La droite ne tombera qu'avec une bonne gauche !
Par Olivier Besancenot
Membres de la direction de campagne de Ségolène Royal, Michel Rocard et Bernard Kouchner disent-ils tout haut ce que nombre de dirigeants socialistes préparent tout bas ? On pourrait le croire, surtout lorsque Strauss-Kahn déclare qu'ils "pensent trop vite" ! Cela n'aurait rien d'illogique. Le PS a martelé que le capitalisme globalisé est l'horizon indépassable. Cela l'a conduit à mener des politiques libérales qui aggravent les conditions de vie des classes populaires. Voilà ce qui a brouillé les frontières entre la gauche et la droite.
La campagne de Ségolène Royal garde cette même boussole. Elle propose de mettre en oeuvre le CPC, sorte de "CPE de gauche", alors que, tous, nous revendiquions un CDI pour les jeunes face au projet de Villepin. Elle promet le smic à 1 500 euros... mais brut et dans cinq ans. En proposant l'encadrement militaire de la jeunesse ou l'étendard national à chaque balcon, elle s'aventure sur le terrain de nos pires adversaires. A qui elle offre ainsi des armes. Pourtant, après cinq années de politiques antisociales, il aurait dû être clair pour tous qu'une élection ne se gagne à gauche qu'en recréant l'espoir sur les questions sociales, et sûrement pas en chassant sur les terres de la droite, même celle de la droite soft de Bayrou.
La campagne semble s'achever sur un double dialogue à coups de "je t'aime moi non plus", entre d'une part MM. Sarkozy et Le Pen, et de l'autre M me Royal et M. Bayrou. Bref, une nouvelle bipolarisation, qu'il faut aussi rejeter. Et à ce petit jeu M me Royal ne gagne pas d'électeurs, mais en perd même au profit de M. Bayrou. Surtout quand M. Rocard confirme qu'il n'y a plus de différences fondamentales entre "la social-démocratie et les démocrates-sociaux" .
Voilà où mène le social-libéralisme ! Nous aussi, nous voulons barrer la route à M. Sarkozy, mais pour le faire il faut battre toutes les politiques de droite. S'en remettre à M. Bayrou est une mauvaise idée. Ministre et député UDF depuis vingt ans, il a provoqué des millions de manifestants avec sa politique en faveur de l'école privée. Il a voté la réforme Fillon sur les retraites ! Quant à la libéralisation de la Poste, au-delà des déclarations d'intention, les députés UDF ont été parmi les plus actifs pour que le Parlement applique la directive européenne qui casse le service public en fermant des milliers de bureaux de poste dans les quartiers et les zones rurales. Quand on est de gauche, on ne s'allie pas avec la droite.
Nombreux sont ceux qui approuvent les idées que je défends. Parmi eux, certains disent hésiter entre voter pour leurs idées ou voter en fonction du second tour. Or on ne vote pas pour un seul soir, mais on vote pour les cinq prochaines années. Cinq années durant lesquelles, quel que soit le gouvernement, les politiques libérales continueront. Cinq années durant lesquelles du coup nous aurons de nouveau besoin d'une gauche anticapitaliste indépendante de la direction du PS. Notre gauche n'a pas été inutile ces cinq dernières années durant le CPE, contre les licenciements, la révolte des quartiers, au sein du mouvement altermondialiste ou dans la campagne du non de gauche.
Si Ségolène Royal arrive au pouvoir, il y a fort à parier que la politique du gouvernement penchera vers le centre et la droite, avec ou sans l'aide de Bayrou, d'autant plus que sur l'après-premier tour UDF et PS laissent planer le suspense sur une éventuelle entente.
Pour peser sur l'évolution de la situation en faveur des classes populaires, il faudra un contrepoids à gauche qui n'existera que si la gauche anticapitaliste est suffisamment forte. L'allure du second tour et le rapport de forces des prochaines années ne seront pas les mêmes si notre gauche, une gauche 100 % à gauche, se compte en milliers ou en millions de voix.
