Ce site n'est plus actualisé, toute l'ACTU dela LCR31 est maintenant sur ce site:

L’agroénergie et le rôle-clé joué par les petits producteurs

Un état des lieux des débats sur les fameux "bio" carburants...

par Pedro Carrano

Le premier moment du cycle de débats organisé par l’hebdomadaire Brasil de Fato [lié au MST brésilien] et par l’organisation Via Campesina (organisation internationale des petits paysans et de sans-terre dans laquelle le MST joue un rôle important) pose l’agroécologie comme étant le point de départ dans la production d’agroénergie.

Le cycle de débats «L’agroénergie au Brésil, ses potentiels et les défis posés» a été conçu comme une activité parallèle au programme de la 6ème Journée d’Agroécologie qui a eu lieu le jeudi 12 juillet passé à Cascavel, dans l’Etat de Paraiba [Etat du Nordeste brésilien]. Dans tous les débats, l’accent a été mis sur la nécessité d’une production d’énergie d’origine végétale qui soit effectuée par des petits producteurs. Lire la suite sur le site des amis des sans terre Toulouse...

Six salariés en grève de la faim chez SFR

Suite du feuilleton de l'été, la lutte chez SFR, nous vous rappelons qu'il y a le blog des salariés en lutte...

Source : l'Huma.

Téléphonie . Une salariée menace d’entamer une grève de la faim sur le site de Poitiers. Cinq autres pourraient décider d’en faire autant à Toulouse.

Une salariée a menacé d’entamer une grève de la faim, hier matin, sur le site de SFR à Poitiers, deux jours après la tentative de suicide (voir l’Humanité d’hier). Âgée d’une trentaine d’années, elle est chargée de clientèle comme la majorité des personnels du site. « Elle est en détresse psychologique, explique Franck Berne, délégué CFDT du site. Nous essayons de la raisonner, on se relaie pour ne pas qu’elle poursuive dans cette voie. »

La pression, la fatigue et le stress sont perceptibles chez les salariés joints au téléphone. « Après la tentative de suicide de samedi matin, il y a une grosse pression ici », constate une salariée. « Nous-mêmes, nous avons beau être responsables syndicaux, nous sommes atteints moralement », lâche Franck Berne. Contactés un peu plus tôt, les responsables syndicaux du site de Toulouse indiquaient hier après-midi que cinq salariés toulousains de SFR envisageaient également d’entamer une grève de la faim. « La direction n’affiche que mépris », note Laurent Abarkan, responsable CGT. « Elle essaie d’étouffer au maximum ce qui se passe », lâche le syndicaliste avant d’ajouter que « l’intersyndicale reste soudée ». « De même, les politiques nous ont lâchés, les conseillers de Sarkozy nous avaient dit que le président s’occupait en personne du dossier », rappelle Laurent Abarkan.

Hier matin, les salariés du centre d’appels de Toulouse ont voté à la majorité (137 voix pour sur un total de 255 votants à bulletins secrets) la poursuite de l’action judiciaire en référé pour retarder l’externalisation des activités prévue au 1er août. Une décision est attendue lundi prochain.

Procès d'Olivier Besancenot contre SMP Technologies (Taser X 26)

Comme vous le savez peut être, Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), et l’association Réseau d’alerte et d’intervention pour les droits de l’homme (RAID-H), sont poursuivis par la société SMP Technologies qui commercialise en France le pistolet à impulsions électriques Taser X 26. SMP Technologie reproche à M. Besancenot de l’avoir diffamé en affirmant que cette arme avait causé des décès aux Etats-Unis. Il est convoqué le 17 septembre devant la 17ème chambre civile du tribunal de grande instance (TGI) de Paris.

Sonovision-ITEP Colomiers : une augmentation obtenue gràce à la grève.

Les salariés de SONOVISION-ITEP ont décidé de mettre fin à leur grève mardi 3 juillet, après avoir obtenu 50 euros net d'augmentation pour tous au 1er novembre et une prime de 100 euros au 1er juillet.

Compte tenu de la négociation salariale 2007 et des augmentations déjà acquises, cela fera entre 90 et 100 € nets d'augmentation minimum pour cette année.
Mardi 3 juillet matin, les grévistes ont tenu une nouvelle assemblée générale (encore plus nombreux que la veille) pour faire le bilan de ces journées de grève et du résultat : pour la première fois, sur des problèmes de salaires, ils ont fait descendre le PDG et lui ont imposé une augmentation générale et uniforme non négligeable (les années précédentes, les augmentations étaient pour la plupart d'entre nous comprises entre 30 et 40 € bruts).
Mais tout n'est pas encore réglé. Ils pensent que leurs salaires sont encore trop bas. Et maintenant, ils savent comment faire.

Midi-Pyrénées : la catastrophe OGM !

Communiqué de presse édifiant des "Amis de la Terre" Midi Pyrénées Lire la suite...

SFR: témoignage émouvant d'une salariée

Message d'une salariée poitevine, envoyé à HMR (Lire Hervé Mathieu Ricour, Le PDG de SFR service client) :
Une fois de plus, nos vies valent plus que leurs profits. Lire la suite...

POSSIBLE: La nouvelle donne

La direction nationale (DN) de la LCR qui vient de se réunir à Paris a examiné les coordonnées de la nouvelle situation politique, ouvrant les débats du prochain congrès national de la LCR. L’enjeu principal est de discuter l’espace politique et les bases de la fondation d’un nouveau parti anticapitaliste. Ce débat est public, pas simplement par souci de transparence, mais tout simplement parce qu’il concerne de près toutes celles et tous ceux qui veulent vraiment changer le monde. Pour l’ouvrir en Midi-Pyrénées, Le Piment Rouge publie à la fois la motion adoptée par plus des trois quarts des membres de la DN ainsi qu’un article de notre camarade Frédéric Borras, membre de cette instance.

Sarkozy entend véritablement remodeler la société française, prétendument en retard sur les autres fleurons de l’économie capitaliste mondialisée. Si l’on regarde les mesures qui se profilent (voir encadré), l’homme et son entourage roulent pour le Medef et ne s’en tiendront pas à des rodomontades. À l’image de Thatcher en Angleterre ou de Reagan aux États-Unis, dans les années 80, Sarkozy et Fillon cherchent à transcrire leur victoire électorale en victoire sociale.


