OGM : Danger pour l’agriculture sur la planète
En France, 86 % de la population reste opposée aux OGM (organismes génétiquement modifiés) dans les assiettes et dans les champs. Pourtant la France est après l’Espagne (60000 ha, 11,6 % de la production totale) la championne des cultures de maïs OGM (le MON 810, de Monsanto, une plante qui produit un insecticide contre la pyrale, un insecte ravageur) avec 19815 ha, surtout dans le Sud-Ouest. La Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne sont les plus touchés. Le moratoire : une mesure d’urgence.
En France, toutes les organisations impliquées dans la protection de l’environnement et dans le développement d’une agriculture paysanne se sont exprimées pour un moratoire sur les OGM en plein champ. C’est une revendication claire qu’elles porteront au « Grenelle de l’environnement ».
Le moratoire est déjà mis en place dans plusieurs pays de l’Union européenne (Autriche, Grèce, Pologne, Italie, Hongrie, Irlande et depuis le printemps dernier, Allemagne) au nom du principe de précaution. En effet, les États ont le droit de protéger leurs systèmes agraires existants.
Les OGM ont toujours été mal évalués par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, en anglais). L’évaluation des risques devrait se faire selon les mêmes normes et examens de toxicologie utilisés pour les pesticides et ces examens devraient être réalisés dans des laboratoires indépendants de ceux des producteurs d’OGM, ce qui n’est actuellement pas le cas.
Risques liés aux OGM
Les OGM ne sont plus des curiosités de laboratoire. Il s’agit du soja, du maïs, du coton, du colza, de micro-organismes utilisés dans la production de nourriture ou dans la production de médicaments, et du saumon. Il y a des intérêts économiques et sociaux colossaux en jeu, aussi bien pour les multinationales (semenciers, producteurs de pesticides, producteurs d’engrais, firmes de biotechnologie) que pour les agriculteurs, les propriétaires fonciers et les États.
Pourtant, les risques pour la santé et pour l’environnement ne sont pas étudiés de façon conséquente. Les tests pour évaluer les risques alimentaires sur la physiologie et la reproduction des animaux et des hommes ne sont pas obligatoires. Il y a une absence de transparence dans toutes les étapes de la production et de la commercialisation des OGM.
Les parcelles de maïs OGM en France ne sont pas connues du public. Les Faucheurs volontaires doivent payer très cher les moyens de tester un maïs soupçonné d’être OGM.
L’histoire du maïs MON 810 en France et en Espagne montre déjà clairement que les contaminations de champs de maïs conventionnel sont non seulement inévitables mais aussi incontrôlables. Ce qui met en cause, même à des kilomètres de distance, la possibilité de produire en agriculture biologique. Cela s’est avéré par exemple en Catalogne, où se trouvent beaucoup de champs de maïs MON 810 et où le transport des épis de maïs a contaminé des champs bio par la dissémination des graines.
Politique de l’Union européenne
En juin dernier, la multinationale allemande BASF demandait l’autorisation de cultiver une pomme de terre OGM contenant deux gènes de résistance contre deux antibiotiques. Cette demande était motivée pour la production d’amidon pour l’industrie du papier mais il n’était pas exclu que certains résidus seraient utilisés dans l’alimentation animale. La France s’est abstenue lors du vote des ministres européens de l’agriculture, pour éviter l’introduction immédiate de cette pomme de terre. Mais, en l’absence de majorité, ce sera la Commission européenne qui décidera !
L’Union européenne a accepté le principe de la brevetabilité du vivant, aussi bien des gènes que des OGM. Elle soutient de fait la politique des grands semenciers européens et les aide à contrôler les marchés internationaux de la production d’OGM.
Il ne faut donc pas compter sur « l’Europe » pour imposer un moratoire sur les OGM en plein champ.
Les OGM dans la mondialisation capitaliste de l’agriculture
Le Brésil est devenu récemment le troisième producteur de soja dans le monde, 90 % de ce soja est génétiquement modifié (en fait, il est résistant au Round Up, un pesticide produit par Monsanto, utilisé en quantités importantes pour lutter contre les mauvaises herbes).
Ce soja génétiquement modifié n’a pas été élaboré par Monsanto ; il est le résultat d’un croisement par les agriculteurs entre le soja de Monsanto importé illégalement d’Argentine et du soja brésilien conventionnel. Puisque la loi au Brésil ne reconnaît pas la brevetabilité des organismes vivants, il a parfaitement le droit de produire ce soja sur son territoire. Mais cette production est en partie destinée à l’exportation vers l’UE, qui reconnaît la brevetabilité des OGM. Conséquence : c’est Monsanto qui contrôle les importations du soja vers l’Europe en obligeant les producteurs brésiliens de payer les redevances sur ce soja GM.
L’agriculture bio en danger mortel
Pour nourrir toute la planète, les OGM sont inutiles.
La contamination de champs d’agriculture biologique par des OGM empêchera le développement du secteur bio, pourtant vital non seulement pour la qualité de la nourriture, mais surtout pour la préservation de sols vivants, pour le maintien la biodiversité et pour éviter qu’on continue à polluer les cours d’eau et les nappes phréatiques par des pesticides et des nitrates.
La culture à partir de semences OGM rend le paysan complètement dépendant des multinationales, aussi bien pour les méthodes de production utilisées que pour la commercialisation de sa production.
La lutte courageuse des Faucheurs volontaires, que nous soutenons, n’est malheureusement pas suffisante pour gagner ce combat.
Le « Grenelle de l’environnement » pourrait être l’occasion d’imposer au gouvernement Sarkozy le moratoire immédiat de l’utilisation des OGM en plein champ en France comme un premier pas dans la voie de l’interdiction des OGM en agriculture et le développement de l’agriculture biologique.
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