’alignement des régimes spéciaux sur les quarante ans de cotisation… mais la méthode de Sarkozy ne convient pas.

2 / Oui, le PS est pour le « minitraité » européen… mais il aurait préféré un référendum.

3 / Oui, le PS est pour la réforme de la carte judiciaire… mais la concertation n’est pas suffisante.

4 / Oui, le PS est pour l’autonomie des universités… mais, quand même, faire la réforme au mois de juillet, quelle mauvaise méthode.

Conclusion : si le PS avait existé du temps de l’esclavage, aurait-il négocié le poids des chaînes?

LUTTES SOCIALES: Les jeux ne sont pas faits

Un mouvement social ni victorieux ni défait : telle est la situation paradoxale dans laquelle nous nous trouvons à l’issue des dernières semaines de mobilisation. Le gouvernement, bien décidé à frapper vite et fort, avait néanmoins méthodiquement préparé le terrain pour la bataille : des mois de pilonnage politico-médiatique sur le programme du candidat Sarkozy, et sur la portée politique de sa victoire propre à légitimer une mise en œuvre aussi rapide que brutale; en face, une gauche politique étrillée, une opposition syndicale désorientée qui intériorise d’avance le rapport de force comme ultra défavorable. C’est sur ce terrain que les enseignements de la dernière période sont le plus significatifs.


En première ligne les cheminots défendant des acquis qui ne suscitent pas spontanément la convergence. La popularité de cette revendication était en soi un problème politique, qui pesait lourd dans la capacité de ce secteur à remporter la bataille. Sur ce point, comme sur tout ce qui touche aujourd’hui à la remise en cause des acquis sociaux issus de la Libération, les renoncements idéologiques de la gauche sociale-libérale sont criminels, car ils désarment idéologiquement les salariés, et font passer leurs luttes pour des mobilisations corporatistes d’arrière-garde, ce qui renvoie en fait à une bataille globale pour sauvegarder le principe de solidarité dans ce pays. Mais les directions des confédérations syndicales portent une responsabilité tout aussi grande. Face à une offensive globale, elles ont organisé la parcellisation des résistances.

Qu’on en juge :les syndicats CFDT,UNSA,et FO de la Fonction publique refusent d’appeler à la grève avec les cheminots le 18 octobre pour de prétendues raisons de lisibilité.Par crainte de briser l’unité, CGT, FSU et Solidaires ont alors renoncé à appeler seuls, renvoyant la question à leurs instances départementales; le résultat fut, comme prévu, modeste. L’intersyndicale de la Fonction publique pose alors une date de grève le 20 novembre, bien loin du 18 et de ses éventuelles suites. Dans ce contexte, lorsque les syndicats des transports décident d’un mouvement présenté d’entrée comme reconductible pour le 13 novembre, on sait déjà que la jonction va être difficile. Et telle était bien l’intention de la CFDT, entre autres, qui ne voulait pas de «grève politique»!

Une forte mobilisation exemplaire

C’est là que la mobilisation des cheminots devient exemplaire, le dépôt d’un mot d’ordre reconductible et le contrôle par des AG de la lutte sont des éléments déterminants. Alors que les étudiants sont dans la lutte,que les fonctionnaires s’interrogent sur la stratégie à adopter, que le privé, frappé de plein fouet par les licenciements, la précarité et un pouvoir d’achat en berne, connaît des mobilisations dans plusieurs entreprises, la jonction était possible. Pour autant les cheminots n’ont pas réussi l’élargissement de la lutte aux autres secteurs. Ils ont tenu jusqu’au 20 mais la Fonction publique n’a pas embrayé, au lendemain d’une journée pourtant réussie. La volonté des directions syndicales (sauf SUD-Rail) de s’engager rapidement dans des négociations compensatrices en renonçant aux 37,5 annuités était contradictoire avec la convergence. Elles voulaient mettre un terme rapide à la grève des cheminots pour éviter un «Tous ensemble» qualifié de «politique» pour le discréditer, mais seul à même de faire plier Sarkozy et son gouvernement.

Les étudiants en lutte et les fonctionnaires prêts à s’y engager en furent refroidis et ce mouvement fort de possibles a reflué. À l’évidence la question de la plateforme commune n’est pas simple. Les revendications sont pourtant larges : salaires, retraites, santé, emploi public, services publics… chacun peut s’y retrouver mais cela ne suffit pas toujours à faire un levier efficace et une articulation évidente. La question des formes de lutte n’est pas moins compliquée : chez les fonctionnaires, les séquelles de 2003 persistent, et la victoire sur le CPE, par contre-coup, valorise dans la tête de beaucoup un modèle de mobilisation scandé par des journées de manif monstres, orchestrées par une intersyndicale à qui les salariés avaient objectivement laissé le soin de mener la danse.

Tout reste à faire

Si le gouvernement a habilement mené sa barque, force est de constater que sa victoire n’est pas encore acquise. Les négociations en cours sont sans conteste une manœuvre, mais laissent néanmoins ouverte pour les salariés l’opportunité de rebondir.Entre-temps d’autres fronts peuvent s’ouvrir, car les attaques se préciseront début 2008 sur les retraites du régime général et dans la Fonction publique notamment, sur fond de franchises et de cadeaux fiscaux répétés aux riches et au Medef. Le pouvoir n’a pas non plus gagné la bataille de l’opinion en dépit d’un matraquage médiatique éhonté. Dans ce deuxième round à venir, construire le «Tous ensemble» est possible autant qu’indispensable. Nous continuerons à organiser le soutien aux luttes, à donner des perspectives d’une autre politique sociale à gauche et à mener sur le terrain la bataille pour les convergences sur des mots d’ordre de rupture avec la logique du Medef qui, lui, n’hésite pas à faire de la politique contre les intérêts des travailleurs.


Marie-Cécile Perillat et Bernard Deswarte

FRANCHISES «MÉDICALES»: Accès aux soins pour tous

Réunion publique du 6 décembre 2007, allées de Barcelone, à Toulouse. À la tribune, Francis March, pour le Syndicat de médecine générale, insista sur les laboratoires pharmaceutiques qui, pour concurrencer les génériques,sortent de nouveaux médicaments pas forcément plus efficaces mais plus chers, évidemment prescrits par les médecins formés à 90 % par ces mêmes laboratoires. Bernard Giusti, président de la CPAM de la Haute-Garonne, rappela qu’avec ses sept autres collègues de Midi-Pyrénées, ils se sont publiquement opposés à l’instauration de ces franchises «médicales».

Catherine Lemorton, députée PS de la Haute-Garonne, est venue expliquer l’acharnement de la droite parlementaire pour faire voter la loi de financement de la Sécurité sociale, dont l’article 35 portant sur les franchises, annonçant que son groupe avait décidé la saisine du Conseil constitutionnel. Elle a resitué cette attaque dans la continuité de l’instauration du forfait hospitalier il y a vingt-cinq ans et de la loi Douste-Blazy de 2004, adoptée dans le droit fil des recommandations de l’OMC.

Dans la salle, les interventions ont bien montré que les associations de malades (Act’up et Aides, par exemple), auprès des organisations politiques et syndicales, sont nécessaires à la défense de la santé et qu’il faut continuer à informer et à se battre comme nous l’a vivement dit Michel Lapierre (MGTS et Comité de défense de l’hôpital public). En effet, au début de cette bataille, 31 % des Français étaient contre les franchises, maintenant 75 % le sont.

Quelle est la cohérence d’un système de santé où des efforts supplémentaires sont demandés aux malades et où, dans le même temps, la Générale de Santé octroie à ses actionnaires un dividende exceptionnel d’un montant égal à la moitié des recettes qui seront générées, en 2008, par les franchises «médicales» (850 millions d’euros payés par les malades)?
Contre le salaire individualisé, le salaire socialisé!