Pour la fondation d’un nouveau parti anticapitaliste


Résolution de la direction nationale de la LCR – 1er juillet 2007

1. L’injustice n’a pas régressé dans le monde. Bien au contraire, elle continue à frapper des milliards d’êtres humains. Cette injustice multiforme est l’inévitable conséquence d’un système d’organisation de la société, le capitalisme, dont le moteur demeure la recherche de la satisfaction de la soif de pouvoir et de profits d’une toute petite minorité. Ici, les profits exorbitants du CAC 40, les parachutes dorés, les salaires faramineux des dirigeants s’accompagnent d’un accroissement des inégalités, souvent de la détresse. C’est la course folle au profit, accentuée encore par les politiques libérales qui dominent la globalisation capitaliste, qui génère la misère, le mal-logement, la précarité et creuse les inégalités sociales, qui détruit les services publics et les protections sociales, qui provoque des guerres et le pillage du tiers-monde, qui met en danger toute l’humanité par un gestion catastrophique des ressources et de l’énergie.

La logique de la concurrence de tous contre tous, de la privatisation du monde, et celle des solidarités, du partage des richesses, de la démocratie la plus large sont inconciliables. Pour en finir avec la dictature des actionnaires, de la propriété privée capitaliste, il faudra des mobilisations puissantes, généralisées, des grèves, des manifestations, des occupations. L’avenir de la société est entre les mains des classes exploitées, des salariés qui produisent toutes les richesses.

2. Au nom de la rupture, la politique de Nicolas Sarkozy, s’inscrit en réalité dans la continuité et l’approfondissement des politiques capitalistes, libérales et antisociales. Le gouvernement Sarkozy-Fillon est au service des plus riches et des gros actionnaires. Cette droite-là, c’est aussi un programme profondément dangereux pour les libertés publiques, le droit d’expression, les droits des immigrés, les droits des femmes, les jeunes victimes des discriminations. Il faut mettre en échec Sarkozy et le Medef par la mise en place de larges fronts unitaires.

3. Nous ne pouvons pas compter sur le PS pour conduire une opposition digne de ce nom. Converti au libéralisme, miné par les ambitions, de plus en plus obnubilé par l’alliance avec les centristes, le PS ne peut pas conduire un changement de politique qui permette concrètement d’améliorer le sort de millions de personnes. Il a abdiqué de toute velléité de contestation de l’ordre établi pour se plier à la logique de la mondialisation financière et impérialiste. Quant à la direction du Parti communiste, elle n’offre aucune perspective indépendante du PS et s’enferme dans sa propre crise.

Toute alliance institutionnelle avec le PS est vaine, source de nouvelles désillusions. Il faut rompre avec les politiques menées par tous les gouvernements successifs.
Une page est tournée. Celles et ceux qui entendent lutter sans concession contre la politique de ce gouvernement, instrument du Medef, celles et ceux qui veulent défendre un programme d’urgence anticapitaliste à l’image de celui qu’a porté Olivier Besancenot à la Présidentielle ont besoin d’un nouveau parti qui défende les intérêts des travailleur-e-s, de tous les opprimé-e-s, de tous les exploité-e-s. C’est pourquoi nous proposons que se rassemblent tous les anticapitalistes dans un nouveau parti, implanté dans la jeunesse, les entreprises, les services publics, les quartiers populaires pour construire les mobilisations d’aujourd’hui qui, pour nous, doivent préparer un changement radical, révolutionnaire, de la société. Nous ne partons pas de rien. D’imposantes luttes ont eu lieu ces dernières années et on sent la résistance, rejointe par une nouvelle génération, s’organiser face aux attaques du nouveau pouvoir.

4. Concrètement, nous souhaitons un débat commun avec toutes celles et tous ceux, individus, équipes militantes, courants politiques :
— qui veulent défendre un programme anticapitaliste dans les luttes et aux élections ;
— qui se situent dans la plus stricte indépendance avec le PS et refusent de cogérer les institutions avec celui-ci, voulant centrer leur activité sur la lutte des classes, la mobilisation sociale et politique ;
— qui veulent se regrouper dans un cadre politique organisé, militant, national et démocratique, un parti tissant des liens internationaux avec les forces qui défendent une telle perspective.

5. Dans un premier temps, nous proposons que s’organisent, dès la rentrée de septembre, des réunions dans le plus grand nombre de villes, de quartiers, d’entreprises, de facs et de lycées possible. Il s’agira de débattre à la fois des formes et des moyens de la riposte indispensable aux mesures prises par le gouvernement, du programme et du fonctionnement démocratique du parti que nous voulons créer, de la présentation, dans un maximum de villes pour les prochaines échéances municipales, de listes anticapitalistes totalement indépendantes du PS et de ses alliés. La constitution de ces listes participera de la démarche pour le nouveau parti.
Dans le cadre du congrès national qui est d’ores et déjà lancé, nous ferons un bilan d’étape du processus et ferons de nouvelles propositions pour aller plus loin et rendre possible la convergence de toutes et de tous dans un nouveau parti.

Ensuite, nous envisageons la tenue d’assises départementales vers un congrès national de fondation de ce nouveau parti anticapitaliste, féministe, écologiste, internationaliste et socialiste.
Résister, se mobiliser et s’organiser, agir, débattre et décider, c’est ce que nous proposons de faire ensemble, à égalité.

UL CGT MIRAIL: Interview

Le Piment. Peux-tu nous donner un petit historique de l’union locale ?


Christophe Baric. L’UL existe depuis près de trente ans. Nous sommes dans ces locaux (à Bellefontaine, 37 avenue de la Reynerie, tout près du commissariat) depuis près de dix ans. Auparavant nous étions impasse de Jérusalem. Les locaux sont fournis par la mairie, mais ils doivent être détruits à la fin de l’année, et notre relogement n’est pas assuré. Mais pour les locaux actuels, il a fallu bagarrer. Nous avons envoyé un courrier à l’opposition municipale pour que ce point soit mis à l’ordre du jour du conseil municipal, car Moudenc ne nous a pas répondu. On voudrait un local dans le même secteur, un peu plus grand si possible.

