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SÉGOLÈNE ROYAL: La tentation centriste


Par Frédéric Borras

En réunissant 9 501 295 suffrages (25,87 %), Ségolène Royal a lavé l’échec de Jospin en 2002. Dans le cadre d’un scrutin qui a enregistré un record de participation, la candidate du Parti socialiste a rassemblé près de 5 millions de voix de plus que son prédécesseur à la présidentielle précédente.

Les études sorties des urnes - qui permettent d’analyser la sociologie et les motivations du vote - confirment ce que nous pressentions sur le terrain. Jamais le score d’un candidat socialiste n’a été autant nourri plus par le rejet de la droite que par le soutien à son programme. D’ailleurs, lorsque les sondeurs posent la question aux électeurs de Royal « Pour qui d’autre avez-vous sérieusement envisagé de voter ? », le nombre de celles et ceux qui répondent Olivier Besancenot est impressionnant. La peur de la réédition du scénario de 2002, largement alimentée par la direction du PS au point d’en devenir le seul argument en faveur du vote Royal dans les deux dernières semaines, a fonctionné à plein.

Il faut dire que le programme du PS penchait sérieusement vers la droite. Sur le terrain social, un programme très light avec comme « mesure phare », l’augmentation du Smic à 1 500 euros... mais brut et dans cinq ans ! Il ne faut ainsi pas s’étonner si de plus en plus d’électeurs ne font plus la différence entre le programme du PS et celui de l’UDF, et si une fraction des électeurs de gauche n’a ainsi pas trouvé incongru de voter Bayrou au premier tour, au nom de la recherche de l’efficacité face à Sarkozy.

L’équation Bayrou

Les dirigeants PS ont gagné la première manche et, par contrecoup, ont réduit à rien le vote en faveur de leurs ex-partenaires gouvernementaux - PCF et Verts -, limitant aussi la poussée électorale de la LCR, sans réussir toutefois à la juguler. Reste que le PS ne sait pas trop comment il doit s’y prendre pour l’emporter au second tour. Le total droite-gauche est très favorable à la droite. Les reports de voix, avec une faible possibilité de croissance de la participation au second tour par rapport au premier, n’ont jamais été aussi aléatoires. Quid de l’électorat de Bayrou ? Les études sorties des urnes montrent que cet électorat est difficile à cerner. Si ses électeurs adhèrent pour la plupart d’entre eux aux thèmes qu’a défendu le candidat, leur vote au second tour se partagera entre Sarkozy et Royal. Mais dans quelle proportion ?

Gagner sur sa droite, sans trop perdre sur sa gauche, voilà la difficile équation et la cause de l’embarras et des tiraillements au sommet de la direction socialiste. Royal a eu logiquement du mal à caler son discours le soir du premier tour, repoussant son intervention à plusieurs reprises. L’appel du pied est resté elliptique ce soir-là : « [...] Je dois aller au-delà, bien sûr, en rassemblant toute la gauche et les écologistes mais aussi, encore au-delà, pour rassembler une majorité de Français qui veulent vraiment que ça change, que ça change vraiment. »

Lundi 23 avril, François Hollande déclarait : « Dans l’électorat de François Bayrou, des hommes et des femmes [...] ont voulu le changement [et] croyaient même, en votant Bayrou, battre Sarkozy. » À l’opération de séduction de l’électorat centriste, a déjà rapidement succédé le lancement de tractations avec Bayrou et les dirigeants de l’UDF. Poussant la logique, le socialiste Arnaud Montebourg a indiqué, quant à lui, que les socialistes étaient « exactement dans [le] projet de reconstruction défendu au premier tour par François Bayrou ». Quant à Ségolène Royal, en meeting à Valence, lundi 23 avril, elle se faisait beaucoup plus précise en proposant « un dialogue public » à l’ancien candidat centriste.

De quoi faire pousser des cris de contentement aux Rocard et autres Cohn-Bendit, qui avaient devancé l’appel avant le premier tour. Kouchner en a rajouté une louche, en proposant de constituer un gouvernement qui irait de Bayrou à Besancenot - ben voyons ! -, à l’image du gouvernement italien d’alliance gauche-centre droit, conduit par Romano Prodi. Les signaux se multiplient. On ressort Jacques Delors des placards. On invite Prodi à tenir meeting avec Ségolène Royal.

L’ouverture à droite n’est pas un concept nouveau. Il taraude les dirigeants socialistes depuis longtemps. C’était la volonté exprimée, dès 1981, par Rocard, qui au moins a de la suite dans les idées. C’était en germe également en 1988, avec la « Lettre aux Français », écrite par Mitterrand, qui se posait en rassembleur au-delà des frontières droite-gauche. Enfin, c’est aussi une conséquence du virage à droite de tous les courants socialistes et sociaux-démocrates dans le monde, avec comme maîtres d’œuvre Blair au Royaume-Uni et Schröder en Allemagne.

Dans cette lignée, Royal cherche à concrétiser ce vieux projet en France. Cela n’annonce rien de bon pour les couches populaires. Ce second tour prendra nécessairement l’allure d’un référendum anti-Sarkozy, tant la politique qu’il entend mener représente un danger redoutable pour les travailleurs et pour les libertés publiques. Mais rejeter Sarkozy n’est pas donner un chèque en blanc à Royal...

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