Marie-Pierre Lesur

Éducation à la trique

D’après La Dépêche du Midi du 30/11/2007, l’Inspection académique (IA) de Haute-Garonne aurait demandé aux chefs d’établissement des informations concernant les mouvements lycéens. Endossant le rôle de chef des pandores, l’IA 31 aurait demandé «la situation détaillée et précise : AG, rumeurs, manifestations prévues, rassemblements prévus, tracts, nombre d’élèves mobilisés, origine – si possible des leaders –, présence des étudiants et leur nombre». La FSU et le SNES ont vigoureusement dénoncé. La LCR aussi.

Acrimed-Toulouse

Le lundi 5 novembre dernier, l’association de critique des médias Acrimed (Action-Critique-Médias) organisait à Toulouse une réunion publique en réaction au projet de rachat du groupe de presse Les Journaux du Midi, lequel comprend trois quotidiens locaux dont Midi Libre. Propriété depuis sept ans du groupe Le Monde – criblé de dettes, celui-ci doit rapidement satisfaire ses créanciers – Les Journaux du Midi sont en passe d’être rachetés conjointement et à part égale par les groupes Sud-Ouest et La Dépêche. Il faut noter que s’il n’y a pas concurrence directe sur le terrain de la presse quotidienne entre Sud-Ouest et Les Journaux du Midi, il en va différemment entre La Dépêche et Les Journaux du Midi (concurrents dans l’Aveyron et l’Aude). Il existe entre ces deux groupes une rivalité «historique» et la perspective pour les journalistes des Journaux du Midi de se voir «mangés» par l’«ennemi» de toujours ne fait qu’accroître leur inquiétude.

Aux côtés d’Acrimed, étaient présents ce jour-là des journalistes de La Dépêche et de Sud-Ouest, tous par ailleurs représentants du SNJ (Syndicat national des journalistes, majoritaire dans les trois groupes en question). Plusieurs aspects sont ressortis de cette réunion publique:

– l’ignorance dans laquelle sont tenus les syndicats quant aux projets de leur direction respective. Opacité et absence de dialogue social ne prennent-elles pas une saveur singulière quand elles ont cours au sein d’une entreprise de presse?

– les inquiétudes que cette opération de concentration suscite : à propos de la pérennité des titres concernés, de leur indépendance rédactionnelle, de l’emploi au sein de leur rédaction, du pluralisme de l’information (notamment dans les départements où il y a concurrence)…

Florent Coste, pour Acrimed

SNCF: Cheminots en résistance

Après la mobilisation historique du 18 octobre, les cheminots ont été appelés à cesser le travail le 13 novembre au soir par sept des huit de leurs syndicats, afin de défendre leur régime spécial de retraite. Entraient également dans le conflit avec les cheminots, les travailleurs de la RATP et les électriciens et gaziers, dans le but de sauver les régimes spéciaux, dernier verrou à faire sauter pour Sarkozy et son gouvernement. En effet, il s’agit pour ces derniers d’attaquer le régime général et donc l’ensemble des salariés, public et privé, afin d’imposer à court terme 41 voire 42 annuités. À Toulouse la grève des cheminots a été suivie massivement. Le Piment rouge a rencontré une camarade syndiquée à SUD-Rail, Nathalie, en grève du 13 au 22 novembre.


Le Piment rouge. Pourrais-tu nous rappeler les raisons et les enjeux qui ont motivé la grève des cheminots?

Nathalie. Je souhaiterais rappeler tout d’abord que les salariés bénéficiant d’un régime spécial de retraite sont peu nombreux (moins de 5 % des salariés), qu’ils payent des surcotisations, que notre régime est équilibré et que celui d’EDF est excédentaire. Donc la raison de l’acharnement du pouvoir sur notre régime de retraite est à chercher ailleurs. Pour le gouvernement il faut surtout faire sauter ce dernier obstacle afin de rallonger pour tout le monde la durée des cotisations, autrement dit de passer à 41 annuités.Et pour cela il faut faire passer les cheminots pour d’affreux nantis en oubliant de parler du travail des cheminots,les horaires décalés, le travail tous les jours de l’année, fériés et dimanches compris. Dans ce conflit quatre revendications étaient incontournables pour nous, le maintien à 37,5 annuités, le refus du système de décote, le refus de l’indexation des pensions sur l’indice des prix, le refus du «double statut».

Le Piment rouge. Comment s’est construit le mouvement à Toulouse?

Nathalie. Tout d’abord sur le taux des grévistes. Il faut dire qu’il a été très élevé et ce, dès le 18 octobre puisque sur la région Midi-Pyrénées on a atteint jusqu’à 90 % de grévistes! C’est aussi ce taux exceptionnel, en Midi-Pyrénées mais aussi dans de nombreuses régions, qui a obligé les sept fédérations sur les huit (sauf la FGAAC), à déposer non seulement un préavis de grève pour le 13 novembre, mais également un préavis de grève reconductible. Dès le premier jour de grève, sur Toulouse, nous avons pu constater 70 % de grévistes, autour de 50 % de grévistes les jours qui ont suivi, plus fort donc qu’en 1995, même si ce taux est tombé à 40 %,mais jamais moins, après une semaine de conflit…

Sur mon établissement commercial, il y a eu 60 % de grévistes jusqu’à la fin ! Dès le début on a fonctionné en assemblée générale (AG) quotidienne, le matin, l’intersyndicale se réunissant le soir, cette dernière était obligée de présenter ses positions devant les cheminots réunis en AG. C’est d’ailleurs comme ça qu’on a pu se rendre compte que la CGT éprouve quelques difficultés face à la souveraineté des AG,on a assisté parfois à quelques «couacs» entre la fédé de la CGT et les AG.

Le Piment rouge. Quelle était l’ambiance dans cette mobilisation?

Nathalie. Dans mon établissement, l’ambiance était très combative, surtout que les problèmes,les difficultés s’accumulent et que tout reste sans réponse. Des agents donc très mobilisés tous les jours avec des AG très fréquentées, des piquets de grève de 6 h à 22 h et des actions nombreuses menées collectivement. La particularité de ce mouvement c’est qu’il a été largement pris en mains par des jeunes, non syndiqués pour l’essentiel et par des militants de SUD-Rail. C’est dommage qu’on n’ait pas retrouvé davantage de syndiqués CGT impliqués dans la construction de la mobilisation au quotidien.

Le Piment rouge. La grève est aujourd’hui terminée, que penses-tu de la gestion de la fin du conflit?

Nathalie. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a l’impression que la direction de la CGT est en panne de projet, de perspectives, hormis pour appeler à la négociation! La CGT n’a pas mis tout son poids dans la balance pour que le mouvement aille plus loi, et ce en contradiction avec sa base. L’attitude de Thibault dès le 13 au soir c’est de dire qu’il faut «des négociations dans chaque entreprise» parce qu’il pense, comme la direction de la CGT, que les cheminots ne pourront pas échapper aux 40 annuités. Du coup c’est difficile d’insuffler de l’enthousiasme à l’ensemble des cheminots, même si à Toulouse les grévistes sont restés très combatifs. Seule la fédé de SUD-Rail a mis en avant toutes les
revendications des grévistes.

Le Piment rouge. Quelles sont les perspectives aujourd’hui?

Nathalie. Trois tables rondes tripartites (État, direction, organisations syndicales dont SUD-Rail représenté pour la première fois) sont prévues d’ici fin décembre. Mais les discussions de ces tables rondes sont tronquées d’entrée car les revendications qui ont motivé la grève des cheminots seront à peine évoquées. Seront discutées en fait les compensations salariales. SUD-Rail s’est engagé à ce que tout ce qui sera abordé lors de ces tables rondes soit discuté collectivement dans les AG de cheminots, et sera décidé alors les suites à donner au mouvement.

Le Piment rouge. Quel est l’état d’esprit des cheminots après cette grève?