Comment fonctionne l’UL ?

Avec une commission exécutive mensuelle et un bureau. Avant, nous avions un permanent, mais nous n’avons plus les moyens financiers de le maintenir. Je travaille dans la chimie et le droit syndical me permet de jongler entre mon entreprise et mes responsabilités de secrétaire de l’UL. Nous essayons bien sûr de créer de nouvelles bases syndicales dans les entreprises, mais nous essayons surtout de créer des liens entre sections syndicales, de developper la dimension interpro. C’est le plus difficile, mais c’est aussi le plus important, avec le côté échange humain. Pendant la grève à Technal, le simple fait de fournir une tente aux grévistes a joué un grand rôle dans le sentiment de solidarité, et tous les jours il y avait un membre du bureau ou de la CE [commission exécutive] avec les grévistes.

Pour renforcer l’interpro, nous tenons les réunions de la CE au sein même des entreprises, et les syndicalistes de la boîte, même non membres de la CE peuvent y assister. Nous l’avons fait à Purpan, à la Météo, à La Dépêche, à Freescall (ex-Motorola).

Et toujours pour être au plus près des salariés, nous avons ouvert une permanence le mardi et le jeudi à Portet dans les locaux du centre culturel pour couvrir toute la zone commerciale qui est énorme. Nous espérons pouvoir obtenir un vrai local syndical.

Quelles sont les dernières luttes importantes que vous avez suivies ?

Technal dont le mouvement a duré quinze jours, SFR et Planète-Saturne. Le syndicat de cette boîte vient de faire un film sur la lutte. On va voir comment on va le faire connaître…

Et les privés d’emploi ?

Notre comité des privés d’emploi est très actif. Ils avaient réussi à obtenir il y a quelques années une « prime » au moment des fêtes de fin d’année. Cette année nous avons mené une grande bagarre pour les 500 euros en fin d’année, avec distribution massive de tracts, des interventions et occupations à la CAF, à l’ANPE, aux ASSEDIC, à la mairie annexe, au centre social, à la maison commune de l’emploi. Nous avons prolongé cette action par la lutte pour un revenu de remplacement. Nous nous sommes heurtés au blocage du préfet alors que la CAF, le conseil général et le conseil régional étaient ouverts à la discussion.

Quel bilan tirez-vous le l’initiative sur Airbus, le 9 mai dernier ?

Bon bilan. Nous étions une centaine à La Mounède, et les échanges entre syndicalistes de la sous-traitance étaient intéressants. Il reste maintenant à prendre une initiative au niveau de tout le département. C’est ce que doit faire l’UD en septembre.

Et pour finir, l’UL s’est dotée d’un site Internet ?

Oui, ulcgtmirail.over-blog.com. On y trouve diverses rubriques : luttes, déclarations de la CGT, permanences, photos de luttes, etc.

Propos recueillis par Lucien Sanchez, le 21 juin 2007

À SFR, la lutte continue

Fin mai, les salarié-e-s de SFR service clientèle, 1 900 au total, répartis sur plusieurs sites en France dont Toulouse, Poitiers et Lyon, apprenaient qu’ils allaient être « externalisés ». En fait, le premier opérateur privé de téléphonie a décidé de vendre son service clientèle à la sous-traitance, à Téléperformance notamment. Quand on connaît les conditions de travail dans ce type d’entreprise, on comprend parfaitement la colère légitime qui s’est emparée des salariés.

Les salariés de SFR ont bien compris qu’il s’agit une fois de plus de satisfaire aux exigences des actionnaires qui en veulent toujours plus et qui ont décidé ni plus ni moins de se débarrasser de 1 900 salariés en les livrant à des sous-traitants qui remettront aussitôt en cause convention collective et acquis sociaux.

Aussi, à Toulouse, les salarié-e-s, souvent jeunes, souvent des femmes, ont décidé, avec l’intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, UNSA, de ne pas se laisser faire et d’agir de suite pour empêcher le projet de transfert prévu pour le 1er août. Depuis la grande journée de mobilisation du 5 juin qui a vu défiler à Toulouse plus de 300 grévistes, mais aussi à Aix, à Lyon, à Nantes, à Paris et ailleurs, les actions se multiplient : montée des Toulousains à Poitiers et organisation d’un pique-nique géant, actions de blocage à Lyon avec barrages filtrants, les actions se poursuivent donc en attendant le résultat de l’action en justice qui sera donné le 10 juillet.

Les salariés du site de Toulouse manifestent périodiquement pour faire entendre à leur direction qu’ils ne comptent pas céder. Ils envisagent déjà de poursuivre après le 10 juillet. La LCR continuera à leur manifester son soutien et son entière solidarité. À suivre donc.

Myriam Martin


Eau secours 31 : À quand la fin des illégalités?

En 2003, l’association Eau Secours 31 demande à Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse, de mettre fin aux illégalités des tarifs de l’eau dans sa ville depuis 1990, date du choix d’une gestion en délégation de service public de l’eau par un contrat de concession pour trente ans à la CGE-Vivendi. Face à l’absence de réponse du maire, Eau Secours 31 dépose un recours auprès du tribunal administratif (TA) de Toulouse.

C’est ce recours qui a enfin été examiné le 20 juin 2007. Le commissaire du gouvernement a conclu à l’injonction adressée à la Ville de Toulouse de renégociation des tarifs. Souhaitons que la décision du jugement attendu en juillet suive cet avis.

Où les petits ruisseaux font les grandes rivières

Illustration par deux des points soulevés par le recours.

1. La répercussion des droits d’entrée versés par la CGE. La ville a encaissé 437,5 millions de francs (66,7 millions d’euros), au moment de la signature du contrat de concession, et cette somme a été affectée au désendettement général. Présenté comme un don par le maire, ce droit d’entrée est en réalité répercuté sur les factures d’eau des usagers, assorti d’un intérêt au taux supérieur à 10 % par an ! En 30 ans, les usagers auront remboursé à la CGE les 437,5 millions de francs plus 1 milliard (150 millions d’euros) d’intérêts ! Les usagers de l’eau payent ainsi un impôt déguisé, même ceux qui ne sont pas imposables, et engraissent les actionnaires de Veolia !
2. Les redevances annuelles. Une redevance annuelle a été instaurée, pour un montant de 41,5 millions de francs (6,33 millions d’euros). Comme les droits d’entrée, ces fonds ont été versés au budget général. Encore un impôt déguisé, équivalant en 30 ans à plus de 1 milliard de francs (189,9 millions d’euros) !

