« L’Affaire Clichy »
Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, Stock, 14,50 €
Il y a deux ans, le 27 octobre 2005, Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans) trouvaient la mort, brûlés vifs, dans la réactance du transformateur EDF de Clichy-sous-Bois, cernés par des policiers. Depuis, comme on dit, l’enquête suit son cours. Le juge d’instruction du tribunal de Bobigny chargé du dossier s’apprêterait à rendre ses conclusions. Pencheront-elles pour la « négligence professionnelle » ou la « volonté cynique de laisser les jeunes encourir un destin tragique » (p. 157) ?
Voilà déjà une première bonne raison, actuelle, pour se replonger dans le livre, publié en février 2006, de maîtres Mignard et Tordjman, avocats des familles Traoré, Benna et de Muhittin Atun, le copain de Zyed et Bouna, qui, ayant réchappé à l’électrocution le jour du drame, en est sorti traumatisé, désespéré. D’abord parce que les auteurs livrent en annexes des documents essentiels (plan du site du transformateur et « note blanche » de l’Inspection générale des services de la préfecture de police du 3 novembre 2005) pour comprendre comment un contrôle de police « de proximité » a abouti à une traque mortelle. Ensuite parce que les auteurs, sollicités par les questions pointues d’Edwy Plenel, journaliste, ancien directeur de la rédaction du Monde, ne se contentent pas d’un simple exposé juridique du dossier. Ils vont au fond des choses. Et elles furent politiques, comme on s’en souvient, la gestion gouvernementale pyromaniaque de la révolte de la jeunesse populaire, et non le drame lui-même, ayant été prétexte pour de Villepin Dominique à instaurer l’état d’urgence et l’abolition pour trois mois des libertés publiques. Ainsi de cette audition de Muhittin sur son lit d’hôpital, « précipitée, symboliquement violente et cliniquement dangereuse » (p. 129), pour lui extorquer sa signature sur procès-verbal selon lequel les jeunes Clichois n’avaient pas été poursuivis par la police. Ainsi aussi des déclarations mensongères du ministre de l’Intérieur de l’époque, à peine quelques heures après le drame, calomniant les victimes, accusés de « vol sur un chantier ».
La deuxième bonne raison, elle est là, bien sûr, dans le fait que le ministre de l’Intérieur parjure de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui n’eut pas un mot de condoléances publiques pour les victimes et leurs familles, est aujourd’hui président de la République, et que L’Affaire Clichy aide à regarder le bonhomme au JT de 20 heures d’un tout autre œil que celui de ses courtisans, avec les yeux des parents Traoré et Benna par exemple.
Pierre Granet
Il y a deux ans, le 27 octobre 2005, Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans) trouvaient la mort, brûlés vifs, dans la réactance du transformateur EDF de Clichy-sous-Bois, cernés par des policiers. Depuis, comme on dit, l’enquête suit son cours. Le juge d’instruction du tribunal de Bobigny chargé du dossier s’apprêterait à rendre ses conclusions. Pencheront-elles pour la « négligence professionnelle » ou la « volonté cynique de laisser les jeunes encourir un destin tragique » (p. 157) ?
Voilà déjà une première bonne raison, actuelle, pour se replonger dans le livre, publié en février 2006, de maîtres Mignard et Tordjman, avocats des familles Traoré, Benna et de Muhittin Atun, le copain de Zyed et Bouna, qui, ayant réchappé à l’électrocution le jour du drame, en est sorti traumatisé, désespéré. D’abord parce que les auteurs livrent en annexes des documents essentiels (plan du site du transformateur et « note blanche » de l’Inspection générale des services de la préfecture de police du 3 novembre 2005) pour comprendre comment un contrôle de police « de proximité » a abouti à une traque mortelle. Ensuite parce que les auteurs, sollicités par les questions pointues d’Edwy Plenel, journaliste, ancien directeur de la rédaction du Monde, ne se contentent pas d’un simple exposé juridique du dossier. Ils vont au fond des choses. Et elles furent politiques, comme on s’en souvient, la gestion gouvernementale pyromaniaque de la révolte de la jeunesse populaire, et non le drame lui-même, ayant été prétexte pour de Villepin Dominique à instaurer l’état d’urgence et l’abolition pour trois mois des libertés publiques. Ainsi de cette audition de Muhittin sur son lit d’hôpital, « précipitée, symboliquement violente et cliniquement dangereuse » (p. 129), pour lui extorquer sa signature sur procès-verbal selon lequel les jeunes Clichois n’avaient pas été poursuivis par la police. Ainsi aussi des déclarations mensongères du ministre de l’Intérieur de l’époque, à peine quelques heures après le drame, calomniant les victimes, accusés de « vol sur un chantier ».
La deuxième bonne raison, elle est là, bien sûr, dans le fait que le ministre de l’Intérieur parjure de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui n’eut pas un mot de condoléances publiques pour les victimes et leurs familles, est aujourd’hui président de la République, et que L’Affaire Clichy aide à regarder le bonhomme au JT de 20 heures d’un tout autre œil que celui de ses courtisans, avec les yeux des parents Traoré et Benna par exemple.
Pierre Granet
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