Nathalie. On peut dire que la grève des cheminots n’est pas complètement une défaite, ce n’est pas une victoire non plus. Mais les cheminots ont réussi à faire pression sur le pouvoir, à tel point d’ailleurs qu’on n’a pas entendu Sarkozy pendant plus d’une semaine, et que le gouvernement est obligé de négocier alors qu’il pensait pouvoir passer en force. Maintenant, pour les suites, ça va être difficile, car cela sera compliqué de faire repartir les cheminots pour 24 heures! À Toulouse, en tout cas, les cheminots sont toujours très en colère, à suivre donc.


Propos recueillis par Myriam Martin

VENEZUELA: Référendum : les raisons d’une défaite

Dimanche 2 décembre, les Vénézuéliens ont répondu «non» à 50,70 % à la proposition qui leur était faite de modifier la Constitution de la République bolivarienne adoptée en 1999. Retour sur les raisons du premier échec électoral de Chávez depuis son arrivée au pouvoir.


Le 15 août dernier, Hugo Chávez annonçait en direct de l’Assemblée nationale sa volonté de voir modifier la Constitution actuelle. Dans un discours de six heures, il égrenait une à une ses propositions. On pouvait y trouver, entre autres :

– la reconnaissance de la participation populaire au travers des conseils de pouvoir populaire (par exemple, les conseils étudiants, paysans, etc.), les associations de travailleurs,de coopératives, d’entreprises communautaires;

– le renforcement du droit au travail incluant la création d’un fonds de stabilité sociale pour les travailleurs permettant à ceux-ci, avec l’aide de l’État, de bénéficier de droits étendus en matière de retraite, pensions, congés payés;

– la réduction de la journée de travail de 8 à 6 heures quotidiennes, et de 40 à 36 heures hebdomadaires;

– la reconnaissance des spécificités des groupes indigènes et des groupes descendants de l’immigration forcée africaine en leur garantissant la jouissance d’une attention particulière de la loi;

– la création d’un modèle économique productif étatique, fondé sur les valeurs d’humanisme,de coopération et de prépondérance de l’intérêt commun sur l’intérêt particulier. L’État promouvant et développant des formes distinctes d’entreprises et d’unités économiques de propriété sociale, commune ou étatique, de production et de distribution sociale, de statuts mixtes entre l’État et le secteur privé, en créant les meilleures conditions à la réalisation de l’économie socialiste.

Autant d’avancées sociales qui pouvaient laisser penser que les classes populaires se mobiliseraient pour voter une nouvelle fois en masse en faveur des propositions de Chávez. Or il n’en fut rien,au contraire.Le référendum est plus une défaite du président vénézuélien qu’une victoire de l’opposition. Si on compare les résultats à ceux de la dernière élection présidentielle, gagnée par Chávez avec 61,35 % des voix,l’opposition stagne avec 4 millions de voix alors que Chávez perd, lui, 3 millions de voix. L’abstention a été de 45 %.Finalement, c’est de seulement 200000 voix que la proposition constitutionnelle est rejetée.

Controverse sur l’article 230

La plupart des médias français est occidentaux sont très vite montés au créneau pour saluer la sagesse du peuple vénézuélien. Pour eux l’explication à cet échec est simple,linéaire,et se développe en deux points : refus d’un modèle socialiste «à la cubaine», et refus de permettre à Chávez de pouvoir se représenter à la présidence de manière indéfinie. Certes l’article 230 de la nouvelle Constitution proposait un allongement de la période présidentielle à 7 ans avec la possibilité de se représenter immédiatement et de façon indéfinie. Une telle proposition n’est évidemment pas satisfaisante. De là à conclure que Chávez veut faire du Venezuela une dictature comme cela a été écrit, c’est omettre un peu vite que ce même système est en vigueur en France ou dans d’autres démocraties européennes sans que cela ne pose le moindre problème à ces médias bien-pensants. Ceux-là mêmes ont d’ailleurs vite oublié de rappeler que le Venezuela est bien une démocratie puisque Chávez a reconnu sa défaite et félicité ses opposants au soir des résultats. Les raisons de la défaite sont sans doute à chercher ailleurs.

Un chavisme sans socialisme?

D’abord, en voulant satisfaire largement la population, la proposition n’a, finalement, satisfait personne. Le renouvellement du mandat présidentiel était clairement là pour satisfaire l’aile modérée du processus bolivarien. Celle qui se réclame d’un chavisme sans socialisme. Par contre, elle ne pouvait pas convenir à l’aile la plus radicale du processus. C’est ainsi que l’on a pu voir des personnalités comme Orlando Chirino, membre de la direction de la première confédération syndicale du pays, l’UNT (Unión Nacional de los Trabajadores), prendre officiellement position contre la proposition. À l’inverse, tout l’aspect social de la réforme, décliné plus haut, était inacceptable pour une nouvelle bourgeoisie bolivarienne qui ne veut pas du socialisme. De ce point de vue,un symbole fort a été la prise de position contre la réforme du général Baduel, vieux compagnon de route de Chávez.

Tentation du plébiscite et dramatisation de l’opposition

Ensuite, il y a très clairement eu un problème dans la méthode choisie par Chávez.Le président vénézuélien a travaillé à une réforme constitutionnelle, en la cantonnant à un groupe d’amis choisis et rassemblés autour de sa propre personne. Au-delà des propositions de réforme,Chávez a ainsi fait dis- paraître par décret la formule originale de cette révolution : celle d’un processus populaire, révolutionnaire, démocratique de caractère constituant. Le maximum qui a pu être obtenu est une scène de discussion ouverte autour de l’Assemblée constituante de 1999. Au moment où le contexte offrait la possibilité d’aller beaucoup loin, d’entreprendre une réforme en structurant des espaces d’échange et de pouvoir dans tout le pays, Chávez a mis au pied du mur tout le mouvement bolivarien et révolutionnaire en lui imposant d’être avec ou contre lui. L’issue restante, consistait en ce que le modèle de réforme proposé par Chávez soit un brouillon de travail pour toute une quantité d’espaces constituants organisés dans tout le pays,en cherchant peut-être son approbation mais en gagnant un modèle de légitimité, et de concrétisation de la démocratie constituante et révolutionnaire. De fait,la réforme passait quasiment au second plan car Chávez devait personnifier dans la campagne le référendum au point de le transformer en plébiscite. C’est le fameux «Voter “non” c’est voter Bush, voter “oui” c’est voter Chávez».

Face à cela l’opposition a développé une campagne terriblement efficace. À coups de spots publicitaires, mais aussi en allant dans les quartiers populaires,l’opposition n’a eu de cesse d’expliquer qu’avec la réforme et «l’arrivée du socialisme», l’État serait propriétaire de tous les biens privés et pourrait se saisir de manière absolument légale des maisons, voitures de tout un chacun. Jouer sur la peur, en expliquant que le socialisme c’est prendre à celui qui a peu ou rien, l’argumentaire à fait mouche.

Les contradictionsde la Révolution bolivarienne

Enfin, la raison principale de cet échec est sans doute la montée d’une certaine contestation dans le camp bolivarien. La volonté de résumer la Révolution bolivarienne à la seule figure de Chávez, la manière dont le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) se constitue, sans beaucoup de concertation, et aujourd’hui la façon dont on a tenté d’imposer la réforme, expliquent cette grogne. Il ne peut y avoir de démocratie révolutionnaire et «protagonique» sans démocratie délibérative.

L’abstention a été forte parce que la proposition de Chávez, tant sur la forme que dans ses contenus essentiels, n’offrait pas de perspectives pratiques démocratiques et contre-hégémoniques. Comme Sébastien Ville et François Sabado l’indiquent dans Rouge n°2230, «cette défaite répond à la dégradation des relations entre le pouvoir et les secteurs les plus combatifs de la révolution bolivarienne».