L’eau pour la vie, pas pour les profits !

Ainsi, à travers l’exemple de la ville de Toulouse, rejoignant maints autres cas semblables en France (Castres, Grenoble, Saint-Étienne, Neufchâteau…) et dans le monde (Buenos Aires, Manille, Atlanta, Cochabamba…), ce sont les délégations de service public de l’eau consenties par certains élus aux trois sœurs (CGE Veolia, Lyonnaise des Eaux-Suez, Bouygues-Saur) qui doivent être dénoncées.

L’eau est un bien commun, pas une marchandise. Pour éviter qu’elle soit une source de profit pour des multinationales, elle doit être payée au plus juste coût et gérée en régie publique directe, contrôlée par les élus, les usagers et les salariés.

La LCR soutient activement la lutte d’Eau Secours 31 et ses prochaines initiatives, avec en particulier l’appel à organiser des états généraux de l’eau du Grand Sud-Ouest à Toulouse en décembre 2007, avant les élections municipales de 2008.

Claude Marc
et Lucien Sanchez

ÉDUCATION SANS FRONTIÈRES: Le gouvernement durcit paroles et actes

Brice Hortefeux a rappelé lors de sa visite le jeudi 24 mai à Toulouse sur la question de l’immigration que « la politique qu’entend mener le gouvernement repose sur deux piliers très clairs : la fermeté et l’humanisme », et plus tard le même jour il a précisé « la nécessité d’une très grande fermeté dans la lutte contre l’immigration illégale ».

C’est à la suite à cette visite que la préfecture a décidé pour la première fois à Toulouse d’interpeller le mardi 29 mai au petit matin trois familles logées à l’hôtel et qui devaient accéder à un logement temporaire le jour même, avec l’accord des institutions compétentes.

Ces familles, soutenues par le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF 31) et qui sont parrainées, se sont retrouvées au centre de rétention pour deux d’entre elles à Cornebarrieu (Toulouse) et pour la troisième, la famille Khalili, au centre de rétention de Marseille.
Non content de ce premier éloignement, la famille Pelou Bosala avec Séphora, 3 ans, a été transférée à 4 heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi 31 mai au centre de rétention de Lyon !

Bel humanisme qui consiste à mettre en prison des enfants, selon les dires mêmes de Nelli, 8 ans, élève de CE de l’école Ferdinand-de-Lesseps de Toulouse et transportée à Marseille mardi 29 mai avec ses parents, et pour Séphora réveillée à 4 heures du matin pour être enfermée à nouveau à Lyon, sans aucun doute pour les éloigner des soutiens. Bel humanisme pour ces trois familles, dont quatre enfants, installées depuis plusieurs années en France et en cours de procédure pour l’acquisition d’un titre de séjour en tant que réfugiés.

Manifestement le gouvernement veut faire des exemples et mettre de suite en pratique sa traque des sans-papiers et des familles pour atteindre le chiffre de 125000 arrestations pour 25000 expulsions programmées par an.

Après la famille Raba il y a quelques mois, il choisit, à Toulouse, trois familles de façon arbitraire pour donner des gages à une partie de son électorat et indiquer sans attendre la politique qu’il compte mener dans les mois qui viennent, en particulier pour les familles sans papiers d’enfants scolarisés.

Heureusement, la solidarité de RESF 31 a joué à plein : il a appelé de suite à un rassemblement devant le centre de rétention puis vendredi 1er juin à un rassemblement devant le tribunal administratif (TA) ; des enseignants de l’école de Nelli, dont sa maîtresse, étaient également présents.

À Lyon, RESF 69, alerté de suite, a pu joindre la famille dès son arrivée et étudier les recours possibles en liaison avec Toulouse.

Aujourd’hui, la famille n’a pu être renvoyée en RDC (République démocratique du Congo) car le laissez-passer n’a pas été délivré par l’ambassade du pays ; pour la famille S-MP à Toulouse avec Delphine, 3 ans, et Kenge Clémence, 1 an, le père a été libéré le vendredi 1er juin au soir pour vice de procédure de la préfecture et a pu sortir avec ses deux filles, mais la mère est toujours au centre de rétention ! la période maximale de 32 jours va être atteinte ! Pour la famille K, après avoir été libérée du centre le mercredi, le TA de Marseille a renvoyé au TA de Toulouse le jugement sur la reconduite fin juin : Nelli a pu retrouver sa classe dès le lundi 4 juin et nous attendons les résultats du TA en délibéré début juillet.

La vigilance et la solidarité ont permis que ces trois familles soient toujours là. Mais ces familles restent toutes menacées d’expulsion, ainsi que toutes celles convoquées au TA de Toulouse les 26 et 27 juillet (22 pour cette seule journée !)

Tous les OQTF (« obligation à quitter le territoire français ») délivrés en juin sont des menaces très claires d’expulsion dès le 15 juillet.

L’été est à l’organisation de la vigilance et du soutien.
À Toulouse, comme ailleurs, laissons-les grandir ici !

Cathy Granier,
le 3 juillet 2007

Toujours plus pour Airbus…

Décidément, ils ne savent plus quoi inventer. Après avoir clamé sur tous les toits qu’Airbus était dans le rouge à cause des retards de l’A380 (finalement non, cet avion se vend mieux que prévu), puisque l’euro étant trop haut, cela pénalisait Airbus (finalement, là aussi, non, il se vend plus d’Airbus que de Boeing), la direction trouve une nouvelle explication à son plan de suppression de 10000 emplois in situ, et de probablement du double ou du triple dans la sous-traitance (baisse des coûts, délocalisations, etc…) : Airbus est moins « compétitif » que Boeing.

