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Besancenot : « Sarkozy et Le Pen tentent un hold-up électoral »

Avez-vous le sentiment que cette campagne est plus dure que celle de 2002 ?

Je ne dirais pas cela. Elle est plus enthousiasmante qu’en 2002. Il y a de la contradiction, de la discussion, pas simplement en meeting mais dans les cités, dans les usines, dans les quartiers, partout. Les aspirations sociales sont beaucoup plus fortes dans les couches populaires et dans la jeunesse. En 2002, on nous questionnait sur l’insécurité. Cette fois, c’est sur l’emploi, le pouvoir d’achat, le service public, le logement, la santé, les retraites. Un terrain sur lequel on a des choses à dire.

Partagez-vous ce sentiment d’être dans une campagne zapping ?

Pour d’autres candidats, oui. Le plus caricatural, c’est Sarkozy, qui passe directement d’un « je t’aime moi non plus » avec Le Pen, à coups de formules provoc sur l’identité ou l’immigration, à Jaurès. Il a une idée générale : celle d’entraîner la campagne sur le thème de l’insécurité, de l’immigration et de l’identité. Ils cherchent à réaliser un hold-up sur le scrutin, comme en 2002. Car si on ne parle que d’insécurité du matin au soir, les gens vont flipper. Et la peur est mauvaise conseillère.

Si la campagne se déroule sur fond de question sociale, pourquoi la gauche est-elle si faible dans les intentions de vote ?

Pendant des mois, la gauche a offert un spectacle qui s’est concentré sur l’affaire de la chasse aux parrainages. Pas mal d’électeurs se sont sentis orphelins d’un débat à gauche sur le social.

Le spectacle de la gauche de la gauche n’a pas été glorieux non plus...

Oui. J’ai eu l’occasion de m’expliquer là-dessus. Mais l’heure n’est plus aux regrets pour la candidature antilibérale unitaire.

Pourquoi n’avez-vous pas voulu de cette candidature unique ?

Ça ne s’est pas fait parce qu’on revendiquait le fait d’être 100 % indépendants de la direction du PS. Cela ne veut pas dire qu’on se trompait de cible. On se présente contre la droite et l’extrême droite. Mais nous faisons la démonstration qu’un espace politique existe où s’inscrit la radicalisation dans une partie de l’électorat des couches populaires, de la jeunesse, qui ne se retrouvent pas dans le projet du PS.

Mais ne refusez-vous pas ce dialogue quand vous dites qu’il faut « une opposition de gauche » à Ségolène Royal ?

Je ne parle pas de dialogue, je parle de confrontation politique. Quand j’ai le PS en face de moi, je n’ai d’autre volonté que de discuter politique, programme, idées, propositions. Et non circonscription électorale ou strapontin ministériel. Ça fait de moi quelqu’un de libre. La grande vanne que l’on me fait, c’est le vote protestataire. Mais où est le problème ? On n’aurait pas le droit de se servir des élections pour gueuler sa protestation et dire qu’on en a ras le bol ?

Si Ségolène Royal est au second tour, quelle consigne de vote donnerez-vous ?

Mais je suis là pour dire qu’il serait bien que, au premier tour, une gauche de gauche se fasse entendre. Sinon, la LCR n’a jamais fait la politique du pire. Dans le passé, soit la LCR a appelé à voter à gauche directement en se pinçant le nez, soit elle ne le faisait pas sans pour autant appeler à l’abstention, en disant au PS : « Allez gagner nos voix au second tour, on ne vous empêche pas de le faire. » Il suffirait de pas grand-chose pour que Ségolène Royal récupère les électeurs qu’elle est en train de perdre au profit de François Bayrou, parfois sur des bases plus à gauche. C’est quand même ahurissant.

Pour vous, Royal et Bayrou, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ?

Je fais toujours une différence entre la gauche et la droite. Mais est-ce que Ségolène Royal est toujours sûre d’en faire une ? Bayrou est un homme de droite, et il le reste.

Y a-t-il dans le programme de Royal deux ou trois points avec lesquels vous êtes en accord ?

Elle a fait quelques sorties sur le logement qui étaient intéressantes. Elle reprend même un certain nombre de nos idées, comme celle de récupérer les aides publiques données aux licencieurs. Mais, à l’arrivée, il n’y a pas photo : elle défend un programme social libéral.

Vous dites qu’il faut inventer une nouvelle formule de révolution. Qu’est-ce que ça signifie ?