Il est utopique de penser que dans l’Amérique latine d’aujourd’hui, il est possible d’imposer des socialismes d’en haut. Le défi est de construire une démocratie radicale, opposée au statu quo actuel mais pluraliste en termes d’acteurs et d’idéologies populaires.

L’heure des choix est venue dans le processus bolivarien :soit celui-ci avance en construisant un socialisme vraiment démocratique, en s’appuyant sur les communautés, les conseils communaux, et plus largement le mouvement social, soit celui-ci décide de s’allier avec la droite et avec ceux qui optent pour une voie populiste sans changements profonds, comme l’a dessiné la prise de position du général Baduel.

Dans l’optique de rénovation de l’idéologie socialiste et de la construction du socialisme du XXI e siècle, la solution pour le processus bolivarien viendra de sa capacité à ne pas avoir peur d’entendre les critiques venant de son aile radicale, au premier rang de laquelle nos camarades du courant C-CURA (Courant de classe unitaire révolutionnaire et autonome) de l’UNT.Face à ce premier revers, les tentations vont être grandes pour l’aile modérée du chavisme d’imposer une nouvelle réforme en minorant les aspects socialisants ou socialistes, en expliquant que ceux-ci ont été la cause de l’échec du 2 décembre. Tout l’enjeu pour le mouvement social est donc de faire entendre que ce n’est pas l’idéologie socialiste qui est en cause, mais bien comment se construit un pouvoir populaire autonome, démocratique et révolutionnaire.


Yannick Lacoste

TARN: Réseau Sortir du nucléaire 81

À l’initiative de la LCR et des Verts, le 30 octobre, s’est organisée une journée-débat contre le nucléaire et contre la crise climatique dans le Tarn. Une table ronde avec des élus locaux le matin à Albi, deux fois la projection d’un film sur les problèmes des déchets nucléaires suivi d’un débat, l’après-midi à Mazamet et le soir à Saint-Juéry (Albi).


Cette initiative avait comme but de sensibiliser les gens et d’arriver à constituter l’association Sortir du nucléaire-Tarn (SN-81), affiliée au Réseau Sortir du nucléaire (RSN) au niveau national.

On peut dire que la journée fut un succès : une trentaine de personnes ont participé au débat à Mazamet et une cinquantaine à Albi. Le débat était riche et posait des questions intéressantes à l’orateur Didier Anger, administrateur du RSN national.

Table ronde avec deux élus

Les Verts et la LCR avaient déjà participé (avec le PCF et le PS) au Collectif Pélissier, constitué par la CGT, pour la sauvegarde de la centrale thermique de Pélissier. C’est dans ce collectif qu’une réflexion avaitcommencé sur la diversification énergétique, contre le tout-nucléaire et pour le développement dans le nord du Tarn des énergies renouvelables.

Les atouts du bassin de Carmaux (après la fermeture des mines de charbon, nécessité de recréer des emplois stables et locaux),la présence de l’école des Mines d’Albi et de lycées professionnels, avaient amené ce collectif et aussi des élus réunis dans Énergies et Territoires, de proposer le développement d’un pôle des énergies renouvelables dans le Carmausin et un projet d’inplantation de cinq éoliennes dans la commune du Garric près d’Albi.

Malheureusement aucun des élus du PS n’est venu participer à la discussion. Un seul élu de Carmaux, en rupture avec le PS sur cette question des énergies, et un seul élu du PCF, conseiller général, étaient présents. Didier Anger nous a clairement résumé les principaux arguments contre le nucléaire : les déchets nucléaires sont un problème sans solution, la France n’est pas devenue indépendante des énergies fossiles grâce au nucléaire puisqu’elle a développé en même temps (dans les années 1970) et les centrales nucléaires et les autoroutes. La vente tous azimuts par Nicolas Sarkozy de centrales nucléaires françaises est une politique irresponsable et démagogique. Le Grenelle de l’environnement est une farce grossière puisque aucune des décisions prises concernant l’énergie nucléaire n’est remise en question : la construction de l’EPR à Flamanville, le stockage des déchets à Bure, en Lorraine, la construction d’ITER à Cadarache, la construction d’une nouvelle usine de production de Mox (combustible nucléaire) et d’une nouvelle usine d’enrichissement…

Le lobby de l’énergie nucléaire continue, contre toutes les règles de la transparence et de la démocratie, à peser de tout son poids en France, au détriment des possibilités de développement des énergies renouvelables, de la recherche sur les économies d’énergie,et au détriment du développement des transports ferroviaires comme alternative durable au camion.

Les débats avec le public nous ont permis de développer également les aspects démocratiques et sociaux de la lutte contre le nucléaire. Il faut avant tout exiger la constitution d’un service public de qualité des énergies renouvelables, transparent et démocratique, à un prix abordable pour les citoyens. On peut facilement démontrer qu’un scénario de sortie du nucléaire est réalisable, sans retourner au Moyen Âge. La sortie du nucléaire, combinée au développement des énergies renouvelables, sera l’axe central des activités de SN-81.

Marijke Colle, LCR-81

Le vendredi 23 novembre, s’est tenue l’assemblée constitutive de l’association Sortir du nucléaire-Tarn, dans la salle municipale de Lombers

DECAZEVILLE «Cette grève nous a fait un bien fou!»

Un long conflit pour les conditions de travail et la dignité, une combativité exemplaire. Pour en parler le Piment a rencontré Samir Saadane, 45 ans, employé du Géant Casino de Decazeville depuis vingt ans, délégué CGT depuis 2005.



Le Piment rouge. Depuis combien de temps prépariez-vous cette grève?

Samir Saadane. Cette grève couvait depuis deux ou trois ans car nous manquions de plus en plus de considération, sans parler des salaires qui ne progressaient pas. La goutte qui a fait déborder le vase c’est l’extension horaire d’une demi-heure le soir.

Le Piment rouge. Quelles étaient vos revendications au début de la grève?

Samir Saadane. La suppression de l’extension horaire, une amélioration des salaires, une meilleure considération par la direction qui ne savait répondre aux personnels que par des «si tu n’es pas content tu n’as qu’à aller travailler ailleurs», une charge de travail de plus en plus lourde et pas de reconnaissance du travail accompli, etc.

Le Piment rouge. Comment s’est déroulée la grève?

Samir Saadane. Nous attendions la réponse définitive de la direction sur l’extension horaire le 18 octobre et nous avions décidé de nous mettre en grève dès le 19 si la réponse était négative. La grève a duré 14 jours sans compter les dimanches, sans aucune défaillance, nous sommes partis à 95 % du personnel en grève et nous sommes rentrés à 95 %. Nous avons eu un immense soutien de la population, les clients n’allaient plus au magasin, il y a eu deux manifestations (le 26 octobre et le 6 novembre) qui ont réuni chacune un bon millier de personnes en présence de tous les syndicats, des partis politiques, des élus locaux qui nous ont fait très chaud au cœur et nous ont aussi donné de l’espoir. Les dons ont afflué de partout, le PCF a organisé un quine et les associations culturelles ont organisé un concert avec douze groupes de musiciens locaux qui se sont produits bénévolement.

Le Piment rouge. Comment s’est conclu le conflit?

Samir Saadane. À la fin de la deuxième semaine de grève nous n’avions toujours pas gagné sur la demi-heure d’extension horaire mais nous avions avancé sur pas mal de points : les temps partiels imposés qui se transformaient en temps pleins, 2 CDD qui passaient en CDI, le travail du dimanche sur la base du volontariat…

Le Piment rouge. Quelle est l’ambiance au magasin après la reprise?

Samir Saadane. Nous sommes rentrés tous ensemble dans une ambiance très chaleureuse. Nous nous sentons beaucoup plus solidaires et unis qu’avant le conflit, les salariés se parlent beaucoup plus. La direction et l’encadrement font beaucoup plus attention à ce qu’ils nous disent et comment ils le disent. Il était prévu trois dimanches d’ouverture en décembre et ils sont tous annulés par manque de volontaires. Cette grève nous a fait un bien fou!