Ça, c’est la meilleure de l’année. Pour preuve : le salon du Bourget vient de se tenir : Airbus a placé 728 avions, distançant très largement son rival Boeing. Pendant cette semaine de salon, Airbus a vendu pour 100 milliards de dollars ! Pour donner un ordre de grandeur, on peut construire plus de 200 viaducs de Millau avec une telle somme, ou loger très décemment, ce qui est quand même beaucoup plus intéressant, plus de 1,5 million de personnes.

Airbus prévoit d’augmenter la production d’avions : 500 par an, contre 130 il y a quinze ans ! Et ils parlent de crise… !

Jean-Michel Audoin

FRANÇAFRIQUE: Stratégie en question

Par Paul Martial

En 40 ans, la France a procédé à plus d’une trentaine d’interventions militaires en Afrique, où elle maintient une présence armée permanente. Depuis les années 1990, la France s’oriente vers une nouvelle stratégie visant à l’émergence de forces africaines censées garantir la paix.

La présence militaire française en Afrique ne se résume pas uniquement aux forces, qu’elles soient prépositionnées, comme au Gabon (1000 hommes), à Djibouti (3000) et au Sénégal (1200), ou qu’elles s’inscrivent dans le cadre des opérations extérieures (Opex), comme au Tchad (1100) – opération Épervier –, au Togo – opération Detair –, en golfe de Guinée (300) – opération Corimbe –, en République centrafricaine (200). Elle intègre l’animation d’un réseau, celui des écoles nationales à vocation régionale (ENVR), centres de formation militaire spécialisés dans des domaines allant du perfectionnement du maintien de l’ordre, à l’école d’Awaé au Cameroun, à la formation des membres d’états-majors, à l’école Koulikoro au Mali. Ces écoles, implantées dans les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, sont au nombre de quatorze. Les stages, eux, ont bénéficié, en 2006, à plus de 750 militaires africains, pour la plupart des officiers.

Vérité pour le juge Borrel

Douze ans. De 1995 à 2007. C’est exactement le temps des deux mandats présidentiels de Chirac Jacques, le temps qu’il a fallu à Élisabeth Borrel, veuve du juge Bernard Borrel, assassiné à Djibouti le 19 octobre 1995 alors qu’il y assurait une mission de coopération, et elle-même magistrate à Toulouse, pour qu’enfin l’État français accepte de lever l’omertá de la « raison d’État » qui a couvert ce crime françafricain.

« Déraison d’État » serait un terme plus approprié pour qualifier le mensonge entretenu durant ces longues années par de hauts fonctionnaires du Quai-d’Orsay et des magistrats instructeurs (pas moins de quatre) qui, contre l’évidence, ont colporté la thèse abracadabrantesque du suicide.

On portera au registre des règlements de comptes entre Nicolas Sarkozy et ses « amis de trente ans » de la chiraquie sa décision de lever le « secret défense » des documents diplomatiques, policiers et militaires qui éclaireront l’affaire, ainsi qu’il s’y est engagé quand il a reçu Élisabeth Borrel à l’Élysée début juin, comme il l’a aussi décidé pour une partie de ceux qui éclaireront les complicités de l’État français dans le génocide du Rwanda en 1994. Peu importe. S’il l’a fait, c’est parce que sont accablantes les vérités exhumées par cette femme exemplaire, ses avocats, Laurent de Caunes et Olivier Morice, et ses soutiens, Odile Barral du Syndicat de la magistrature, Yvette Roudy, ancienne ministre socialiste, pour ne citer que ces deux femmes de tête parmi des dizaines d’autres.

Tout cela : l’enquête judiciaire détournée – la « reconstitution » du « suicide » par deux magistrats indignes de leur charge, leur refus d’entendre deux témoins djiboutiens capitaux, officiers de la garde présidentielle, attestant la présomption du crime –, mais aussi la ténacité d’une mère de deux garçons (5 et 8 ans lors du drame) dans l’impossibilité de faire le deuil de leur père, tout cela Élisabeth Borrel l’a publié dans Un juge assassiné (éditions Flammarion, octobre 2006). Nous y renvoyons le lecteur du Piment. Le lire, c’est se tenir aux côtés des Borrel, mère et fils, qui « ne lâcheront rien ». Pour que justice soit rendue.

Pierre Vimont

Egalité hommes / femmes : Plus que jamais d’actualité !

Dans le précédent Piment, no 64, nous nous félicitions d’une plus grande féminisation de la vie politique. Nous avons été servi-e-s : Sarkozy nous a concocté le premier gouvernement parfaitement paritaire ! Mais ne nous leurrons pas : ce gouvernement n’en demeure pas moins fait pour mener une politique ultraréactionnaire et ultralibérale dont les femmes seront les premières victimes.

Les lois demeurent insuffisantes pour stimuler la participation des femmes les plus précarisées à la vie politique : il est impératif de modifier radicalement leurs conditions de vie et de travail.

Combattre la double journée de travail pour les femmes

80 % du travail domestique est accompli par les femmes. Elles consacrent deux fois plus de temps aux enfants que les pères. Un homme sans enfant effectue 2 heures de travail domestique/jour, il n’en fait plus que 1 heure et 30 minutes lorsqu’il est en couple avec deux enfants mais pour sa compagne c’est 6 heures !

En treize ans, les hommes ont augmenté de 10 minutes leur temps de travail domestique. Quel progrès !

La place des femmes dans le monde du travail reste déterminée par cette charge domestique. L’heure de la sortie dans la plupart des écoles maternelles c’est encore « l’heure des mamans ».
Cette situation est le produit d’une société qui fonctionne, depuis des millénaires, sur l’oppression des femmes. Les inégalités, les rôles et devoirs différents entre les hommes et les femmes subsistent. Et pour la majorité des femmes, cette inégalité se combine avec l’exploitation du monde du travail.

TARN : LA POSTE : Une grève exemplaire

Par Antoine Dequidt

Les postiers de Saint-Paul Cap-de-Joux et de Graulhet viennent de mener une grève victorieuse qui a duré près d’un mois, Le Piment livre ici le récit d’un mouvement exemplaire, tiré d’un long entretien avec deux d’entre eux.

Sans aucun scrupule la direction générale de La Poste prépare le terrain à la privatisation. Petit à petit, elle met en place des structures qui lui permettront d’abandonner encore plus vite son statut de service public pour se transformer en simple entreprise capitaliste néolibérale comme les autres, au service des actionnaires.

