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LUTTES SOCIALES: Les jeux ne sont pas faits

Un mouvement social ni victorieux ni défait : telle est la situation paradoxale dans laquelle nous nous trouvons à l’issue des dernières semaines de mobilisation. Le gouvernement, bien décidé à frapper vite et fort, avait néanmoins méthodiquement préparé le terrain pour la bataille : des mois de pilonnage politico-médiatique sur le programme du candidat Sarkozy, et sur la portée politique de sa victoire propre à légitimer une mise en œuvre aussi rapide que brutale; en face, une gauche politique étrillée, une opposition syndicale désorientée qui intériorise d’avance le rapport de force comme ultra défavorable. C’est sur ce terrain que les enseignements de la dernière période sont le plus significatifs.


En première ligne les cheminots défendant des acquis qui ne suscitent pas spontanément la convergence. La popularité de cette revendication était en soi un problème politique, qui pesait lourd dans la capacité de ce secteur à remporter la bataille. Sur ce point, comme sur tout ce qui touche aujourd’hui à la remise en cause des acquis sociaux issus de la Libération, les renoncements idéologiques de la gauche sociale-libérale sont criminels, car ils désarment idéologiquement les salariés, et font passer leurs luttes pour des mobilisations corporatistes d’arrière-garde, ce qui renvoie en fait à une bataille globale pour sauvegarder le principe de solidarité dans ce pays. Mais les directions des confédérations syndicales portent une responsabilité tout aussi grande. Face à une offensive globale, elles ont organisé la parcellisation des résistances.

Qu’on en juge :les syndicats CFDT,UNSA,et FO de la Fonction publique refusent d’appeler à la grève avec les cheminots le 18 octobre pour de prétendues raisons de lisibilité.Par crainte de briser l’unité, CGT, FSU et Solidaires ont alors renoncé à appeler seuls, renvoyant la question à leurs instances départementales; le résultat fut, comme prévu, modeste. L’intersyndicale de la Fonction publique pose alors une date de grève le 20 novembre, bien loin du 18 et de ses éventuelles suites. Dans ce contexte, lorsque les syndicats des transports décident d’un mouvement présenté d’entrée comme reconductible pour le 13 novembre, on sait déjà que la jonction va être difficile. Et telle était bien l’intention de la CFDT, entre autres, qui ne voulait pas de «grève politique»!

Une forte mobilisation exemplaire

C’est là que la mobilisation des cheminots devient exemplaire, le dépôt d’un mot d’ordre reconductible et le contrôle par des AG de la lutte sont des éléments déterminants. Alors que les étudiants sont dans la lutte,que les fonctionnaires s’interrogent sur la stratégie à adopter, que le privé, frappé de plein fouet par les licenciements, la précarité et un pouvoir d’achat en berne, connaît des mobilisations dans plusieurs entreprises, la jonction était possible. Pour autant les cheminots n’ont pas réussi l’élargissement de la lutte aux autres secteurs. Ils ont tenu jusqu’au 20 mais la Fonction publique n’a pas embrayé, au lendemain d’une journée pourtant réussie. La volonté des directions syndicales (sauf SUD-Rail) de s’engager rapidement dans des négociations compensatrices en renonçant aux 37,5 annuités était contradictoire avec la convergence. Elles voulaient mettre un terme rapide à la grève des cheminots pour éviter un «Tous ensemble» qualifié de «politique» pour le discréditer, mais seul à même de faire plier Sarkozy et son gouvernement.

Les étudiants en lutte et les fonctionnaires prêts à s’y engager en furent refroidis et ce mouvement fort de possibles a reflué. À l’évidence la question de la plateforme commune n’est pas simple. Les revendications sont pourtant larges : salaires, retraites, santé, emploi public, services publics… chacun peut s’y retrouver mais cela ne suffit pas toujours à faire un levier efficace et une articulation évidente. La question des formes de lutte n’est pas moins compliquée : chez les fonctionnaires, les séquelles de 2003 persistent, et la victoire sur le CPE, par contre-coup, valorise dans la tête de beaucoup un modèle de mobilisation scandé par des journées de manif monstres, orchestrées par une intersyndicale à qui les salariés avaient objectivement laissé le soin de mener la danse.

Tout reste à faire

Si le gouvernement a habilement mené sa barque, force est de constater que sa victoire n’est pas encore acquise. Les négociations en cours sont sans conteste une manœuvre, mais laissent néanmoins ouverte pour les salariés l’opportunité de rebondir.Entre-temps d’autres fronts peuvent s’ouvrir, car les attaques se préciseront début 2008 sur les retraites du régime général et dans la Fonction publique notamment, sur fond de franchises et de cadeaux fiscaux répétés aux riches et au Medef. Le pouvoir n’a pas non plus gagné la bataille de l’opinion en dépit d’un matraquage médiatique éhonté. Dans ce deuxième round à venir, construire le «Tous ensemble» est possible autant qu’indispensable. Nous continuerons à organiser le soutien aux luttes, à donner des perspectives d’une autre politique sociale à gauche et à mener sur le terrain la bataille pour les convergences sur des mots d’ordre de rupture avec la logique du Medef qui, lui, n’hésite pas à faire de la politique contre les intérêts des travailleurs.


Marie-Cécile Perillat et Bernard Deswarte

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