Propos recueillis par Alain Zaratte

TARBES: Parti antilibéral

Le projet porté par une partie du PCF (Gayssot et les refondateurs) de créer un parti anti-libéral sur le modèle de Die Linke en Allemagne est-il le même que le nôtre? Un certain nombre de camarades semblent le penser. En tout cas, un débat,organisé par la fédération du PCF des Hautes-Pyrénées, le 28 novembre, avec François Delapierre (PRS-PS), Pierre Zarka et Marie-Pierre Vieu du PCF, et Christian Picquet du courant Unir de la LCR, devrait les détromper…

La démarche qui est proposée est de reproduire le processus qui a permis de mener campagne ensemble lors du référendum de 2005 sur le Traité européen, pour créer une nouvelle force politique, un parti antilibéral. Or, depuis le 29 mai 2005, un certain nombre d’événements politiques se sont produits, synthèse des «nonistes» et des «ouistes» au congrès de Metz du PS, proposition de Marie-George Buffet de réconcilier le «oui» et le «non»… S’il voyait le jour, ce nouveau parti, menant la même politique que le PCF aujourd’hui, se heurterait aux mêmes impasses stratégiques.

Un parti des luttes

Et l’élection de Sarkozy implique-t-elle qu’il faille à tout prix se rassembler,sans se préoccuper du contenu de l’unité, au moment ou le PS soutient les projets gouvernementaux? Le cycle de résistances et de luttes qui s’est ouvert avec la grève des cheminots prouve, au contraire, qu’il y a des divergences pratiques. À moins de vouloir construire un parti «hors sol», force est de constater que les courants «antilibéraux» (direction du PCF, directions syndicales de la CGT ou de la FSU) ont fait leur possible pour stopper la grève, ou ne pas lui donner de perspectives. Alors qu’est apparu à nouveau, comme pendant la lutte contre le CPE, un courant militant, dans les assemblées générales, qui s’est efforcé de faire converger, de généraliser la lutte.

Un nouveau parti se construira avec ces courants militants, et non pas en marchant sur la tête dans des alliances municipales avec la direction libérale du PS, comme le font Marie-Pierre Vieu et le PCF à Tarbes, qui intègrent la liste de Jean Glavany (voir le Piment rouge n°66).

Un parti internationaliste

Mais puisque Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet nous proposent un Die Linke à la française, chiche! Qu’ils commencent déjà au Sénat, pour le premier, au Parlement, pour la seconde, d’exiger le retrait des troupes françaises d’Afghanistan et de partout dans le monde, particulièrement en Afrique, où elles sèment mort et désolation. Car s’il est un point sur lequel Die Linke mène réellement campagne, au Bundestag et dans la rue (manifestation à Berlin du 29 septembre), c’est contre la guerre impérialiste et pour la paix : «Bundeswehr, raus aus Afghanistan!» («Armée allemande, hors d’Afghanistan!»).

Qu’ils fassent d’abord leurs les propos d’Oskar Lafontaine au congrès de fondation de Die Linke, le 16 juin 2007 : «Karl Liebknecht était un homme qui savait résister. Il a inauguré l’héritage du mouvement ouvrier en se dressant contre la guerre, quand il avait voté contre les crédits de guerre au Reichstag allemand. Et en ce sens-là nous nous sentons aussi proche de l’homme qui, dans le temps, m’avait incité à m’engager dans la politique, le porteur du prix Nobel de la paix, Willy Brandt, et de ce qu’il a dit :“Plus jamais de guerre partant du sol allemand!”»

Alors, chiche! Jean-Luc et Marie-George. Comme Jean Jaurès en 1914, à quand votre cri de parlementaires antilibéraux conséquents à la tribune du Sénat et de l’Assemblée nationale : «Plus jamais de guerre partant du sol français»?

Christian Zueras et Pierre Granet

ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’EAU À TOULOUSE: Succès, le 8 décembre

À l’initiative de l’association Eau Secours-31, les États Généraux de l’Eau du Grand Sud-Ouest (Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées) ont réuni près de quarante associations de l’eau, comités Attac et Collectifs unitaires de défense des services publics. Des associations d’autres régions se sont jointes ou ont apporté leur soutien à cette journée : Quimper, ACME, Eau Secours-Île de France, ATTAC-national, Convergence nationale de défense du service public.

L’objectif de la journée était l’adoption d’une plate-forme pour interpeller partis et candidats lors des prochaines élections municipales.Ceci afin qu’ils se prononcent pour le retour ou le maintien en régie des services de l’eau et de l’assainissement et pour la mise en œuvre d’une politique favorisant le contrôle démocratique de la population sur la gestion de ces services.

La plate-forme contient par ailleurs des exigences sur la qualité de l’eau et la préservation de la ressource. Les médias locaux ont largement rendu compte de la journée.Au niveau national, l’objectif est que le maximum d’associations signent la plate-forme et l’utilisent dans la campagne des municipales. Si tel est le cas, une initiative de portée nationale sera prise d’ici mars 2008. Quant au Grand Sud-Ouest, une nouvelle rencontre aura lieu d’ici un an, pour faire le bilan de cette campagne et débattre d’autres thèmes relatifs à l’eau.

Lucien Sanchez

Pour toute demande d’informations : claude.marc1 (@) free.fr

Chasse aux étrangers: communiqué

La Préfecture de la Haute-Garonne bafoue le secret professionnel des fonctionnaires et agents publics et le droit au respect de la vie privée et renforce l’organisation de la chasse aux étrangers.

Une note interne fait apparaître que, sous prétexte de «lutte contre les fraudes», la Préfecture de la Haute-Garonne tente actuellement de mettre en place, dans le plus grand secret et dans le mépris du secret professionnel des fonctionnaires et du droit des citoyens au respect de leur vie privée, un système d’échange d’informations entre tous les services administratifs et de dénonciation aux services de police et de gendarmerie par l’ensemble des fonctionnaires et agents des services publics du département.

Sous l’égide de la Direction de la réglementation et des libertés publiques de la Préfecture de la Haute-Garonne, est mis en place un «groupe de référents départementaux et des organismes sociaux en matière de lutte contre les fraudes à l’identité». Des agents référents» de la CPAM, de l’URSSAF, de la CAF, des services fiscaux, des ASSEDIC, de l’ANPE, de la CRAM, de la DTEFP, de la DDASS, de l’ANAEM devront participer à une formation organisée par la Police de l’air et des frontières (PAF). Selon cette note, les agents des administrations devraient notamment faire appel à la PAF, à la police et à la gendarmerie à chaque fois qu’ils auront un simple doute sur l’authenticité des documents qui leur sont présentés par les administrés, contrôler l’identité des patients. De plus, dans une note datée du 10 octobre 2007, la Direction de la réglementation et des libertés publiques, qui, sous prétexte d’efficacité, souhaite agir dans la confidentialité, forme le vœu d’une extension des fichiers au niveau national et de «la possibilité de croiser les informations sans croiser les fichiers nationaux car interdiction de la CNIL»en instituant des réseaux de correspondants dans chaque organisme ou administration.

Il est prévu que les entreprises publiques ou remplissant une mission de service public soient également impliquées. Dans une note préalable, la Préfecture de Haute-Garonne annonçait clairement que cette initiative, répondant à une «logique de réseau», se situait dans le «plan de lutte contre les fraudes commises par des ressortissant étrangers».

La note du 10 octobre implique, entre autres incitations :
– l’identification des personnes en situation irrégulière ou d’éloignement,
– les fraudes à l’hébergement, la «couverture» de situation irrégulière,
– l’amélioration du contrôle de la résidence déclarée.

La Police aux frontières (PAF) est le maître d’œuvre de ce dispositif.

