LPD : Sarkozy installe la police des familles
Tous les jours, Nicolas Sarkozy sort une nouvelle provocation punitive. […] il a souhaité instaurer des peines planchers automatiques pour les récidivistes. Plus besoin de procès contradictoire et de justice : tel acte = tant d’années de prisons. Réprimer, menacer, désigner des coupables, des catégories sociales « à risques », tel est son obsession. Mais ce n’est pas seulement une lubie personnelle, c’est un projet d’encadrement social pensé et cohérent. Le libéralisme, ou encore le conservatisme capitaliste, a deux faces : côté pile, le recul social, côté face, la punition, par la violence policière et judiciaire, pour faire face à la « menace populaire ».
Pour répondre aux exigences de la mondialisation capitaliste, les bourgeoisies se sont fixé un objectif : faire baisser le coût de la force de travail. L’insécurité sociale se généralise, tout comme les discriminations à caractère raciste touchant les « immigrés » et leurs enfants. De fait, plusieurs millions de personnes sont éjectées du système, avec tous les effets que cela produit sur l’ensemble des groupes sociaux, les individus, les repères et l’identité sociale. Dans son rapport sur le projet de loi de prévention de la délinquance, remis à Villepin en décembre dernier, Sarkozy écrit : « Le défaut d’insertion, quelle qu’en soit la cause, […] peut engendrer de la frustration […], débouchant sur des comportements de rupture (délinquance, intégrisme, repli communautaire). » Les populations en difficulté sociale et celles qui risquent de s’y retrouver sont donc clairement montrées du doigt comme viviers de futurs délinquants : classes pauvres = classes dangereuses. Dans le même temps, l’action revendicative et les luttes sociales sont, elles aussi, criminalisées. En effet, les politiques économiques menées pour satisfaire la voracité du capital produisent, à une échelle de masse, du chômage, de l’exclusion, de la pauvreté et de la précarité. De tous côtés, la révolte peut surgir, comme l’an dernier, avec celle de la jeunesse des quartiers populaires.
On lit aussi dans ce rapport : « La prévention de la délinquance n’est pas une forme particulière de politique sociale […], l’approche sociale est réductrice et cultive la culture de l’excuse sociale à la délinquance. » C’est là que la réponse sécuritaire prend son sens : il s’agit d’aller de manière « préventive » vers la mise en place d’un arsenal juridique permettant de faire face aux risques d’explosion sociale. C’est l’équivalent, au niveau national, de la guerre préventive que mène l’ami américain de Nicolas Sarkozy au niveau international. Il s’agit de contrôle social et de fichage. Le projet de loi Sarkozy donne au maire le statut de « nouveau shérif », avec des pouvoirs de police, éducatifs, judiciaires, sanitaires, avec la possibilité de convoquer les familles défaillantes afin de leur rappeler leurs devoirs, et le pouvoir de faire suspendre les allocations familiales ou de faire interner d’office pour trouble à l’ordre public.
Une véritable surveillance des populations se met en place, avec l’obligation de transmettre aux maires les données sociales recueillies par les professionnels de l’action sociale ou médico-sociale, les transformant en auxiliaires de police. S’ajoute à cela la création du « service des volontaires civils de la Police nationale ». Surtout, la répression des mineurs est renforcée, avec une énième réforme de l’ordonnance de 1945 : comparution immédiate et enfermement sont de mise. Les lois répressives adoptées depuis quatre ans s’articulent avec la réforme Fillon de l’école et les lois Borloo sur « l’égalité des chances et la cohésion sociale » mettant en place l’apprentissage dès 14 ans, les « projets de réussite éducative » et le « contrat de responsabilité parentale ».
Sarkozy […] porte un véritable projet politique consistant à imposer à la classe ouvrière et à la jeunesse les nouvelles règles d’insécurité sociale généralisée. La frénésie législative de Sarkozy entraîne des divisions dans son propre camp. Sur fond de guerre interne à l’UMP, des réactions contre les peines planchers pour les récidivistes ont vu le jour. Mais reprocher à Sarkozy, comme le fait le Parti socialiste, son manque de résultats, ou proposer l’embrigadement militaire des jeunes, comme le fait Ségolène Royal, c’est aller sur son terrain. Or, il faut répondre sur le plan social. C’est bien l’insécurité sociale qui est le terreau du « sentiment d’insécurité ». Il faut partir de ce constat pour contrer l’offensive idéologique. […]
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