Edito: Le Père Noël est une ordure
Pancarte sur l'augmentation de Sarkozy Copyright : Photothèque Rouge/JR
Paraît-il que le Père Noël Sarkozy n’avait rien dans sa hotte lorsqu’il est venu, une fois de plus, encombrer les ondes des chaînes de télé jeudi 29 novembre. Paroles de journalistes. Vous parlez d’un scoop ! Face à la première préoccupation des Français, en particulier des salariés, à savoir la baisse du pouvoir d’achat, le président n’avait rien à dire de sonnant et trébuchant, si ce n’est son sempiternel « travaillez plus pour gagner plus ». Que pouvait-on attendre de celui qui multiplie les cadeaux fiscaux aux plus riches, exonère toujours plus les patrons et s’octroie sans honte 172 % d’augmentation de salaire?
Et comme bien entendu, pour ne plus parler de ce qui fâche une majorité de travailleurs, nous avons eu droit au couplet sur l’insécurité avec un Sarkozy pourfendeur des voyous, stigmatisant encore et encore les habitants des quartiers populaires et les jeunes en particulier. La recette est éculée mais elle a eu le malheur de fonctionner bien des fois : aux préoccupations sociales, légitimes, la droite arrogante et démago répond discours sécuritaires. Jusqu’à la nausée. Et quand le thème de l’insécurité a été largement épuisé le président Sarkozy passe à un autre couplet dont on connaît par cœur la chanson : celui des salariés nantis et égoïstes qui refusent les réformes et qui ne veulent pas aller de l’avant ! Vous avez bien compris de qui il s’agissait : des cheminots, des travailleurs de la RATP qui ont eu le toupet mais surtout le courage de refuser le passage en force du gouvernement.
Mais là il faut bien le dire le chef de l’État a été bien secondé durant des semaines entières : jamais les médias, en particulier les JT, ne s’étaient à ce point déchaînés sur les grévistes. En boucle on nous a ressassé « la galère » des usagers, « la prise en otage » de tout un pays, rien que ça. Et si cela va mal dans notre beau pays, ça serait à cause des cheminots ! Un cap a même été franchi puisqu’aux grévistes cheminots a été associé le terme de « sabotage » ! C’est tout naturellement que cette rhétorique nauséabonde a fini dans la bouche de Sarkozy. Mais qui peut parler de galère aujourd’hui, si ce n’est les millions de salariés qui ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois, à payer leur loyer.
Non, les prix ne baissent pas ! Surtout pas ceux des produits de première nécessité et on ne nourrit pas les gosses avec des téléphones portables ni avec la hot line, services paraît-il plus abordables, info qui doit faire plaisir à des centaines de milliers de smicards ! Et qui « est pris en otage » à l’heure actuelle, si ce n’est les millions de travailleurs entre les mesures ultralibérales et brutales de la droite et l’offensive du Medef et de sa patronne, Laurence Parisot ? C’est le moment de dire quelques mots de cette dernière et des exigences de l’organisation patronale.
Le moins qu’on puisse dire c’est que la patronne des patrons n’y va pas avec le dos de la cuillère : dans un article de la Tribune du 21 novembre dernier, Laurence Parisot préconise purement et simplement de supprimer la durée légale du travail ! Elle rajoute sans rire dans le même article que « la vraie question n’est pas comment contribuer à ce qu’il y ait plus de pouvoir d’achat mais : comment contribuer à ce qu’il y ait plus de croissance ». La réponse coule de source, toujours sans rire : « Pour moi [Laurence Parisot], il y a deux axes principaux à travailler, comment on fait pour baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises, c’est prioritaire, et deuxième chose, accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail. » Pour le premier axe, les exonérations, c’est déjà gagné pour le Medef. Manque plus que mettre en chantier le deuxième. Et Parisot peut compter, sans problème, sur Sarkozy ! Les salariés, eux, ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et sur les militants révolutionnaires de la Ligue notamment, stigmatisés à leur tour par la droite, comme fauteurs de trouble.
Eh bien ! pour une fois on est d’accord avec la droite : la LCR, elle s’oppose, et se bat aux côtés de ceux et celles qui ont compris décidément que le Père Noël est une ordure, et qui savent que pour gagner sur les salaires et le pouvoir d’achat, il faut lutter et se mettre en grève. Pour que, comme le dit la chanson, le voleur rende gorge.
le 5 décembre 2007
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