Il s’agit donc bien d’organiser, au niveau des organismes sociaux, un système de signalement systématique, et de faire de leurs agents des auxiliaires de police. Il est symptomatique que la Justice, en l’occurrence le Procureur de la République, soit absente du processus envisagé,
les seuls interlocuteurs désignés étant les services de police.

Les organisations signataires s’insurgent contre cette nouvelle tentative de bafouer, hors de tout cadre légal et dans le plus grand secret, le secret professionnel auquel sont soumis les fonctionnaires, qui protége l’usager du service public contre la divulgation d’informations à caractère secret. Le respect de cette obligation est le corollaire du respect de la dignité de la personne humaine, principe doté d’une valeur constitutionnelle, et du droit de tous les citoyens au respect de leur vie privée.

Après la loi Perben II du 9 mars 2004 et la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007, les atteintes au secret professionnel sont désormais renforcées par de simples pratiques et notes administratives sans valeur légale.

Une telle initiative indique très clairement que se poursuit, en la renforçant, une politique de «xénophobie d’État», par la mise en place de fichages et d’incitation, voire d’obligation administrative, à dénoncer des situations irrégulières ou anormales. En l’occurrence, tous les citoyens et personnes résidant sur le territoire national sont menacés.

Toulouse, le 27 novembre 2007

Union départementale CGT 31. FSU 31. Ligue des droits de l’Homme – Toulouse. Solidaires 31. Syndicat des avocats de France, Toulouse. Syndicat de la Magistrature, Toulouse. UNSA Conseil Général 31. UNSA Éducation.

Depuis ce communiqué, la LdH a saisi la CNIL.

Égalité hommes-femmes: le grand bluff de Sarkozy

Le lundi 26 novembre, s’est ouverte la «Conférence sur l’égalité salariale et professionnelle» entre gouvernement et syndicats. Bluff et paillettes au menu…

Nicolas Sarkozy a annoncé la fin des inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail pour 2009. Moins de deux ans pour venir à bout de la différence de salaires moyens (27 % de moins pour les femmes), le moins qu’on puisse dire est que l’objectif est ambitieux! Irréaliste, aussi.

Les chiffres suivants illustrent les différences de traitement entre hommes et femmes dans la sphère professionnelle : ces dernières occupent 83 % des emplois à temps partiel, 59 % des emplois aidés ou des CDD, 80 % des salariées payées en dessous du Smic. Elles sont intonnées dans seulement six catégories professionnelles sur les vingt existantes.

Côté chômage, ce n’est pas mieux : les femmes représentent 54 % des chômeurs inscrits à l’ANPE et 57 % de ceux qui ne sont pas même indemnisés.

Passée la retraite, les choses ne s’arrangent pas : elles touchent en moyenne une pension inférieure de 40 % à celle des hommes. Et les lois qui se sont succédé au cours des vingt-cinq dernières années n’ont pas changé grand-chose. Sans mesures contraignantes pour les employeurs, elles sont restées presque sans effet. La nouvelle conférence ne peut qu’accoucher d’une souris.

Toute la politique de Sarkozy va à l’encontre de l’égalité hommes-femmes :suppression de postes dans la fonction publique, alors que les femmes sont très représentées dans ces secteurs; destruction des services publics; allongement des durées de cotisation pour les retraites alors que, avec des interruptions de carrière et plus de chômage, les pensions des retraitées vont encore diminuer énormément; ouverture des magasins le dimanche… Le durcissement des politiques d’immigration rend la vie des femmes étrangères, et notamment sans papiers, toujours plus difficile.

Rattrapage immédiat des salaires Nous regrettons tout d’abord que les confédérations syndicales soient obligées d’attendre une initiative du gouvernement pour que la question de l’égalité hommes-femmes soit abordée à nouveau. Dans les entreprises, des négociations sont obligatoires entre syndicats et employeurs sur cette question.

Mais s’il faut discuter,rien n’oblige à aboutir… Les bilans annuels d’égalité hommes-femmes sont l’occasion de faire le point. Aux équipes syndicales dans chaque entreprise de s’en saisir!

Mais cela ne peut suffire : nous revendiquons un rattrapage immédiat des salaires. Il faut exiger l’augmentation de tous les salaires de 300 euros net ainsi qu’un Smic à 1500 euros net par mois, la suppression du temps partiel imposé en garantissant le passage à temps plein automatique sur simple demande de la salariée, la reconnaissance par le code du travail que le temps partiel est une forme de précarité et non un temps choisi, l’obligation pour les employeurs de payer les mêmes cotisations sociales que pour les temps pleins.

De même, il faut exiger l’interdiction des horaires flexibles,la réduction du travail de nuit – pour les femmes comme pour les hommes – aux stricts besoins sociaux. Sa pénibilité doit être compensée par une durée de travail inférieure et un départ anticipé à la retraite.

Il n’est pas possible de parvenir à une véritable égalité au travail sans un réel partage des tâches à la maison. Les femmes assurent encore 80 % des travaux domestiques et c’est un frein à leur carrière.Nous demandons donc la création d’un service public d’accueil des jeunes enfants et de prise en charge des personnes âgées dépendantes avec des emplois stables et de qualité.

Commission féministe de la LCR


La LCR est partie prenante de la mobilisation initiée dans le cadre du Collectif national pour les droits des femmes sur l’égalité professionnelle.

Guantanamo-sur-Garonne

Dans l’édition de La Dépêche du Midi du 29 novembre 2007, Jean-Luc Moudenc, ci-devant maire de Toulouse, préconisait, à propos des incidents dans les quartiers populaires «des arrestations sans procédure» car «tant qu’on sera dans des moyens de droit ordinaire, ce droit sera piétiné». Comme il est difficile de mieux résumer ce qu’est un régime autoritaire en matière des droits des citoyens, nous proposons donc à M. Moudenc d’aller au bout de ses «idées» et de construire un Guantanamo II au Mirail, sponsorisé par la société Taser qui devrait en être ravie.

TCHAD Militaires français, camouflage européen

L’enlèvement d’enfants par L’Arche de Zoé, au Tchad, a ramené sur le devant de la scène la mise en place d’une force militaire européenne au Tchad et en Centrafrique, à la frontière du Soudan (article publié dans Rouge n°2227, 15 novembre 2007).


Tous les journalistes ont noté que le dictateur tchadien, Idriss Déby, instrumentalisait l’affaire de L’Arche de Zoé pour «faire monter les enchères» concernant le déploiement de la force européenne Eufor-Tchad/RCA. Mais aucun n’a jugé utile de revenir sur le bien-fondé de cette initiative. Rédigé par la France, le mandat de l’ONU qui l’autorise reste volontairement très flou.

Officiellement, il s’agit d’une mission de police de l’ONU (Minurcat), appuyée par une force militaire européenne (Eufor), qui devrait regrouper environ 4000 hommes, pour sécuriser les camps de réfugiés et aider au retour de ces derniers. Louables intentions… mais vraisemblablement sans rapport avec les motivations réelles.

French doctor et Mister Guerre

On se souvient de Bernard Kouchner paradant, en juin dernier, dans le camp de Goz Beida, à l’ouest du Tchad, tandis que l’armée française mettait à disposition quelques hommes pour convoyer des vivres.

Une anecdote, rapportée par l’ONG Human Rights Watch 1, est plus révélatrice : en décembre dernier, tous les vols humanitaires ont été suspendus sur l’aéroport d’Abéché, car l’armée française refusait de fournir du carburant au programme alimentaire de l’ONU, tout en en fournissant aux hélicoptères de combat de l’armée tchadienne… Du Biafra (1968) au Rwanda (1994), Kouchner est préposé à la dissimulation humanitaire de l’impérialisme français. Mais les militaires français n’ont que faire des réfugiés, ils protègent leur pré carré (Tchad et Centrafrique), et gardent un œil sur les intérêts pétroliers français au Soudan.

