ÉDUCATION NATIONALE: L’âne1 bouge encore…
Photothèque Rouge/JMB
Par Marie-Cécile Périllat
Comme les autres services publics, l’École fait l’objet d’attaques en règle pour réduire le nombre et le coût des fonctionnaires (suppression de dizaines de milliers de postes en quelques années, recours massif à la précarité), mais aussi le mode de gestion du service public dont les moyens sont désormais contractualisés en fonction d’objectifs et non plus en fonction des besoins, la « culture du résultat » supplante celle de service public et la caporalisation des personnels est omniprésente à l’heure où ils sont sommés de gérer la misère. Bref le service public calque la politique managériale du privé, quand il ne privatise pas directement (cantines scolaires, cours privés…).
Le gouvernement a bien évidemment l’habileté de ne pas attaquer tout le monde à la fois, et pas de la même façon. L’offensive se fait secteur par secteur, catégorie par catégorie, en jouant sur un éclatement des situations des personnels. C’est là la faillite d’un certain syndicalisme enseignant qui a privilégié les petits acquis partiels aux conquêtes de droits collectifs (en terme de salaires et de temps de travail notamment), démultipliant ainsi les situations particulières et affaiblissant le potentiel de résistance.
Robien décerne le bonnet d’âne
L’ensemble de ces attaques s’est doublé depuis quelques mois d’une offensive idéologique visant à discréditer l’École elle-même. C’était déjà latent pour le collège accusé de tous les maux, mais, fait nouveau, le primaire est désormais dans le collimateur : la polémique ouverte par le ministre sur l’apprentissage de la lecture n’a pas d’autre fonction que de faire croire à une échelle de masse que l’École a failli, qu’elle doit en conséquence être réformée selon une logique proprement réactionnaire. Il s’agit en effet d’imposer une révision profonde des missions de l’école qui se resserreraient sur l’apprentissage d’un socle commun minimaliste, bien suffisant pour les couches populaires destinées à l’éviction du système scolaire dès 14 ans, via l’apprentissage. Bientôt le retour au certificat d’études, et le lycée réservé à l’élite…
Ainsi l’École est devenue le sujet de société que les personnels en grève en 2003 contre la décentralisation voulaient qu’elle soit, sauf que cela se produit dans les pires conditions. Et la campagne présidentielle, où la question de l’École s’est invitée très tôt, n’est pas pour rassurer. Ségolène Royal qui s’était déjà illustrée sur les vertus de l’encadrement militaire pour les jeunes délinquants, n’hésite pas à remettre en cause la carte scolaire, ce en quoi elle légitime l’idée d’une école à plusieurs vitesses avec la mise en concurrence des établissements au seul bénéfice des familles aisées, dont, du reste, elle-même fait partie comme l’essentiel de la classe politique…
Mais la résistance n’est pas morte
La mobilisation dans l’éducation n’a cependant pas dit son dernier mot malgré une vraie difficulté à surmonter la défaite de 2003. Derrière la question des moyens et des recrutements c’est notre conception même du service public d’éducation qui se joue. Des convergences s’opèrent dans l’intersyndicale de l’éducation, a minima certes, mais donnent un cadre de mobilisation visible par exemple à travers la grève du 18 décembre dans le second degré : grève aussi réussie que tardivement appelée. Autrement dit, les capacités de réaction existent chez les personnels. Déjà plusieurs établissements de la région parisienne se sont mis en grève en janvier et la pression monte pour que s’organisent des assemblées générales d’établissements. La FSU s’est dotée à son congrès de mandats d’action ouverts, qui appellent à la mobilisation. Tout cela s’articule avec la mobilisation fonction publique du 8 février autour de l’emploi, des salaires et de la défense du service public. La période pré-électorale n’est pas vouée à l’attentisme social, nous devons construire et faire converger les luttes naissantes.
1. L’âne, dont est légendaire l’entêtement à ne pas se soumettre sous les coups de bâton, est le sobriquet que s’attribuent à eux-mêmes en salle des professeurs nombre d’enseignants, sortis battus mais non résignés de leur longue grève de 2003.
Le gouvernement a bien évidemment l’habileté de ne pas attaquer tout le monde à la fois, et pas de la même façon. L’offensive se fait secteur par secteur, catégorie par catégorie, en jouant sur un éclatement des situations des personnels. C’est là la faillite d’un certain syndicalisme enseignant qui a privilégié les petits acquis partiels aux conquêtes de droits collectifs (en terme de salaires et de temps de travail notamment), démultipliant ainsi les situations particulières et affaiblissant le potentiel de résistance.
Robien décerne le bonnet d’âne
L’ensemble de ces attaques s’est doublé depuis quelques mois d’une offensive idéologique visant à discréditer l’École elle-même. C’était déjà latent pour le collège accusé de tous les maux, mais, fait nouveau, le primaire est désormais dans le collimateur : la polémique ouverte par le ministre sur l’apprentissage de la lecture n’a pas d’autre fonction que de faire croire à une échelle de masse que l’École a failli, qu’elle doit en conséquence être réformée selon une logique proprement réactionnaire. Il s’agit en effet d’imposer une révision profonde des missions de l’école qui se resserreraient sur l’apprentissage d’un socle commun minimaliste, bien suffisant pour les couches populaires destinées à l’éviction du système scolaire dès 14 ans, via l’apprentissage. Bientôt le retour au certificat d’études, et le lycée réservé à l’élite…
Ainsi l’École est devenue le sujet de société que les personnels en grève en 2003 contre la décentralisation voulaient qu’elle soit, sauf que cela se produit dans les pires conditions. Et la campagne présidentielle, où la question de l’École s’est invitée très tôt, n’est pas pour rassurer. Ségolène Royal qui s’était déjà illustrée sur les vertus de l’encadrement militaire pour les jeunes délinquants, n’hésite pas à remettre en cause la carte scolaire, ce en quoi elle légitime l’idée d’une école à plusieurs vitesses avec la mise en concurrence des établissements au seul bénéfice des familles aisées, dont, du reste, elle-même fait partie comme l’essentiel de la classe politique…
Mais la résistance n’est pas morte
La mobilisation dans l’éducation n’a cependant pas dit son dernier mot malgré une vraie difficulté à surmonter la défaite de 2003. Derrière la question des moyens et des recrutements c’est notre conception même du service public d’éducation qui se joue. Des convergences s’opèrent dans l’intersyndicale de l’éducation, a minima certes, mais donnent un cadre de mobilisation visible par exemple à travers la grève du 18 décembre dans le second degré : grève aussi réussie que tardivement appelée. Autrement dit, les capacités de réaction existent chez les personnels. Déjà plusieurs établissements de la région parisienne se sont mis en grève en janvier et la pression monte pour que s’organisent des assemblées générales d’établissements. La FSU s’est dotée à son congrès de mandats d’action ouverts, qui appellent à la mobilisation. Tout cela s’articule avec la mobilisation fonction publique du 8 février autour de l’emploi, des salaires et de la défense du service public. La période pré-électorale n’est pas vouée à l’attentisme social, nous devons construire et faire converger les luttes naissantes.
1. L’âne, dont est légendaire l’entêtement à ne pas se soumettre sous les coups de bâton, est le sobriquet que s’attribuent à eux-mêmes en salle des professeurs nombre d’enseignants, sortis battus mais non résignés de leur longue grève de 2003.
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