Grève du 115 et situation des SDF
Par Stéphane Borras
Pour qui connaît le milieu des services sociaux d’aide aux SDF, la grève du « 115 »1 à Toulouse du mois de novembre 2006 n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Toutefois, sa popularité, sa massivité (à l’échelle de ce secteur) et sa détermination peuvent refléter un tournant dans les luttes de ce secteur.
La population SDF est orpheline d’organisations de défense depuis la mise en veilleuse d’associations comme le DAL (tout au moins à Toulouse). Pourtant, la situation ne cesse de se dégrader et le caractère d’urgence sociale prend ici tout son sens. Face à cette détresse, les travailleurs médico-sociaux de ce secteur sont au premier front. « Fantassins du social », comme le disait Bourdieu, il leur arrive de lever la crosse en l’air et de tirer sur leurs propres généraux. C’est ce qu’ils ont fait au cour de cette grève.
Soutenus par les syndicats SUD et CGT, cette grève intervient dans un contexte politique très particulier sur le plan national et local. Nationalement, le gouvernement a mis en avant une priorité à la construction de logements et Borloo, ministre alibi du social, en a fait le paravent d’une situation sociale désastreuse. La suppression de lits d’urgence cet hiver est là pour nous rappeler la réalité de la politique de droite réellement existante.
Et que dire de la dérive démagogique et sécuritaire de la Mairie de Toulouse ? Face au drame du meurtre, sur le Pont-Neuf, d’un étudiant par des « marginaux », elle n’a pas hésité à se vautrer dans le pire des discours digne de celui sur les classes dangereuses.
Assiégés par ces discours haineux, assommés par le recul des moyens, les SDF avaient bien besoin de ce soutien.
Les SDF sont l’affaire de tout le mouvement ouvrier
Mais cette grève amène à des constats contrastés. Si elle a prouvé son efficacité puisqu’elle à permis d’obtenir des moyens supplémentaires2 par rapport au plan initial3, il convient de souligner certaines limites. Et cela renvoie à l’isolement des travailleurs médico-sociaux dans cette lutte. Il est évident que ce sont les couches salariales les plus concernées qui sont entrées en lutte. Il s’agit en effet d’une population qu’ils côtoient au quotidien et dont ils connaissent les difficultés d’organisation. Parler et agir à la place des SDF n’est toutefois pas naturel et la légitimité d’une telle lutte s’appuie sur la dégradation des conditions de travail que représentent de telles baisses de moyens. Les travailleurs de ce secteur ont pris cette responsabilité, il s’agit de le saluer, de relever le caractère hautement politique de cette lutte et d’y accorder tout notre soutien. Il faut souligner également la présence, au moment des temps forts, de travailleurs sociaux d’autres secteurs, eux aussi gravement touchés dans leurs conditions de travail par les conséquences de la crise sociale.
Car finalement, cette grève s’est faite face à l’absence de réaction du mouvement ouvrier dans son ensemble. Nous avons déjà souligné la disparition d’une association qui était en capacité d’agir sur le terrain politique grâce à la réquisition. Il s’agissait déjà d’une sorte de remplacement du syndicalisme dans ses tâches de soutien à la précarité. L’irruption de ce genre de conflit où des organisations syndicales sont au cœur de la lutte est donc une bonne nouvelle. Il s’agit maintenant de réussir à faire prendre en compte ces luttes dans les activités interprofessionnelles. Plus facile à dire qu’à faire mais pourtant d’une actualité toujours plus urgente.
1. Le « 115 » est le numéro d’urgence pour les SDF. Il s’agissait en fait de la grève de toute la veille sociale.
2. Un accueil familles pour environ 35 personnes (6 à 7 familles), 6 places pour des femmes et 18 places pour les « grands précaires ».
3. La situation actuelle en nombre de lits, et après la lutte, et à peu près la même que pour l’hiver 2005/2006.
Pour qui connaît le milieu des services sociaux d’aide aux SDF, la grève du « 115 »1 à Toulouse du mois de novembre 2006 n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Toutefois, sa popularité, sa massivité (à l’échelle de ce secteur) et sa détermination peuvent refléter un tournant dans les luttes de ce secteur.
La population SDF est orpheline d’organisations de défense depuis la mise en veilleuse d’associations comme le DAL (tout au moins à Toulouse). Pourtant, la situation ne cesse de se dégrader et le caractère d’urgence sociale prend ici tout son sens. Face à cette détresse, les travailleurs médico-sociaux de ce secteur sont au premier front. « Fantassins du social », comme le disait Bourdieu, il leur arrive de lever la crosse en l’air et de tirer sur leurs propres généraux. C’est ce qu’ils ont fait au cour de cette grève.
Soutenus par les syndicats SUD et CGT, cette grève intervient dans un contexte politique très particulier sur le plan national et local. Nationalement, le gouvernement a mis en avant une priorité à la construction de logements et Borloo, ministre alibi du social, en a fait le paravent d’une situation sociale désastreuse. La suppression de lits d’urgence cet hiver est là pour nous rappeler la réalité de la politique de droite réellement existante.
Et que dire de la dérive démagogique et sécuritaire de la Mairie de Toulouse ? Face au drame du meurtre, sur le Pont-Neuf, d’un étudiant par des « marginaux », elle n’a pas hésité à se vautrer dans le pire des discours digne de celui sur les classes dangereuses.
Assiégés par ces discours haineux, assommés par le recul des moyens, les SDF avaient bien besoin de ce soutien.
Les SDF sont l’affaire de tout le mouvement ouvrier
Mais cette grève amène à des constats contrastés. Si elle a prouvé son efficacité puisqu’elle à permis d’obtenir des moyens supplémentaires2 par rapport au plan initial3, il convient de souligner certaines limites. Et cela renvoie à l’isolement des travailleurs médico-sociaux dans cette lutte. Il est évident que ce sont les couches salariales les plus concernées qui sont entrées en lutte. Il s’agit en effet d’une population qu’ils côtoient au quotidien et dont ils connaissent les difficultés d’organisation. Parler et agir à la place des SDF n’est toutefois pas naturel et la légitimité d’une telle lutte s’appuie sur la dégradation des conditions de travail que représentent de telles baisses de moyens. Les travailleurs de ce secteur ont pris cette responsabilité, il s’agit de le saluer, de relever le caractère hautement politique de cette lutte et d’y accorder tout notre soutien. Il faut souligner également la présence, au moment des temps forts, de travailleurs sociaux d’autres secteurs, eux aussi gravement touchés dans leurs conditions de travail par les conséquences de la crise sociale.
Car finalement, cette grève s’est faite face à l’absence de réaction du mouvement ouvrier dans son ensemble. Nous avons déjà souligné la disparition d’une association qui était en capacité d’agir sur le terrain politique grâce à la réquisition. Il s’agissait déjà d’une sorte de remplacement du syndicalisme dans ses tâches de soutien à la précarité. L’irruption de ce genre de conflit où des organisations syndicales sont au cœur de la lutte est donc une bonne nouvelle. Il s’agit maintenant de réussir à faire prendre en compte ces luttes dans les activités interprofessionnelles. Plus facile à dire qu’à faire mais pourtant d’une actualité toujours plus urgente.
1. Le « 115 » est le numéro d’urgence pour les SDF. Il s’agissait en fait de la grève de toute la veille sociale.
2. Un accueil familles pour environ 35 personnes (6 à 7 familles), 6 places pour des femmes et 18 places pour les « grands précaires ».
3. La situation actuelle en nombre de lits, et après la lutte, et à peu près la même que pour l’hiver 2005/2006.
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