Idriss Déby finance, en sous-main, certaines rébellions hostiles à la junte soudanaise, laquelle lui rend la pareille sur son territoire. Sécuriser les populations de la région impliquerait de mettre fin à cet échange de bons procédés, mais l’Eufor n’en a ni le mandat, ni les moyens. Si la France voulait venir en aide aux réfugiés de la région, elle cesserait d’abord de soutenir inconditionnellement ceux qui causent leur perte. Au Tchad, elle persiste à encourager Déby dans une logique de guerre, alors que les organisations de la société civile réclament une conférence nationale élargie à toutes les factions politiques et militaires se disputant la rente pétrolière. En Centrafrique, les militaires français couvrent les crimes de guerre commis systématiquement depuis plusieurs mois contre les populations du Nord, celles qu’on prétend aujourd’hui protéger.

Néocolonialisme et contradictions européennes

Mais pourquoi faire appel à une force européenne, alors que les militaires français sont déjà largement présents sur place ? Depuis plusieurs années, on s’efforce de nous convaincre qu’une page est tournée en matière d’interventions militaires françaises en Afrique. La nouvelle doctrine affirme que l’armée française doit se débarrasser de l’image de «gendarme de l’Afrique», et elle ne jure plus que par les interventions multilatérales (menées par plusieurs pays) et sous mandat de l’ONU, lieu de «production de légitimité» 2 s’agit moins d’un changement de politique impérialiste – les interventions unilatérales récentes au Tchad et en Centrafrique le prouvent – que d’une tentative pour la poursuivre tout en limitant les accusations de néocolonialisme qui se développent en France comme en Afrique, et qui pourraient la compromettre.Il y a également un enjeu en termes de construction d’une Europe militaire, pour des interventions en Afrique qui resteraient sous le leadership de la France, soumises à ses intérêts et indépendantes de l’Otan. La France a ainsi été à l’initiative de deux précédentes interventions européennes en Afrique, toutes deux en République démocratique du Congo (RDC) :

l’opération Artémis, en 2003, et EuforRDC, en 2005. Cette dernière avait pour mandat de sécuriser l’élection présidentielle, et elle avait allié une forte participation allemande. Le ministre de la Défense allemand de l’époque avait révélé le réel enjeu de l’opération, à savoir les bénéfices que l’industrie allemande pourrait tirer de la stabilisation de l’exploitation minière en RDC.Aujourd’hui, en revanche, les militaires français, qui vont composer la moitié des effectifs de l’Eufor, peinent à trouver des partenaires européens de poids, faute d’intérêts communs, et ils ont donc sollicité des contributions modestes de divers «petits» pays. Les craintes de s’enfoncer dans un bourbier purement françafricain sont d’autant plus grandes que ni les rebelles, ni le président tchadien ne voient l’opération d’un très bon œil.

Le souhait initial du secrétaire général de l’ONU était une force aidant à la résolution de la crise politico-militaire tchadienne, et de ses implications avec le Soudan. Déby, qui ne tient au pouvoir, depuis 1990, que par des élections truquées et grâce aux Mirage français, n’a accepté la force européenne qu’avec la garantie française de rester maître du jeu. Les rebelles y voient une initiative française pour
consolider le pouvoir de Déby, et ils ont annoncé qu’ils abattraient les avions militaires français qui les survolent. Les réfugiés ne sont malheureusement pas près de rentrer chez eux.

Robin Guébois

1. «Trop jeunes pour la guerre : les enfants sol-
dats dans le conflit tchadien», juillet 2007.
2. Lire Rouge no 2226 et voir, par exemple, la
manière dont cette question est posée dans le
rapport «La France et la gestion des crises afri-
caines : quels changements possibles?», com-
mission des affaires étrangères du Sénat (UMP,
UDF, PS, PCF).

Troupes françaises, hors d’Afrique!

Le Tchad et le Centrafrique sont considérés, par l’état-major, comme la plaque tournante de la présence militaire française en Afrique. Depuis les indépendances, l’armée française y fait et défait les régimes, portant la plupart du temps au pouvoir des militaires qu’elle a formés. Au Tchad, près de 1000 hommes stationnent en permanence. Il ne s’agit pas officiellement d’une base militaire permanente, mais d’une opération provisoire (Épervier), qui dure depuis 1986. En Centrafrique, la France avait deux bases militaires, à Bouar et à Bangui, qu’elle a fermées en 1998… sans jamais réellement partir. Elle a toujours maintenu des soldats en nombre variable, dans le cadre de différentes opérations. La dernière en date est l’opération à Boali, depuis 2002, qui s’est encore renforcée à l’occasion des interventions militaires françaises à Birao l’année dernière. Elle compte actuellement au moins 250 légionnaires et parachutistes.

Au-delà d’Annapolis, Gaza affamé…

Une semaine après la conférence «de paix» d’Annapolis, le porte-parole du ministère de l’Habitat israélien, Kobi Bleich, a annoncé la construction de 307 logements à Har Homa, Jérusalem-Est. La colonisation continue. Et la libération de 400 prisonniers palestiniens ne trompe personne en Palestine, quand 40 députés et ministres palestiniens restent détenus en otages en Israël. En acceptant un État palestinien coupé en deux, avec Gaza ghettoïsé (lire ceci), soit exactement ce que Yasser Arafat avait refusé à Camp David en juillet 2000, Mahmoud Abbas a franchi le Rubicon de la collaboration…

Pierre Vimont

Criminels de guerre: leaders israéliens à La Haye!

Il y a quelques années, l’ancien conseiller d’Ariel Sharon, Dov Weisglass, avait menacé d’imposer «une diète» aux Palestiniens, organiser un siège visant à les affamer, non les faire totalement mourir de faim, mais créer une détresse tout en évitant une complète crise humanitaire qui aurait provoquer une intervention internationale. La réaction de la communauté internationale, toutefois, obligea le gouvernement israélien à reculer. Ce qui, il y a quatre ans encore, était considéré comme un crime de guerre majeur, semble aujourd’hui accepté comme totalement légitime.

«Nous déclarons Gaza entité hostile», a annoncé le conseil des ministres israélien, ordonnant le complet embargo d’un territoire où résident plus d’un million et demi d’habitants. En d’autres termes, un million et demi d’hommes de femmes, d’enfants, de malades et de vieillards ne sont plus considérés comme des êtres humains, protégés par les lois internationales, mais seulement comme une «entité» hostile. En plus de l’embargo sur le fuel, l’alimentation et les médicaments, les approvisionnements en eau et électricité sont coupés plusieurs fois par jour. Les leaders israéliens ne cachent pas leur but de cibler la population civile: «Gaza retournera au Moyen Âge. Naturellement les produits de base continueront à parvenir jusqu’à la Bande [de Gaza], en sorte de ne pas provoquer une crise humanitaire. Mais notre but est de forcer la population à ressentir la pression pour réduire [les tirs] de missiles Qassam», a déclaré un officiel israélien (Israeli Today, 25 octobre 2007).

La punition collective et le ciblage de civils sont considérés comme de graves violations des lois internationales et, partant, des crimes de guerre. En définissant la population comme une «entité hostile», les membres du conseil des ministres israéliens ont ouvert la voie qui les mènera, tôt ou tard, au Trbunal pénal international. Mais la communauté internationale reste silencieuse, elle apaise sa conscience en fournissant l’assistance humanitaire d’urgence aux habitants de Gaza.

Le mouvement international de solidarité doit accroître sa mobilisation de soutien et demander à ses gouvernements et aux Nations Unies d’imposer des sanctions à l’État d’Israël aussi longtemps qu’il ne respectera pas les lois internationales et n’aura pas levé le siège sur Gaza et sa population.