Dans leur ensemble, les personnels de La Poste refusent cette privatisation rampante et de plus en plus de mouvements agitent les bureaux de poste sans qu’il y ait un mouvement national structuré.

Les postes de Saint-Paul-Cap-de-Joux et Graulhet dans le sud du Tarn, n’échappent pas à ce phénomène.

Pyrénées: Non à la traversée centrale !

Ainsi il n’a pas fallu attendre longtemps après l’élection présidentielle pour que le masque tombe : en prenant position pour la traversée centrale des Pyrénées (TCP), Sarkozy confirme qu’il est le représentant politique des patrons, du transport dans ce cas-là ! Or, il suffit de se poser quelques questions pour comprendre qu’il y a, derrière le projet, un choix de société.

On nous dit : mieux vaut le train que la route. C’est effectivement ce que nous pensons avec les populations alpines qui subissent un trafic de poids lourds insupportable. C’est également pour cette raison que nous avons soutenu les opposants au tunnel routier du Somport qui n’ont guère été entendus par les gouvernements d’aujourd’hui ou d’hier.

Commençons donc par soulager les deux extrémités de la chaîne pyrénéenne en développant les voies maritimes et ferrées et en les imposant au trafic qui ne fait que traverser la France (plus de la moitié du trafic terrestre actuel) plutôt que de réserver tous les fonds pour un tunnel au centre de la chaîne. D’autant que ce tunnel ne détournerait pas le trafic actuel et que le débouché de la voie ferrée, s’il était à Tarbes, se traduirait par une saturation de la plaine tarbaise par les poids lourds ! Ce tunnel serait, nous dit-on, indispensable pour absorber l’équivalent de ce qui transite actuellement aux deux bouts de la chaîne : un doublement du trafic de marchandises à travers les Pyrénées est annoncé comme inéluctable dans les vingt ans à venir !

Les populations de Bayonne et de Perpignan devraient-elles donc se résigner à subir les camions, celle de Tarbes a en faire l’expérience ?

Brésil : Les Sans-Terre accusent l’État

Reportage photo au Vème Congrés national du Mouvement des Sans Terre

Par Julien Terrié
De Brasília, le 16 juin 2007

« Réforme agraire, pour la justice sociale et la souveraineté populaire », c’est le slogan choisi par le Mouvement des sans-terre (MST) pour son Ve congrès national tenu du 11 au 15 juin 2007 à Brasília. « Justice sociale » en opposition aux politiques seulement compensatoires de Lula, et « souveraineté populaire » pour plus de démocratie, de souveraineté alimentaire et de luttes anti-impérialistes au Brésil.
Dans le gymnase Nilson Nelson de Brasília, 17500 délégués, dont 40 % de femmes, toutes et tous élu(e)s par les militants des terres conquises ou encore en occupation par le MST, 181 invités internationaux représentants 21 organisations paysannes de 31 pays et ami(e)s de divers mouvements et entités sont venus discuter des futures tâches politiques du Mouvement et de son positionnement par rapport au gouvernement Lula.


Le seul mouvement qui a su obtenir des victoires significatives face au libéralisme (20 millions d’hectares conquis aux latifundistes en 22 ans de lutte pour la terre) se réunissait pour la première fois en congrès depuis l’élection de Lula. Jusque-là, le MST avait pris la position suivante : être en soutien au gouvernement Lula qui, dans la conjoncture brésilienne, a la place et le pouvoir d’être un gouvernement de dispute face à la classe dominante… L’analyse peut paraître un peu optimiste au vu de la teneur très libérale des deux dernières campagnes électorales de Lula, pourtant le MST a considéré que les premières années de gouvernement pétiste (du PT, Parti des travailleurs) contribueraient à l’accumulation de forces pour le Mouvement.

Trois films en habits, Ces romans trop audacieux…


À propos de (par ordre de sortie) Lady Chatterley, de Pascale Ferran (d’après Lady Chatterley et l’homme des bois, de David Herbert Lawrence, 1928), Ne touchez pas la hache, de Jacques Rivette (d’après La Duchesse de Langeais, de Balzac, 1833), Une vieille maîtresse, de Catherine Breillat (d’après Une vieille maîtresse, de Barbey d’Aurevilly, 1851).

C’est ça, les romans, c’est l’audace :
– un général d’Empire enlève son aristocratique maîtresse cloîtrée, mais il n’aura que son cadavre à jeter à la mer… ;
– une courtisane de haut vol, fille d’une duchesse et d’un torero, boit avidement le sang qui s’écoule du torse de son amant blessé… ;
– une lady anglaise et son garde-chasse courent nus sous la pluie dans une extase matérialiste défiant toute frontière de classe…
Trois cinéastes, récemment, ont fait des films « en costumes », adaptés de textes anciens. En se tournant vers le passé, veulent-ils rendre acceptable l’audace filmée ou, au contraire, jouer de cet éloignement pour la raviver à nos yeux blasés, au risque de l’embaumer dans la reconstitution historique ?
Ils évitent la platitude décorative en faisant confiance à la force du cinéma, en mettant sous nos yeux et dans nos oreilles des présences d’une brûlante actualité.

Le cinéma comme actualité des corps

• L’acteur/l’actrice et pas le costume : malgré leurs costumes d’époque, les acteurs filmés sont là, au présent et au travail. Rivette, Breillat, fabriquent des espaces sonores qui matérialisent leurs déplacements : les bruits de pas sur les parquets dans Ne touchez pas la hache nous sont contemporains. La claudication traînante de Guillaume Depardieu mêle inextricablement le personnage, l’acteur, l’être humain…
• Le mouvement, pas le tableau : les références à la peinture, l’effet « tableau vivant », les poses des figures isolées (Jeanne Balibar, Asia Argento) ou des groupes (les danseurs, les joueurs de cartes) qui pourraient figer les choses nous font au contraire voir « le mouvement en train de naître » que seul le cinéma peut enregistrer directement.
• Le sentiment et non l’imagerie : l’intensité des situations, commune aux trois films, éloigne le spectateur du passé reconstruit pour lui faire éprouver, là, maintenant, des émotions.
• La nudité des corps (Breillat, Ferran) et les gros plans (Breillat), renforcent et actualisent ces effets de réel.
La nudité, dans Une vieille maîtresse et dans Lady Chatterley, fait presque basculer hors du temps la représentation artistique des corps, elle nous les rend proches, immédiats.
Catherine Breillat renouvelle l’art du gros plan… et le gros plan, c’est le visage, le visage mis à nu, le visage comme paysage sexuel androgyne : les deux globes oculaires, l’éminence du nez, la fente ourlée de la bouche humide (ah ! la bouche d’Asia Argento ! ah ! la bouche de Fu’ad Aït Aattou !).