Je suis militant révolutionnaire, c’est comme ça que je me définis, plus que comme un trotskiste. J’ai un drapeau rouge, mais il y a du noir dedans. Il y a aussi les expériences de toutes les révolutions latino-américaines.

Le non à la Constitution européenne continue-t-il selon vous de structurer le paysage politique, notamment à gauche ?

Le non est un élément de recomposition politique à gauche, mais ce n’est pas un élément qui structure à lui seul une position politique stable. Le non de gauche n’a pas suffi à faire la gauche du non.

Une recomposition à gauche est-elle possible ?

Je ne pense pas que la phase de recomposition politique pour rassembler sans sectarisme des forces anticapitalistes dans ce pays soit terminée. Il y a un rendez-vous électoral qui a été loupé. Mais notre projet reste, après les élections, de rassembler ces forces anticapitalistes. Le problème est de savoir sur quel programme et sur quel type de rapports avec le PS.

Etes-vous rebuté par l’idée d’exercer le pouvoir ?

Je n’ai pas la peur du pouvoir. J’estime, comme Louise Michel, que le pouvoir donne des vertiges à beaucoup, même dans la gauche radicale. Comme elle, je milite pour que le pouvoir soit partagé par tous. Quand nous avions des conseillers régionaux, cela n’a pas été inutile. Le problème n’est pas un débat abstrait mais de savoir à quel prix nous pouvons être au pouvoir.

Quelles sont les trois premières mesures que vous prenez si vous arrivez au pouvoir ?

Même si je n’arrive pas au pouvoir, les trois mesures sur lesquelles je veux peser sont l’augmentation des revenus de 300 euros net par mois, l’interdiction des licenciements avec l’idée de récupérer les aides publiques données aux licencieurs, et la création d’un service public du logement oeuvrant à la réquisition des logements vides, et l’inéligibilité pour les élus qui ne respectent pas l’obligation des 20 % de logements sociaux dans leur commune, à commencer par M. Sarkozy.

Comment analysez-vous l’appel au vote utile du PS en faveur de Ségolène Royal ?

On culpabilise les gens avec le 21 avril 2002, on utilise le rejet légitime de la politique de Sarkozy et on se fait élire sans aligner une proposition politique audacieuse. C’est un calcul politique. Mais il ne faut pas se tromper de cible. Si le PS veut être au second tour, qu’il regagne les voix qu’il perd au profit de Bayrou, qui pour l’instant remporte la mise.

Trois candidats d’extrême gauche, un altermondialiste, une communiste... Comment expliquer cette spécificité française ?

On est un pays de révolution, de bordel, de grève générale, capable de dire non, quand on lui donne la parole, à un traité constitutionnel européen qu’on lui a demandé d’avaler. C’est un pays un peu à part. Je ne veux pas d’un modèle où il n’y a qu’un seul tour, celui des Etats-Unis, où le choix entre les républicains et les démocrates, c’est celui entre Pepsi et Coca.

Vous vous représenterez en 2012 ?

Ne me posez pas des questions comme celle-là ! On n’est même pas au premier tour. Mais je ne me vis pas comme l’éternel candidat d’extrême gauche aux élections. Cela ne veut pas dire que je me retirerai de la vie politique. J’irai m’installer sur l’île de Ré...

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Souscription 2007 / 150000 €
récoltés 94000 €/ manquent 56000 €

Non, la LCR ne sort pas ruinée de l’élection présidentielle : nous avons construit notre budget de campagne de manière à ce qu’il soit couvert, pour l’essentiel, par le forfait de 800000euros accordé par l’État à chaque candidat. D’autres partis ont été moins prudents… Renforcée, non seulement par le nombre de voix qui se sont portées sur Olivier Besancenot, mais aussi par l’écho de la campagne, pour la première fois, la LCR a présenté ou soutenu plus de 500 candidatures aux élections législatives, beaucoup plus que ce que nous avions prévu et budgétisé. Et là, pas de remboursement de l’État.

Mais les activités de la LCR ne s’arrêtent pas à cela :
– Nous voulons que de nombreux jeunes, chômeurs, salarié-e-s précaires puissent participer à notre Université d’été, au-delà des contraintes financières.

– Nous voulons pouvoir être présents, dès maintenant, avec des affiches, des tracts contre la politique de Sarkozy et sa bande de tueurs des droits sociaux et démocratiques.

– Nous voulons que notre hebdomadaire, Rouge, puisse vivre.
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