Nous tous devons relayer l’appel du Comité national (palestinien) pour briser le siège sur Gaza qui déclare : «Le peuple de Gaza est privé des plus élémentaires conditions d’une vie décente. Nous sommes déterminés à agir main dans la main, épaule contre épaule, avec tous ceux qui croient en la liberté, la dignité humaine et la paix. C’est un véritable appel au secours d’un peuple […] Gaza est destiné à être la ville de la mort où tout est détruit. C’est notre devoir de sauver la vie.»

Michel Warschawski,
30 octobre 2007

«PARANOID PARK» / GUS VAN SANT

Un train d’images peut en cacher un autre


L’adolescence est le sujet de prédilection de Gus Van Sant; il bouleverse le genre du public school movie (film de lycée) en réduisant les éléments psychologiques et sociologiques, voire politiques, à de simples données (ici la crise familiale, la marginalité et la guerre en Irak, entre autres) pour valoriser les corps, les mouvements, les paysages, les climats… Cela donne à son cinéma ce côté hagard, expérimental, plastique, poétique qui renouvelle notre perception du monde et notre façon de penser.

L’ancien et le nouveau

Ce film est l’histoire d’une thérapie par l’écriture et la parole selon un schéma classique : flash-back/voix off. Le skateur Alex, écrit la longue lettre, aux dimensions d’un bref roman, qui le guérira.

Deux éléments perturbent la simplicité du procédé :
– les images-souvenirs sont doublées d’images-rêves (envols en apesanteur au Paranoid Park, justement…) mais aussi d’images-documents (les contrôles d’identité des skateurs,souvent noirs ou métissés…), ce qui brouille les frontières entre le subjectif et l’objectif : qui a vu? qui se souvient et de quoi?

– la rédaction de la lettre est hésitante et des autocorrections relancent le récit, le complètent, le redoublent de scènes semblables mais filmées différemment : après une première série d’éléments, la main d’Alex, en gros plan, trace, de nouveau les lettres de «PARANOID PARK» comme si le film recommençait pour suivre un autre parcours. La lettre en train de s’écrire, c’est le film en train de se faire, avec des courbes comparables aux évolutions des skateurs…

Ces mélanges permettent à Gus Van Sant de faire des films esthétiquement composites, hétérogènes, fait de pièces et de morceaux disposés à des niveaux différents, parallèles ou complémentaires, en accéléré ou au ralenti. Le film produit ses propres doubles.

Schizoid park…

Cette question des niveaux, Alex la pose clairement : la vie est faite de niveaux différents… elle ne se résume pas à la famille et au lycée… il y a autre chose, ailleurs…

Cet «autre chose», ici, c’est l’accident meurtrier,le corps coupé en deux qui rampe entre les rails, à l’opposé des corps aériens du Paranoid Park voisin; c’est le souvenir refoulé qui revient par l’écriture, la parole, les images et les sons.

Nos vies sont faites de strates, des couches,actuelles ou virtuelles accidentellement révélées, nous dit Gus Van Sant, et le cinéma est par excellence le moyen de construire ces niveaux qui peuvent en cacher d’autres,cet éventail de possibilités variables, cette vision et
cette écoute plurielles d’un monde peut-être multiple lui aussi.

Le film amorce des circuits elliptiques que l’on pourrait compléter sans fin, selon différentes versions de la lettre d’Alex. À propos de douche et d’oiseaux Les différents degrés du film sont encore plus nettement marqués dans la bande-son : genres musicaux variés, chevauchements de morceaux, interruptions, reprises et emprunts… Le lien entre audio et visuel n’est plus immédiat, évident : un écart se creuse.

Lorsqu’on entend la musique de Nino Rota (celle de Juliette des esprits ou de Amarcord, de Fellini…), une porte virtuelle s’ouvre sur d’autres films qui viennent se greffer sur celui ci,avec force,parfois jusqu’à couvrir la voix de l’adolescente en colère avec laquelle Alex vient de rompre : paradoxalement, un moment de cinéma muet fait irruption.

Lors de la scène où Alex se lave de son crime on entend des chants d’oiseaux… alors que le seul oiseau, tardivement montré, est un motif du carrelage de la salle de bains… À un autre niveau, lui aussi, Gus Van Sant pratique des associations libres : scène de douche égale Psychose, Psychose égale Hitchcock, Hitchcock égale Les Oiseaux 1 …

C’est un cinéma de poésie à plusieurs entrées, semblable au fonctionnement des rêves : un élément déplacé se condense avec un autre… que l’on se reconnaît pas tout de suite.
Le cerveau et le corps

Alex ressemble à d’autres adolescents des films de Gus Van Sant (souvenons-nous du jeune Noir écrivain et basketteur de À la rencontre de
Forrester) : il fait travailler à la fois son corps et son cerveau.

Ce qu’il dit de lui nous donne une nouvelle clé du film : «Mon cerveau tourne en rond et mon corps veut fuir…»

Ange déchu, Alex se perd dans une culpabilité qui paralyse son corps; tempête sous un crâne et ligne de fuite impossible…

C’est en inversant la donne qu’il s’en sortira :
– son cerveau va fuir dans la rédaction de la lettre et quitter le labyrinthe,
– son corps va pouvoir retrouver les loopings rêvés du skate.

Dans ses écrits sur le cinéma, le philosophe Gilles Deleuze parle d’un «cinéma des corps» et d’un «cinéma du cerveau» 2 : il semble que Gus Van Sant cherche et trouve le point de rencontre entre les deux…

Leur conjonction, dans Paranoid Park, malgré les têtes de mort sur les T-shirt, est plus optimiste que dans ses films précédents (Gerry, Elephant, Last Days). Soulagé, Alex peut enfin s’endormir en classe… C’est dommage : le cours porte sur les micro et les macro-organismes… les deux infinis, en quelque sorte… tout un programme… de cinéma!

Bernard Chamayou

Notes:
1. Gus Van Sant est l’auteur d’une «reproduction» en couleurs du film de Hitchcock Psychose où l’on entend beaucoup d’oiseaux. Dans Paranoid Park, la scène du train est une réminiscence d’un autre film de Hitchcock, L’Ombre d’un doute.
2. «Donnez-moi donc un corps» (Godard, Cassavetes, Garrel, Doillon…), «Donnez-moi un cerveau» (Kubrick, Resnais…), Gilles Deleuze, Cinéma 2. L’image-temps, Éditions de Minuit, Paris, 1985.

Souscription 2007 / 150000 €
récoltés 94000 €/ manquent 56000 €

Non, la LCR ne sort pas ruinée de l’élection présidentielle : nous avons construit notre budget de campagne de manière à ce qu’il soit couvert, pour l’essentiel, par le forfait de 800000euros accordé par l’État à chaque candidat. D’autres partis ont été moins prudents… Renforcée, non seulement par le nombre de voix qui se sont portées sur Olivier Besancenot, mais aussi par l’écho de la campagne, pour la première fois, la LCR a présenté ou soutenu plus de 500 candidatures aux élections législatives, beaucoup plus que ce que nous avions prévu et budgétisé. Et là, pas de remboursement de l’État.

Mais les activités de la LCR ne s’arrêtent pas à cela :
– Nous voulons que de nombreux jeunes, chômeurs, salarié-e-s précaires puissent participer à notre Université d’été, au-delà des contraintes financières.

– Nous voulons pouvoir être présents, dès maintenant, avec des affiches, des tracts contre la politique de Sarkozy et sa bande de tueurs des droits sociaux et démocratiques.

– Nous voulons que notre hebdomadaire, Rouge, puisse vivre.
Nous savons que vous comptez sur la LCR pour les luttes futures. La LCR compte sur vous pour l’aider à les mener. En 2006, comme en 2005, nous avons réussi la souscription et dépassé les 150000 euros. En 2007,nous ne doutons pas que nous ferons aussi bien.

D’avance, merci à toutes et tous

Participez à la souscription en envoyant vos chèques pour "lcr souscription" à lcr31 9, rue corneille 31300 Toulouse