Olivier Besancenot est candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Article paru dans l'édition du 19.04.07
Membres de la direction de campagne de Ségolène Royal, Michel Rocard et Bernard Kouchner disent-ils tout haut ce que nombre de dirigeants socialistes préparent tout bas ? On pourrait le croire, surtout lorsque Strauss-Kahn déclare qu'ils "pensent trop vite" ! Cela n'aurait rien d'illogique. Le PS a martelé que le capitalisme globalisé est l'horizon indépassable. Cela l'a conduit à mener des politiques libérales qui aggravent les conditions de vie des classes populaires. Voilà ce qui a brouillé les frontières entre la gauche et la droite.
La campagne de Ségolène Royal garde cette même boussole. Elle propose de mettre en oeuvre le CPC, sorte de "CPE de gauche", alors que, tous, nous revendiquions un CDI pour les jeunes face au projet de Villepin. Elle promet le smic à 1 500 euros... mais brut et dans cinq ans. En proposant l'encadrement militaire de la jeunesse ou l'étendard national à chaque balcon, elle s'aventure sur le terrain de nos pires adversaires. A qui elle offre ainsi des armes. Pourtant, après cinq années de politiques antisociales, il aurait dû être clair pour tous qu'une élection ne se gagne à gauche qu'en recréant l'espoir sur les questions sociales, et sûrement pas en chassant sur les terres de la droite, même celle de la droite soft de Bayrou.
La campagne semble s'achever sur un double dialogue à coups de "je t'aime moi non plus", entre d'une part MM. Sarkozy et Le Pen, et de l'autre M me Royal et M. Bayrou. Bref, une nouvelle bipolarisation, qu'il faut aussi rejeter. Et à ce petit jeu M me Royal ne gagne pas d'électeurs, mais en perd même au profit de M. Bayrou. Surtout quand M. Rocard confirme qu'il n'y a plus de différences fondamentales entre "la social-démocratie et les démocrates-sociaux" .
Voilà où mène le social-libéralisme ! Nous aussi, nous voulons barrer la route à M. Sarkozy, mais pour le faire il faut battre toutes les politiques de droite. S'en remettre à M. Bayrou est une mauvaise idée. Ministre et député UDF depuis vingt ans, il a provoqué des millions de manifestants avec sa politique en faveur de l'école privée. Il a voté la réforme Fillon sur les retraites ! Quant à la libéralisation de la Poste, au-delà des déclarations d'intention, les députés UDF ont été parmi les plus actifs pour que le Parlement applique la directive européenne qui casse le service public en fermant des milliers de bureaux de poste dans les quartiers et les zones rurales. Quand on est de gauche, on ne s'allie pas avec la droite.
Nombreux sont ceux qui approuvent les idées que je défends. Parmi eux, certains disent hésiter entre voter pour leurs idées ou voter en fonction du second tour. Or on ne vote pas pour un seul soir, mais on vote pour les cinq prochaines années. Cinq années durant lesquelles, quel que soit le gouvernement, les politiques libérales continueront. Cinq années durant lesquelles du coup nous aurons de nouveau besoin d'une gauche anticapitaliste indépendante de la direction du PS. Notre gauche n'a pas été inutile ces cinq dernières années durant le CPE, contre les licenciements, la révolte des quartiers, au sein du mouvement altermondialiste ou dans la campagne du non de gauche.
Si Ségolène Royal arrive au pouvoir, il y a fort à parier que la politique du gouvernement penchera vers le centre et la droite, avec ou sans l'aide de Bayrou, d'autant plus que sur l'après-premier tour UDF et PS laissent planer le suspense sur une éventuelle entente.
Pour peser sur l'évolution de la situation en faveur des classes populaires, il faudra un contrepoids à gauche qui n'existera que si la gauche anticapitaliste est suffisamment forte. L'allure du second tour et le rapport de forces des prochaines années ne seront pas les mêmes si notre gauche, une gauche 100 % à gauche, se compte en milliers ou en millions de voix.
Olivier Besancenot est candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Article paru dans l'édition du 19.04.07
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