TARBES: Parti antilibéral
Le projet porté par une partie du PCF (Gayssot et les refondateurs) de créer un parti anti-libéral sur le modèle de Die Linke en Allemagne est-il le même que le nôtre? Un certain nombre de camarades semblent le penser. En tout cas, un débat,organisé par la fédération du PCF des Hautes-Pyrénées, le 28 novembre, avec François Delapierre (PRS-PS), Pierre Zarka et Marie-Pierre Vieu du PCF, et Christian Picquet du courant Unir de la LCR, devrait les détromper…
La démarche qui est proposée est de reproduire le processus qui a permis de mener campagne ensemble lors du référendum de 2005 sur le Traité européen, pour créer une nouvelle force politique, un parti antilibéral. Or, depuis le 29 mai 2005, un certain nombre d’événements politiques se sont produits, synthèse des «nonistes» et des «ouistes» au congrès de Metz du PS, proposition de Marie-George Buffet de réconcilier le «oui» et le «non»… S’il voyait le jour, ce nouveau parti, menant la même politique que le PCF aujourd’hui, se heurterait aux mêmes impasses stratégiques.
Un parti des luttes
Et l’élection de Sarkozy implique-t-elle qu’il faille à tout prix se rassembler,sans se préoccuper du contenu de l’unité, au moment ou le PS soutient les projets gouvernementaux? Le cycle de résistances et de luttes qui s’est ouvert avec la grève des cheminots prouve, au contraire, qu’il y a des divergences pratiques. À moins de vouloir construire un parti «hors sol», force est de constater que les courants «antilibéraux» (direction du PCF, directions syndicales de la CGT ou de la FSU) ont fait leur possible pour stopper la grève, ou ne pas lui donner de perspectives. Alors qu’est apparu à nouveau, comme pendant la lutte contre le CPE, un courant militant, dans les assemblées générales, qui s’est efforcé de faire converger, de généraliser la lutte.
Un nouveau parti se construira avec ces courants militants, et non pas en marchant sur la tête dans des alliances municipales avec la direction libérale du PS, comme le font Marie-Pierre Vieu et le PCF à Tarbes, qui intègrent la liste de Jean Glavany (voir le Piment rouge n°66).
Un parti internationaliste
Mais puisque Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet nous proposent un Die Linke à la française, chiche! Qu’ils commencent déjà au Sénat, pour le premier, au Parlement, pour la seconde, d’exiger le retrait des troupes françaises d’Afghanistan et de partout dans le monde, particulièrement en Afrique, où elles sèment mort et désolation. Car s’il est un point sur lequel Die Linke mène réellement campagne, au Bundestag et dans la rue (manifestation à Berlin du 29 septembre), c’est contre la guerre impérialiste et pour la paix : «Bundeswehr, raus aus Afghanistan!» («Armée allemande, hors d’Afghanistan!»).
Qu’ils fassent d’abord leurs les propos d’Oskar Lafontaine au congrès de fondation de Die Linke, le 16 juin 2007 : «Karl Liebknecht était un homme qui savait résister. Il a inauguré l’héritage du mouvement ouvrier en se dressant contre la guerre, quand il avait voté contre les crédits de guerre au Reichstag allemand. Et en ce sens-là nous nous sentons aussi proche de l’homme qui, dans le temps, m’avait incité à m’engager dans la politique, le porteur du prix Nobel de la paix, Willy Brandt, et de ce qu’il a dit :“Plus jamais de guerre partant du sol allemand!”»
Alors, chiche! Jean-Luc et Marie-George. Comme Jean Jaurès en 1914, à quand votre cri de parlementaires antilibéraux conséquents à la tribune du Sénat et de l’Assemblée nationale : «Plus jamais de guerre partant du sol français»?
Christian Zueras et Pierre Granet
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