Une utopie sexuelle ?

Les corps nus, les visages nus, s’ils trouent la reconstitution historique, mettent aussi en place une utopie sexuelle. Dans l’amour, dit Catherine Breillat, le corps social se perd… et c’est cette perte qu’elle met en scène : « […] il y a ce qu’on appelle un “corps social”, qui est notre monde ordinaire, et dès que l’on entre effectivement dans l’organique, dans le sexuel, on n’est plus dans ce corps ordinaire : on est dans le langage amoureux, qui est une projection vers quelque chose où le corps est assez immatériel. » Filmer devient un « acte intime » qui privilégie les « icônes » sur lesquelles « on projette nos transgressions et nos rêves, non pas ce que l’on est mais ce que l’on est en puissance », au détriment du visage social.
Pourquoi parler d’utopie ? Parce que ces images, ces moments où la matérialité des corps et des visages arrive directement jusqu’à nous dépendent malgré tout d’une histoire générale (de la sexualité, de la mode…), d’une histoire du cinéma (ce qu’il est permis de montrer et la façon de le faire) et d’une continuité romanesque qui est aussi une fable politique, qui remodèlent leur signification.

Moments de cinéma et fables politiques

L’histoire d’amour impossible entre la duchesse de Langeais et le général d’Empire (Balzac/Rivette) symbolise les relations politiques décalées entre l’aristocratie d’Ancien Régime et la martiale noblesse napoléonienne, sous la Restauration.
Celle des amants terribles mais finalement inoffensifs d’Une vieille maîtresse (Barbey/Breillat) résume les changements de mœurs entre le xviiie siècle (Laclos) et le xixe siècle (Barbey) : les libertins de la monarchie absolue décadente et les dandys de la monarchie restaurée sous domination bourgeoise…
La lutte des classes, directe ou détournée, est partout présente dans Lady Chatterley : l’aristocrate anglais impotent, patron de mines et le vigoureux garde-chasse qui lui donnera un fils… Les risques, dans le rapport sexuel, d’abaissement (pour l’aristocrate), de perte d’indépendance (pour le subordonné)… Le long face-à-face entre Lady Chatterley et un mineur au visage noirci… Images du possible et de l’impossible.
« L’abîme sans fond des caresses », selon les mots de Barbey, se joue-t-il vraiment des frontières de classes ou de castes ? Tant mieux si le cinéma, momentanément, nous le fait croire et tant mieux s’il nous fait espérer qu’un jour la transgression n’aura plus d’importance et que le plaisir, enfin, se suffira à lui-même… Encore un effort… et un peu de patience !

Bernard Chamayou

« Camino 999 »

Catherine Fradier, éditions Après la Lune, 13 €

Carla Montalban (clin d’œil de l’auteur au romancier catalan Vázquez Montalbán ?), issue d’une riche famille, a choisi la police pour changer de milieu et vivre de manière totalement indépendante. Passionnée par son travail aux multiples investigations, cette commandante de police de la brigade criminelle de Lyon se retrouve à enquêter sur une suite de meurtres et sur une affaire politico-financière espagnole, l’affaire Matesa, où sa famille serait très impliquée.

Cette affaire Matesa éclaboussa les Giscard d’Estaing dans les années 70, au temps des Républicains indépendants et de l’assassinat du député De Broglie.

Dans son septième roman, Catherine Fradier nous plonge dans les relations plus que troubles entre le pouvoir et l’argent au sein de la Santa Mafia, bras armé du Vatican.

Et si les personnages de cette histoire sont imaginaires, certaines caractérisations font penser à des personnes bien réelles : « Gabriel était un psychopathe, trempant dans un bénitier de dogmes où la compassion et la culpabilité étaient exclues. »

Cette œuvre de fiction a déplu à l’Opus Dei qui a assigné en justice, le 31 mai, l’auteur et l’éditeur de ce roman à qui il a reproché de faire référence dans le titre Camino 999, à l’œuvre de José Maria Escriva, El Camino, composée de 999 maximes spirituelles. Cette dangereuse secte catholique accuse également Catherine Fradier et Jean-Jacques Reboux, l’éditeur, de mêler étroitement la fiction et la réalité sans en avertir le lecteur sur la distance qu’il devrait prendre avec les faits énoncés.

Dans ce procès que mène une organisation puissante et argentée à une petite maison d’édition, c’est aussi la liberté d’expression et de création littéraire qui est en danger.

Il faut donc acheter et lire ce roman passionnant, le faire connaître autour de soi… en signe de soutien à l’auteur et son éditeur.

Leur combat est aussi le nôtre !

Jean-Claude Fages

« La Salamandre de Vizzavona », « Sole di Corsica » et…

Jean-Louis Andreani, éditions de l’Aube, 8 €, 9 € et … €


Ces deux polars de Jean-Louis Andreani, journaliste au Monde, ne sont pas très récents car ils sont parus en 2005 puis 2006, mais les aventures de Delphine Mailly, d’abord inspectrice des impôts à la DNEF (La Salamandre de Vizzavone) puis avocate spécialisée (Sole di Corsica) se passent en Corse, une région que l’auteur connaît bien puisqu’il y a situé l’intrigue d’autres livres. Ici, il nous amène en balade dans les recoins sauvages et au gré des relations politiques entre les insulaires et certains ministres.
Deux histoires croustillantes… À savourer pendant l’été !

Dernière minute… le troisième tome vient de sortir, son titre : Plongeon à Bonifacio.

Jean-Claude Fages

POSSIBLE: La nouvelle donne

La direction nationale (DN) de la LCR qui vient de se réunir à Paris a examiné les coordonnées de la nouvelle situation politique, ouvrant les débats du prochain congrès national de la LCR. L’enjeu principal est de discuter l’espace politique et les bases de la fondation d’un nouveau parti anticapitaliste. Ce débat est public, pas simplement par souci de transparence, mais tout simplement parce qu’il concerne de près toutes celles et tous ceux qui veulent vraiment changer le monde. Pour l’ouvrir en Midi-Pyrénées, Le Piment Rouge publie à la fois la motion adoptée par plus des trois quarts des membres de la DN ainsi qu’un article de notre camarade Frédéric Borras, membre de cette instance.

Sarkozy entend véritablement remodeler la société française, prétendument en retard sur les autres fleurons de l’économie capitaliste mondialisée. Si l’on regarde les mesures qui se profilent (voir encadré), l’homme et son entourage roulent pour le Medef et ne s’en tiendront pas à des rodomontades. À l’image de Thatcher en Angleterre ou de Reagan aux États-Unis, dans les années 80, Sarkozy et Fillon cherchent à transcrire leur victoire électorale en victoire sociale.

Contre la libéralisation du marché de l'énergie

Le 1er juillet 2007, les marchés du gaz naturel et de l'électricité seront totalement libéralisés. A compter de cette date, tous les consommateurs pourront, s’ils le souhaitent, choisir librement leur fournisseur de gaz naturel ou d'électricité et résilier leurs contrats existants. Cependant, il faut savoir que cette déréglementation totale des marchés du gaz naturel et de l'électricité recèle de véritables pièges pour le consommateur s’il est mal informé.

Aujourd’hui, un consommateur client d’EDF pour sa fourniture d’électricité bénéficie du tarif réglementé par l’état. Si ce même consommateur est client de Gaz de France pour sa fourniture de gaz naturel, il bénéficie également du tarif réglementé. Si l’usager choisit de sortir du tarif réglementé, cela sera définitif ! N’écoutez pas le chant des sirènes qui vous proposent dans l’immédiat une baisse des tarifs. Comme l’a montré la déréglementation pour les usagers professionnels cela s’est traduit par une véritable explosion des prix ! Pour l’électricité, conservez EDF comme fournisseur.

Pour le gaz naturel , conservez Gaz de France comme fournisseur. Car la non ouverture du marché reste le meilleur moyen d’assurer le maintien des tarifs réglementés par l’état mais surtout la garantie pour les consommateurs de bénéficier du juste prix du gaz naturel et de l’électricité.

ARIEGE: LA PAPETERIE DE LEDAR MENACEE

Par Denis Seel

En 2005, le fonds d'investissement étas-unien Mattlin-Paterson, implanté dans un paradis fiscal aux îles Caïmans, dans les Antilles, après avoir dépecé le groupe Matussière et Forest, s'est approprié la papeterie de Lédar pour une bouchée de pain.

Ce fonds est spécialisé dans la reprise d'entités en difficultés ( " Distressed private equity " dans le texte ! ) .

En fait, pour ce fonds d'investissement, les actions doivent rapporter un gain de l'ordre de 15%-16%, et si l'usine de Saint-Girons dégage du bénéfice, ce n'est pas à ce niveau.

Alors Mattlin-Paterson veut imposer un soi-disant " plan de redressement " entraînant la suppression de 28 emplois et mettre en vente les centrales hydro-électriques de Lédar et Castillon qui elles rapportent beaucoup . C'est la mort annoncée de la papeterie : une fois la séparation faite, le fonds constatera que l'usine n'est plus rentable et la liquidera ! Et la papeterie de Lédar c'est 117 emplois, pour chacun d'eux découlent cinq emplois induits . C'est aussi 40% de la taxe professionnelle de la ville de Saint-Girons . Ces prédateurs financiers s'octroient donc le pouvoir exorbitant de ruiner une région entière pour augmenter leurs profits !

Face à cette menace une première manifestation a mobilisé 800 personnes le 19 Mai à Saint-Girons.

Le 21 Juin, les salariés, pour connaître la vérité sur leur cession et débusquer l'éventuel nouveau bénéficiaire, ont décidé d'arrêter les deux centrales .

Les parlementaires ariégeois et le président du Conseil Général, socialistes, ont eux écrit à François Fillon pour lui demander" de veiller à ce que soient respectés les accords légaux sur l'utilisation des centrales hydroélectriques par l'usine " . Soit . Mais on est bien loin de l'exigence qui s'impose : l'interdiction des licenciements, à commencer pour les entreprises qui font des bénéfices !

Souscription 2007 / 150000 €
récoltés 94000 €/ manquent 56000 €

Non, la LCR ne sort pas ruinée de l’élection présidentielle : nous avons construit notre budget de campagne de manière à ce qu’il soit couvert, pour l’essentiel, par le forfait de 800000euros accordé par l’État à chaque candidat. D’autres partis ont été moins prudents… Renforcée, non seulement par le nombre de voix qui se sont portées sur Olivier Besancenot, mais aussi par l’écho de la campagne, pour la première fois, la LCR a présenté ou soutenu plus de 500 candidatures aux élections législatives, beaucoup plus que ce que nous avions prévu et budgétisé. Et là, pas de remboursement de l’État.

Mais les activités de la LCR ne s’arrêtent pas à cela :
– Nous voulons que de nombreux jeunes, chômeurs, salarié-e-s précaires puissent participer à notre Université d’été, au-delà des contraintes financières.

– Nous voulons pouvoir être présents, dès maintenant, avec des affiches, des tracts contre la politique de Sarkozy et sa bande de tueurs des droits sociaux et démocratiques.

– Nous voulons que notre hebdomadaire, Rouge, puisse vivre.
Nous savons que vous comptez sur la LCR pour les luttes futures. La LCR compte sur vous pour l’aider à les mener. En 2006, comme en 2005, nous avons réussi la souscription et dépassé les 150000 euros. En 2007,nous ne doutons pas que nous ferons aussi bien.

D’avance, merci à toutes et tous

Participez à la souscription en envoyant vos chèques pour "lcr souscription" à lcr31 9, rue corneille 31300 Toulouse